Le calvaire des bancaires se poursuit en raison des politiques monétaires de la BCE (notamment les taux négatifs), des crédits non performants et du manque de confiance compréhensible des investisseurs. Le dernier rapport de la Cour des comptes européenne n’arrange rien : il évoque une litanie de problèmes, ainsi que les nombreux manquements des derniers stress tests de l’Autorité bancaire.

Facteurs les plus susceptibles de provoquer une faillite bancaire ignorés, exclusion des banques européennes parmi les plus fragiles et simulations avec des conditions plus favorables que celles en vigueur durant la dernière crise financière sont les grands reproches qui leur sont faits.

Les stress tests sont censés mesurer la résilience du système bancaire en lui en imposant un choc hypothétique. En Europe, le problème est que les stress tests de l’Autorité bancaire ont tendance à ignorer les maillons les plus faibles du système plutôt que de les identifier. Cela explique probablement pourquoi certaines des faillites les plus notables du Vieux continent, notamment de Bankia BFA, Dexia et Banco Popular, aient eu lieu juste après le passage d’un stress test.

Contrairement à ses collègues de Grande-Bretagne, des États-Unis ou du Japon, l’Autorité bancaire européenne ne calcule pas elle-même les résultats, ce sont les banques qui le font elles-mêmes. Elle ne prend même pas le soin de vérifier les informations fournies, de faire des visites sur place. Ce n’est que l’un des nombreux problèmes identifiés par la Cour des comptes européenne. Voici les autres soucis principaux :

  • Certaines des banques les plus fragiles ont été exclues des tests : le nombre de banques participantes ne cesse de baisser depuis leur mise en place. En 2011, 90 banques de 21 pays furent impliquées. En 2018, ce nombre a fondu jusqu’à 48 (en provenance de 15 pays). Parmi les banques exclues, il y a des institutions qui viennent d’être restructurées, des banques qui sont surexposées aux obligations locales (par exemple en Italie) ;
  • Les scénarios ne prennent pas en compte les menaces systémiques les plus sérieuses : un stress test n’est valable que si le scénario l’est. Le dernier qui a été pondu non seulement ne reflète pas les risques que nous sommes susceptibles de rencontrer à l’avenir, mais même ceux du présent. Les derniers tests prennent en compte le scénario d’une récession plutôt que d’un choc découlant de faillites dans le système financier, même si c’est cela qui a provoqué la dernière crise financière. Aucun risque endogène (bancaire ou européen) n’a d’ailleurs été considéré, malgré les nombreux risques systémiques qui existent au sein du système financier européen (Deutsche Bank, les banques italiennes, les crédits non performants, etc.) ;
  • Le scénario pris en compte fut bien plus bénin que celui que nous avons connu en 2008 ;
  • Les calculs des banques sont opaques : en limitant son rôle à la supervision des tests, l’Autorité bancaire « ne fait aucun effort sincère afin de s’assurer de la fiabilité et de la comparabilité des chiffres« . Certaines banques sont tellement grandes et opaques qu’il est pratiquement impossible de se faire une représentation fidèle de l’état de leur bilan.

Les menaces ignorées par les stress tests européens

Voici quelques-unes des menaces qui sont totalement ignorées des stress tests européens :

  • Crédits non performants : malgré qu’ils aient provoqué la plupart des renflouements bancaires après la crise financière et restent une menace sérieuse pour la stabilité financière, comme la BCE l’a signalé la semaine dernière ;
  • Risques de liquidités : les tests se sont uniquement focalisés sur la solvabilité des banques tout en ignorant les problèmes de liquidités, même si ce risque augmente rapidement sur différents marchés, comme l’a averti récemment la Bank of England ;
  • Taux négatifs : bien qu’ils sont considérés comme l’obstacle majeur à la rentabilité des banques, et que l’on s’attend à ce qu’ils continuent de baisser à l’avenir.