Le marché de l’or a un double visage et l’offre et la demande pour l’or-papier et l’or physique ne sont pas de même nature. Le premier est en réalité un marché dérivé du second et sert pour l’instant d’amortisseur.

Les investisseurs partent du principe que les cours de l’or sont motivés par la loi de l’offre et de la demande. Lorsque l’on observe le marché de l’or physique d’un point de vue mondial, il semblerait qu’il y ait une augmentation massive de la demande, et aucune augmentation spécifique de l’offre. Alors pourquoi le cours de l’or ne réagit-il pas à cet écart ?

Les investisseurs doivent comprendre qu’il existe un marché de l’or physique et un marché de l’or-papier. Le marché de l’or-papier se compose d’une quantité de différents contrats : les contrats futures du Comex, les ETF, les swaps sur l’or, le leasing, les contrats forwards, et tout l’or non-alloué émis par les banques adhérant à la London Bullion Market Association (LBMA). Ces dérivés (les contrats futures et forwards, les ETF, les swaps, le leasing et l’or non alloué) constituent le marché de l’or-papier.

Le marché de l’or-papier peut peser aisément 100 fois le marché de l’or physique. Cela signifie que pour 100 personnes qui pensent détenir de l’or, 99 se trompent. Seule l’une d’entre elle récupérera de l’or physique lorsque la crise débutera.

Ce type d’effet de levier ne pose pas de problème tant que le marché fonctionne dans les deux sens. Ce système à effet de levier fonctionne assez bien tant que les mouvements des cours ne sont pas désordonnés, que les gens continuent de faire “rouler” leurs contrats, et qu’ils n’exigent pas une livraison d’or physique. Le problème, c’est que toutes ces conditions peuvent disparaître du jour au lendemain. Les investisseurs peuvent décider d’exiger une livraison de leur or, les banques centrales du monde entier peuvent exiger également qu’on leur livre l’or qu’elles ont confié à la
Banque d’Angleterre ou à la Réserve fédérale de New York.

Nous avons constaté que le Venezuela avait rapatrié son or à Caracas, que l’Allemagne rapatriait le sien à Francfort, et qu’un acteur plus modeste, tel que l’Azerbaïdjan, avait rapatrié le sien à Bakou.

Si vous prenez de l’or physique et que vous le déplacez à Francfort, cela réduit la réserve flottante disponible pour les opérations de leasing effectuées à New York. Le marché du leasing de l’or n’est pas du tout développé à Francfort. Ce mouvement d’or de New York vers Francfort provoque une diminution de l’or disponible permettant de couvrir les positions vendeuses à New York. Soit cela augmente l’effet de levier systémique, soit cela exige que les vendeurs à terme se couvrent ailleurs sur le marché de l’or physique.

En ce qui concerne le marché purement physique, il s’y déroule actuellement un certain nombre de transactions révélatrices. Si vous achetez de l’or physique, vous découvrez que vous devez vous le procurer directement auprès des raffineries, ce qui signifie qu’il n’existe aucun vendeur sur le marché secondaire.

Dans le contexte d’un marché sain et normal, si je suis acheteur et que quelqu’un d’autre est vendeur, un courtier nous identifie tous les deux, achète à l’un, livre l’or à l’autre, et prend une commission.

A présent, la situation est la suivante : il y a des acheteurs sur le marché mais peu de vendeurs, alors le courtier obtient de l’or directement auprès des raffineries. Dans les raffineries, les délais de livraison actuels sont de l’ordre de cinq à six semaines. Cela vous donne une idée des tensions régnant sur l’approvisionnement d’or physique.

La Chine, la Russie, l’Iran ainsi que d’autres banques centrales, amassent de l’or physique aussi vite que possible. La Chine ne procède pas de façon transparente. (…) La Russie fait preuve de plus de transparence. La banque centrale russe réactualise ses réserves d’or tous les mois.

La Russie peut acheter de l’or provenant des mines de son territoire national. Elle n’est donc pas obligée de se tourner vers le marché. La Chine a tellement besoin d’or, et si rapidement, que même si le pays est le premier producteur d’or du monde, cela ne suffit pas. Alors elle achète de l’or
supplémentaire sur le marché. Elle procède de façon furtive, en recourant à des opérations occultes et à des moyens militaires, afin d’éviter de peser sur les cours – ce qui se passerait si elle opérait de manière transparente.

Les achats d’or effectués à l’international par des pays tels que la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie et la Jordanie (entre autres) s’accélèrent. Cela prépare le terrain à un colossal short squeeze sur l’or.

Cependant, cela ne va peut-être pas se produire demain : on ne doit pas sous-estimer la capacité des banques centrales et des principales banques internationales à prolonger la partie plus longtemps que prévu.

Si la demande en faveur de l’or physique persiste (ce que je pense), les détenteurs de positions courtes sur l’or-papier seront acculés, et la pyramide inversée que représentent tous ces contrats s’écroulera.

En attendant, nous assistons sans aucun doute à une répression des cours via le marché de l’or-papier.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Article des Publications Agora, reproduit avec leur aimable autorisation.

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