Le World Gold Council a publié sur son blog une analyse de fin d’année pour l’or. Voici les points sur lesquels il faut se focaliser, selon lui :

  • Les incertitudes financières et géopolitiques, en combinaison avec les taux bas, vont probablement continuer de soutenir la demande pour l’or ;
  • Les achats nets d’or des banques centrales devraient rester solides, même si on assiste à une baisse par rapport aux niveaux records des trimestres précédents ;
  • Les positionnements spéculatifs influencés par les tendances pourraient maintenir une volatilité élevée sur le marché de l’or ;
  • Les réformes économiques structurelles en Chine et en Inde devraient soutenir la demande de métal à long terme.

Les actions ont surperformé en 2019, mais les investisseurs restent prudents

L’année 2019 fut riche en événements pour les investisseurs. Les actions, surtout américaines, ont continué de battre record sur record. Mais non sans connaître des corrections significatives durant plusieurs périodes de l’année alors que les risques économiques et géopolitiques s’accumulaient. Simultanément, plusieurs banques centrales ont commencé à baisser leur taux, à développer ou à redémarrer un programme d’assouplissement quantitatif, parfois en faisant les 2. Des politiques monétaires d’une telle ampleur n’avaient plus été vues depuis la crise financière de 2008. Après avoir dépassé largement les 1500 $ l’once durant le 3e trimestre, le cours de l’or était en hausse de presque 15 % à la fin du mois de novembre alors que les investisseurs se positionnaient pour un contexte fait d’actions chères et d’incertitudes grandissantes.

Les investisseurs ajoutent de l’or à leur portefeuille

Les banques centrales ont acheté des quantités records d’or en 2018. Ces acquisitions significatives se sont poursuivies en 2019. Les stocks d’or des ETF or ont également atteint des niveaux records en octobre alors que les investisseurs s’adaptaient à cet environnement de taux bas à risques élevés.

Un futur fait de taux bas et de risques élevés

Alors que nous nous rapprochons de 2020, nous pensons que les investisseurs vont devoir faire face à des soucis géopolitiques grandissants. Au lieu d’être résolus, certains devraient être repoussés. De plus, les niveaux très bas des taux d’intérêt à travers le monde devraient maintenir les valorisations à des niveaux très élevés. Dans ce contexte, nous pensons qu’il y a des justifications claires pour une hausse des valeurs refuges telles que l’or.

Le coût d’opportunité de posséder de l’or par rapport à d’autres actifs, comme les obligations à courte échéance, est l’un des éléments déterminants du prix de l’or, surtout à court et à moyen terme. Contrairement aux obligations, l’or ne paie pas d’intérêts ou de dividendes vu qu’il n’est pas lié au crédit (et à son risque). Cette absence de rendement perçue peut dissuader certains investisseurs. Mais alors qu’aujourd’hui 1/4 des émissions obligataires des pays développés affichent des taux d’intérêt nominaux négatifs, et que l’on atteint même 70 % des obligations lorsqu’on prend en compte les taux réels, l’or n’est quasiment plus sujet au coût d’opportunité. Au contraire, il permet de ne plus perdre d’argent comparé aux obligations souveraines.

Les politiques monétaires mondiales ont effectué un virage à 180°. Il y a moins d’un an, les membres du comité de la FED et les investisseurs américains pensaient que les taux allaient continuer à grimper, au moins jusqu’à la fin de l’année 2019. Après une brève pause, la FED a au contraire baissé à 3 reprises son taux directeur. En 2020, au moins une nouvelle baisse est au programme.

Historiquement, la performance de l’or fut bonne durant les années de changement de cap monétaire, soit un environnement dans lequel nous nous trouvons actuellement. De plus, l’or affiche historiquement une performance 2 fois meilleure (de 15,3 %) par rapport à la moyenne historique lorsque les taux réels sont négatifs. Même lorsque les taux réels sont légèrement positifs, l’or en profite. En effet, ce n’est que durant les périodes de taux réels élevés que l’or affiche un rendement négatif. Soit un scénario très peu probable aujourd’hui en vertu de la situation actuelle.

Cette anticipation est confirmée par l’augmentation de la dette à taux réels négatifs. Sur le graphique ci-dessous, on peut voir la corrélation positive forte entre cette dette et le cours de l’or durant les 4 dernières années. D’une certaine façon, elle met en exergue l’érosion de la confiance dans les devises papier en raison de ces interventions monétaires.

Cet environnement de taux bas a également poussé les investisseurs à augmenter leur prise de risque. Par exemple, en achetant des obligations à longue échéance, des titres de qualité inférieure ou encore en se positionnant sur des actifs plus risqués tels que les actions ou d’autres investissements alternatifs. Dans cet environnement, l’or pourrait être un meilleur actif de diversification.

Une demande molle des consommateurs

Les incertitudes géopolitiques, macro-économiques et monétaires devraient déboucher sur une volatilité en hausse sur le marché de l’or, similaire à ce que nous avons connu durant la seconde moitié de 2018 alors que les investisseurs revoyaient leurs attentes et modifiaient leur positionnement sur base de la nouvelle donne.

Cette augmentation de la volatilité de l’or, en combinaison avec l’anticipation d’une croissance économique plus faible, devrait déboucher sur une demande molle des consommateurs à court terme. Mais les réformes économiques structurelles en Chine et en Inde devraient soutenir la demande à long terme.

Tout est lié

La demande d’or, l’offre et l’évolution du cours dépendent de 4 facteurs principaux :

  • Croissance économique : les périodes de croissance sont très favorables au secteur de la joaillerie, de la technologie et à l’épargne à long terme ;
  • Risques et incertitudes : les revirements du marché dopent habituellement la demande d’or à des fins d’investissement ;
  • Coût d’opportunité : le prix des actifs en concurrence avec le métal, comme les obligations, les devises et d’autres actifs influencent l’attitude des investisseurs envers l’or ;
  • Tendance (momentum) : les investisseurs qui suivent les tendances peuvent amplifier la baisse ou la hausse du métal jaune.

Dans un tel contexte, nous estimons que malgré la possible demande faiblarde des consommateurs et les spéculateurs qui pourraient amplifier les variations de prix, au final la demande d’investissement devrait rester robuste tandis que les banques centrales poursuivront leurs achats de lingots.