Article de Russ Koesterich, CFA et responsable de l’allocation des actifs du BlackRock’s Global Allocation Fund, publié sur BlackRockBlog.com le 17 mai 2016, qui explique pourquoi, au vu de notre environnement de rendements faibles, voire même négatifs, d’une croissance anémique et de signes annonçant le retour potentiel de l’inflation, l’or pourrait continuer de briller :

« Comme mon collègue Jean Boivin l’a récemment écrit, les banques centrales repoussent les limites des politiques monétaires. Les effets secondaires de ces mesures sont aussi nombreux que curieux. Par exemple, une grande partie de la dette souveraine d’aujourd’hui offre un rendement négatif. Si vous achetez des obligations japonaises aujourd’hui, c’est vous qui devez payer des intérêts. Bienvenue dans un monde dans lequel les investisseurs doivent payer pour avoir le privilège de prêter de l’argent.

Si les banques centrales ont été l’architecte principal de cette situation surréaliste, même si elles devaient décider de faire marche arrière il y a de grandes chances pour que les coûts réels du crédit restent très bas par rapport aux normes historiques. Des facteurs tels que la démographie et la croissance économique faiblarde contribuent à ces taux réels actuellement bas (donc après soustraction de l’inflation).

En bref, il s’agit d’un problème sérieux pour des investisseurs désespérément en quête de rendement. Ironiquement, l’un des remèdes potentiels consiste à reconsidérer une classe d’actifs qui n’offrent pas de rendement : l’or.

Bien plus que toute autre classe d’actifs, se lancer dans des prévisions pour l’or est un exercice incertain. Tout d’abord, les investisseurs sont incapables de se mettre d’accord sur la nature de l’or : est-ce une matière première, une devise, voire même une « relique barbare » ? Même un investisseur comme moi, qui reconnaît le rôle légitime que l’or peut remplir dans un portefeuille, doit bien admettre que le métal jaune est très difficile à évaluer. Il n’y a pas d’actualisation des flux financiers à prendre en compte, et contrairement au pétrole ou à d’autres métaux précieux comme l’argent et le platine, l’utilisation industrielle de l’or est marginale.

Le moment parfait pour l’or est-il venu ?

Cela dit, certains environnements sont plus favorables que d’autres à l’or. Vu que l’or ne rapporte aucun intérêt ou dividende, le coût de l’opportunité de détenir le métal précieux est un facteur critique de son retour sur investissement. Durant les périodes de taux peu élevés, ou négatifs, lorsque le coût de l’opportunité est bas, l’or s’est historiquement mieux comporté que durant les périodes de taux élevés. Ma collègue Heidi Richardson en a parlé dans un billet précédent. D’après Bloomberg, depuis 1971, le rendement réel des obligations américaines sur 10 ans a pesé pour environ 35 % des changements annuels du cours de l’or. Lorsque les taux réels étaient au-dessus de la moyenne, environ 2,5 %, l’or a grimpé en moyenne de 0,5 %. Cependant, lorsque les taux étaient en dessous de la moyenne historique, l’or a grimpé de 21 % en moyenne.

Si les taux réels ont historiquement le plus gros impact sur la performance de l’or, l’inflation joue également un rôle important. L’or a connu ses meilleures années lorsque les taux réels étaient bas et que l’inflation était en hausse. Depuis 1971, 12 années correspondent à cette description, d’après les statistiques de Bloomberg. Durant ces années, l’or a grimpé annuellement à 11 reprises, enregistrant une hausse moyenne de 35 %.

Vu la faiblesse de la croissance, une Fed prudente et la prolifération des taux négatifs parmi les obligations européennes et du Japon, les taux réels américains resteront plus que probablement bas dans un futur proche. Simultanément, l’inflation de base ainsi que les salaires se raffermissent tandis que les poids qui entravaient l’inflation l’année dernière, à savoir le dollar fort et l’effondrement des cours du brut, commencent à se dissiper. Soit exactement le type d’environnement historiquement le plus favorable à l’or. »

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