Nous y sommes enfin ! Après avoir été élu par surprise et secoué le cocotier de la politique traditionnelle, Donald Trump va enfin prendre ses quartiers à la Maison Blanche dans un climat sous haute tension alors que 250 000 manifestants ont débarqué à Washington D.C. pour protester contre l’investiture du magnat de l’immobilier.

Nous ne l’avons pas caché, nous sommes très circonspects quant aux chances de voir Donald Trump être un « bon président », aussi bien pour les États-Unis que pour le reste de la planète. Malheureusement, être critique envers Donald Trump équivaut souvent à se faire qualifier de mondialiste, de gauchiste par ceux qui le soutiennent. Et ce faisant, ces gens tombent dans le même piège que les Démocrates qui qualifient de racistes ceux qui soutiennent Trump. Comme si la critique objective et non-partisane n’était pas possible…

Les raisons de douter de Trump

Il y a pourtant de bonnes raisons de douter des intentions ainsi que des capacités de Trump à réussir en tant que président. Commençons par une objection légère, mais bien réelle : le caractère un peu mégalo du Donald. Toujours désireux de se mettre sur le devant de la scène, il est devenu présentateur de télé-réalité, un job pas vraiment prestigieux, ni susceptible de « restaurer la grandeur de l’Amérique ». Vous voyez Soros présenter Popstars, ou chanter sur tous les toits à quel point il est riche ? La critique des médias de Trump est absolument justifiée, en revanche on est en droit d’attendre d’un président un peu plus de profondeur que des tweets en guise de communication.

Par rapport à la problématique de la réindustrialisation, qui séduit particulièrement les souverainistes, ses intentions sont louables, mais sont-elles réalisables ? Depuis les années 70, les États-Unis ont changé de modèle économique, passés d’exportateur de produits à exportateur de dollars grâce au dispositif du pétrodollar. C’est ce système qui a permis aux USA de financer ses déficits en achetant les produits chinois et d’ailleurs en dollars. Si les velléités protectionnistes de Donald Trump devaient se matérialiser, pourquoi diable continuer sous le régime du pétrodollar (qui se fissure déjà, il est vrai), ou d’acheter des Treasuries ? Pourquoi ne pas s’en débarrasser, et faire grimper les taux, quitte à mettre les États-Unis à genoux ? Effacer presque 50 années de mondialisation créera des problèmes tels qu’une guerre sera presque inéluctable. Inflation aux États-Unis en raison de la hausse des coûts de production USA/émergents, guerres commerciales qui ne sont bonnes pour personne, troubles politiques en Chine si le débouché du marché américain devait subitement se réduire qui pourraient pousser le parti communiste à toutes les folies, risque réel de défaut américain, qui ne ferait pas rire la Chine, le Japon… On voit mal comment les conséquences nombreuses d’un tel revirement ne mèneraient pas à une catastrophe.

Outre ce risque géopolitique découlant de l’implémentation de son programme économique, Trump a déjà réussi à se faire beaucoup d’ennemis bien avant ce 20 janvier. Déménagement de l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, remise en cause du principe de la Chine unique sont ses deux postures les plus dangereuses. Après avoir adopté une posture isolationniste durant la campagne, une fois l’élection terminée il a fait transparaître d’autres intentions, comme l’augmentation du budget de la Défense ou encore le développement de l’arsenal nucléaire américain.

Les Démocrates, qui ont été fustigés à raison pour leur propension à creuser les déficits et la dette, risquent de passer pour des enfants de chœur si Trump, qui s’est lui-même qualifié de « roi de la dette », parvient à faire passer ses investissements dans l’infrastructure et ses autres projets de dépenses.

Bien entendu, entre les déclarations des politiques et leurs actes, il y a un monde. Il faudra donc juger sur pièces, sans perdre de vue que même si les Républicains ont la majorité au Congrès et au Sénat, tous les élus du GOP sont loin d’être des partisans de Trump. Il pourrait donc être bloqué sur de nombreuses initiatives. Sans parler de l’influence de l’État profond (n’est-ce pas, feu JFK?).

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