La république de Weimar qualifie la période de l’histoire allemande qui marqua l’un des épisodes d’hyperinflation les plus aigus de l’Histoire. Selon un ancien économiste de la JP Morgan, nous nous dirigeons vers un environnement similaire. Dans cet article, il a expliqué les différentes étapes qui pourraient nous y conduire (source) :

Nous nous dirigeons vers une configuration de type république de Weimar

Vous aviez probablement anticipé, en tant que lecteur de Zero Hedge, l’éclatement de la bulle qui a été regonflée constamment depuis 2009. Des politiques monétaires ultra accommodantes, couplées à des pressions déflationnistes engendrées par une offre globale qui augmente et des investisseurs qui prennent toujours plus de risques pour empocher du rendement, signifient que presque toutes les classes d’actifs avaient atteint des valorisations records avant le début de ce marché baissier.

L’existence de cette bulle, absolument énorme, ne peut pas être remise en question. Vous savez probablement déjà qu’une pandémie mondiale n’était pas nécessaire pour provoquer son explosion. Cette bulle avait besoin d’une simple aiguille, n’importe laquelle, pour éclater. Que ce soit un événement de crédit, des soucis de liquidités engendrant des faillites, une attaque terroriste, une catastrophe naturelle ou une chauve-souris : le niveau de fragilité des marchés était tel qu’ils étaient dans l’incapacité de résister à un événement adverse de taille.

Trop de paramètres ont engendré cette fragilité : des notes de crédit fantaisistes, des bilans leveragés, des rachats d’actions et des politiques monétaires expansionnistes ont mené à du crédit et de la dette débridés.

Ce qu’il va se passer

Tout d’abord, on doit anticiper des faillites dans le secteur énergétique. Ce sera ensuite au tour des entreprises des secteurs de la vente de détail et de l’Horeca. Tôt ou tard, ces faillites mettront en difficulté les créditeurs de ces sociétés. Ces prêteurs devront donc être renfloués, sans quoi ils tomberont comme des mouches à la Lehman. Les banques ont déjà resserré les conditions d’accès des entreprises à leurs lignes de crédit, comme en 2008/2009. Ils anticipent déjà des défauts de remboursement.

Bien sûr, avec davantage de QE qui inondent les marchés de liquidités, on peut éviter un désastre total. Il n’y a évidemment pas d’appétit politique pour des faillites de masse (surtout durant une année électorale).

Cette bulle a atteint un niveau tel que toute banque digne de ce nom se retrouvera dans la peau de Lehman tôt ou tard. Les politiques ne laisseront pas des prêteurs d’importance systémique mordre la poussière. En effet, un tel scénario pourrait provoquer l’annihilation totale de l’économie. La seule question est donc de savoir combien tout cela coûtera.

  • Quel sera le prix à payer pour éviter la faillite de Deutsche Bank ?
  • Quel sera le prix à payer pour maintenir le chômage à des niveaux respectables. Car sans travail, pas d’argent et pas de perspectives. Soit la recette idéale pour des troubles sociaux.
  • Quel sera le prix à payer pour permettre aux investisseurs institutionnels qui le souhaitent de sortir des marchés ?
  • Quel sera le prix des déficits records et de la dette record aux États-Unis ?
  • Quel sera le prix à payer pour gérer le désastre du coronavirus ?
  • Quel sera le coût d’un QE éternel ?
  • Etc.

Franchissement du Rubicon

Le 27 avril 2020, CNBC a évoqué le sujet suivant : « Pourquoi la crise du coronavirus pourrait pousser les banquiers centraux à éliminer leur objectif d’inflation ». Si les banques centrales devaient le faire, ou modifier leur objectif, cela s’apparentera à franchir le Rubicon. Et j’avoue qu’il est impossible de répondre aux questions listées dans la liste à puce ci-dessus.

Les décideurs ne cessent d’être en retard d’une guerre. Ils n’ont manifestement pas tiré les leçons de 2008/2009. Leur solution ultime est de créer de la monnaie et de la dette. Ainsi, si les banques centrales abandonnent leur objectif d’inflation, nous nous dirigeons vers un environnement qui prépare la république de Weimar.

Avec une production mondiale stable ou en baisse, une demande globale qui chute significativement, une quantité de monnaie multipliée (via la distribution d’argent, par exemple par l’intermédiaire du revenu universel), les prix des actifs qui sont dopés par les politiques des banques centrales, ce n’est qu’une question de temps pour que l’inflation passe de « pâle » à « incontrôlée ».

Allocation des actifs dans un tel environnement

Les banques centrales achètent des obligations d’entreprise ou les acceptent en tant que garantie. Leur mandat pourrait être bientôt changé afin qu’elles puissent aussi acheter des actions. Comme d’autres commentateurs l’ont déjà signalé, nous sommes peut-être en train de vivre la fin des marchés libres pour nous diriger vers un système de planification centralisée.

Le rebond récent depuis les plus bas du mois de mars pourrait être de courte durée. Fondamentalement, nous n’avons connu aucune amélioration, si ce n’est les mesures d’urgence prises par les banques centrales. Attendez-vous à une nouvelle baisse d’ici la fin de l’année, qui retestera les plus bas de mars. Car de façon insidieuse, la FED ne possède pas suffisamment de ces actifs pour contrôler leur prix.

Les banques centrales vont créer des quantités sans précédent de monnaie. Avec des taux potentiellement négatifs aux États-Unis, le ralentissement de l’économie mondiale et donc la baisse de l’offre, le risque d’une émergence surprise de l’inflation augmente considérablement. Si ce scénario devait se matérialiser, l’allocation des actifs sera cruciale. Il faudra se diriger vers les classes d’actifs non corrélées, ou résistantes à l’inflation. Il y a de bonnes chances pour que les banques centrales possèdent une part importante de la dette et des titres des entreprises lorsque le calme sera revenu. Soit lorsque l’inflation commencera à exploser.