Les marchés actions, qui rassemblent les optimistes, se portent bien en ce moment. Mais l’or, plutôt favorisé par les pessimistes, va encore mieux. Le 14 avril, le métal jaune a clôturé à des niveaux plus vus depuis 2012. Le record historique n’est plus bien loin. L’or a vu sa valeur augmenter de plus de 60 % depuis son plus bas de 2015 :

En mars dernier, l’or a baissé de façon importante, ce qui a poussé certains à dire qu’il avait perdu son statut de valeur refuge. Cette baisse était en grande partie due à sa corrélation inverse avec les taux réels obligataires. En tant qu’actif, l’absence de rendement de l’or est sa plus grande faiblesse. Donc, lorsque les taux réels sont négatifs, l’or devient plus attractif. Alors que le marché obligataire s’effondrait le mois dernier, les taux réels sur les obligations américaines sur 10 ans ont touché les -0,6 %, pour ensuite rebondir de plus de 1 %. Ils sont désormais à nouveau à environ -0,6 %, proches de leur plus bas historique. On peut constater que la baisse de l’or de mars a coïncidé exactement avec le rebond bref des rendements ajustés à l’inflation.

Ce mouvement obligataire a plus été dicté par une modification des attentes concernant l’inflation que par le taux réel de celle-ci. L’inflation reste très basse sur base de ces 15 dernières années. On ne peut pas considérer la hausse de l’or comme une conséquence de l’attente du retour de l’inflation.

Entre-temps, la baisse des taux réels est l’un des nombreux facteurs qui ont favorisé l’assouplissement des conditions financières. Cette baisse est fortement liée au redressement de la Bourse. Le mérite de tout ceci revient en grande partie aux actions historiques de la FED. Elles ont fait couler beaucoup d’encre. Mais il est indéniable que leurs effets furent puissants. (…)

Que nous dit l’or à propos de la Bourse

Cela dit, que nous dit l’or à propos de la Bourse ? Je ne suis pas un partisan du retour au standard or. Mais il est indubitable que la décision de Nixon de ne plus arrimer la valeur du dollar à l’or en 1971 a eu des effets profonds. Si on considère le métal jaune en tant que véritable étalon de la stabilité monétaire, on peut estimer que la hausse des actions des 50 années qui ont suivi fut presque à remettre sur le compte d’une illusion monétaire. Autrement dit, en raison de l’érosion du pouvoir d’achat du dollar. Le graphique suivant montre la valeur du S&P 500 en dollars (ligne rouge) et le ratio S&P 500/or (défini à 100 lorsque Bretton Woods fut abandonné) :

Sa valeur exprimée en or, la Bourse a augmenté à partir de 1971 jusqu’à la bulle Internet. Elle fut ensuite négative à l’exception de quelques mois, lorsque nous avons atteint le plus haut du dernier marché haussier. Aujourd’hui, la valeur des actions est inférieure de 30 % à leur valeur en or en 1971.

Pour être clair, les actions restaient un meilleur investissement que l’or en 1971, car ces chiffres ne prennent pas en compte les dividendes. Mais cette comparaison montre que la fonction de réserve de valeur des actions est largement dérivée du dollar. La hausse du prix de l’or suggère également que la confiance dans le billet vert s’étiole.

La taille compte vraiment

Les marchés actions américains ont récupéré environ 50 % de la baisse du coronakrach. Si c’est surprenant et positif, la nature du rally n’est pas sans danger. Plus que jamais, les hausses dépendent de quelques titres importants, surtout de ceux qui dominent l’Internet.

Ce graphique montre comment les sociétés à capitalisation importante ont performé par rapport aux petites capitalisations des États-Unis, du reste du monde et des émergents. On constate que les titres phares ont fortement surperformé durant la crise :

Le fait que cela concerne les FAANG ne devrait étonner personne. Cet acronyme concernait au début Facebook, Amazon, Netflix et Google. Mais il s’est élargi depuis. On compte désormais Apple, NVIDIA ainsi que des géants chinois de l’Internet comme Alibaba.

Les mesures de confinement ont bénéficié aux FAANG. Notamment à Netflix et Amazon, qui profitent clairement de la situation alors qu’elles étaient en perte de vitesse. Je doute vraiment que ces 2 entreprises soient gagnantes sur le long terme. Mais l’influence des gros titres sur la Bourse américaine est, selon moi, ce qui est le plus inquiétant.

famag

Globalement, acheter les gros titres du S&P 500 fut historiquement une mauvaise idée. Ces titres ne peuvent que baisser. Durant ces 30 dernières années, General Electric et IBM ont toutes les 2 été souvent numéro 1, Coca-Cola et Cisco, un peu moins. Acheter les sociétés montantes, les conserver pendant un bon moment pour les vendre lorsqu’elles ont creusé l’écart avec la concurrence fut la stratégie gagnante durant les 50 dernières années.

Lorsque vous achetez une action, vous faites l’acquisition d’une partie de ses profits futurs, le passé n’a pas d’importance. Ces sociétés resteront-elles aussi dominantes à l’avenir ?

Source