On peut compter sur les politiciens pour prendre le chemin le plus facile… et le plus dangereux. La TMM n’est que le dernier exemple en date.

Oui, cher lecteur, les marchés sont imprévisibles.

Avec les politiciens, en revanche, on connaît toujours la direction qu’ils prendront : vers le bas.

C’est pour cela que la TMM va être un succès retentissant à Washington – des deux côtés du spectre politique.

Rappelez-vous que selon la TMM (Théorie monétaire moderne), les gouvernements peuvent, et doivent, imprimer et dépenser autant d’argent qu’ils le veulent, si toutefois rien ne tourne mal.

Buffett, Icahn et Powell disent peut-être du mal de la TMM… mais Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) et Bernie Sanders sont déjà à bord. Donald Trump, quant à lui, est en train d’acheter son billet.

Pour commencer, le président est en train de faire en sorte que la Fed soit accusée du prochain retournement boursier. Elle a « sans arrêt augmenté les taux », affirme-t-il. Ensuite, il prendra la tête de la lutte contre la crise, passant à des politiques budgétaires encore plus hardies. Toujours plus de dépenses. Des déficits plus profonds.

Les démocrates ont annoncé qu’ils avaient élaboré un programme d’infrastructures de 2 000 Mds$ avec la Maison Blanche. Ce n’est qu’un début. Education. Effacement de la dette étudiante. Reconstruction de l’armée.

On n’oublie aucune gabegie !

C’est inévitable

Ray Dalio, le gestionnaire de hedge fund le plus prospère au monde, l’a également vu venir. Bloomberg :

“Les banques centrales telles que nous les connaissons sont en voie de disparition et il est ‘inévitable’ qu’une chose comme la Théorie monétaire moderne les remplace, a déclaré l’investisseur milliardaire Ray Dalio.

Cette doctrine, connue sous le nom de TMM, affirme que les gouvernements devraient gérer leurs économies par le biais des dépenses et des impôts – au lieu de compter sur des banques centrales indépendantes qui s’en chargent via les taux d’intérêt. […]

Les banques centrales pourraient imprimer de l’argent directement pour financer les programmes gouvernementaux – court-circuitant le besoin de vendre des obligations. Elles pourraient acheter de l’immobilier, ‘qui serait ensuite utilisé, idéalement, à des fins socialement bénéfiques’. Elles pourraient également éliminer les dettes pesant sur l’économie, dans une sorte de ‘jubilé’. Lors de ralentissement, elles pourraient fournir des liquidités au public […].

Il y a des risques, a reconnu Dalio. De telles politiques mettraient ‘le pouvoir de créer et d’allouer l’argent, le crédit et les dépenses’ entre les mains des politiciens”.

Bingo !

Que la fête continue !

Les gens en viennent toujours à croire ce qu’ils doivent croire lorsqu’ils doivent le croire.

Si l’on est dans les dernières phases d’une bulle nourrie au crédit…avec un marché boursier surévalué… un déficit fédéral de plus de 1 000 Mds$… et 72 000 Mds$ de dettes (au total, public et privé, pour l’ensemble des Etats-Unis)… que faire ?

dette us

Admettre que l’on a été vraiment idiot ? Confesser qu’on a fait un beau gâchis de l’économie et qu’on aurait mieux fait de ne toucher à rien ?

Réduire les dépenses et assainir le marigot ?

Ou bien trouver une idée complètement cinglée qui vous permet de faire en sorte que la fête continue… et d’obtenir encore plus de ce que vous voulez vraiment – c’est-à-dire l’argent des autres ?

Ray Dalio appelle cela un risque… disant que les autorités auraient “le pouvoir de créer et d’allouer l’argent, le crédit et les dépenses”. C’est fondamentalement mal comprendre la situation.

Ce n’est pas un risque ; c’est une certitude. Et c’est précisément la raison pour laquelle tant Donald J. Trump qu’AOC auront recours à la TMM (même si les républicains ne l’admettront peut-être pas ouvertement). La TMM leur permet d’extraire plus de pouvoir et d’argent des électeurs.

Le gouvernement est toujours un moyen permettant à quelques-uns d’exploiter les masses. Il est toujours basé sur des accords gagnant-perdant, non des accords gagnant-gagnant.

Les autorités ne créent pas de richesse. Rien n’est gratuit, pas plus qu’il n’existe réellement de programmes de “relance”. Ce que les autorités reçoivent ou dépensent doit être pris à d’autres. La TMM fournit un voile de sottises à moitié cohérentes afin de couvrir le vol.

Créer et allouer de l’argent, du crédit et des dépenses, ce n’est bien entendu qu’une façon de dire aux gens ce qu’ils doivent faire et de les garder au pas, en leur coupant les vivres s’ils n’obtempèrent pas.

C’est ce qu’a fait l’Union soviétique. Et l’Allemagne nazie. Et la Chine maoïste. C’est ce qu’ont fait tous les “-ismes” du XXème siècle – communisme, chavisme, péronisme, national-socialisme, syndicalisme, collectivisme. C’est ce que font tous les gouvernements – s’ils en ont la possibilité.

L’argent, c’est du temps. Le temps, c’est la vie. La TMM n’est que la dernière escroquerie visant à vous en dépouiller.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Bill Bonner

Article de Bill Bonner via les publications Agora. Bill est le fondateur de la Chronique Agora et coauteur de livres qui ont tous figuré dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal : L’inéluctable faillite de l’économie américaine (2004), L’Empire des dettes. À l’aube d’une crise économique épique (2006) et Le Nouvel Empire des dettes. Grandeur et décadence d’une bulle financière épique (2010).