Interview d’Egon von Greyerz publiée par KWN :

«  Nous sommes désormais en septembre 2015. Il se peut que nous soyons sur le point d’entrer dans une période qui va secouer la planète entière. Je m’attends à des baisses dévastatrices des bourses du monde entier déclenchées par des événements inattendus, qu’ils soient d’ordre financier ou géopolitique.

Des années sombres sont devant nous alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent. Il suffit d’ouvrir les yeux. Le Brésil est en récession alors que sa devise s’effondre, elle a chuté de 50 % depuis 2011. La note du pays va probablement être abaissée à « junk » (obligations pourries).

Si on se tourne vers la Corée du Sud, la production industrielle y a chuté de 15 % en août. Les Coréens pourraient bien voir la valeur de leur devise encore baisser. Aux États-Unis, une famille des classes moyennes n’a même plus les moyens de vivre dans les zones métropolitaines les moins chères du pays. Le marché américain de l’immobilier se contracte. Le PMI de la Chine est en baisse tandis que la situation économique en Europe continue de se détériorer. Ce constat risque de s’aggraver en s’accélérant dans tous ces pays dans les mois à venir.

Le PIB du Canada a baissé de 0,5 % au T2. En Europe, Draghi vient de remettre une couche de QE afin de sauver l’Europe. Désormais, la BCE va acheter jusqu’à 33 % des obligations de n’importe quel pays membre. Donc jusqu’à 1/3 de cette dette non viable sera achetée par la BCE. Ce pourcentage, qui était de 25 %, a été porté à 33 % car il s’agit d’une dette invendable.

L’effondrement de l’économie mondiale

Draghi a également déclaré que la débâcle des marchés émergents menace la croissance mondiale. Il a tort. Ils ne menacent pas la croissance mondiale mais de provoquer l’effondrement de l’économie mondiale. Du côté du Japon, la banque centrale monétise des sommes supérieures aux déficits budgétaires du pays.

Aux États-Unis, Robert Schiller vient juste d’affirmer que le Dow Jones ne devrait pas être à 16.000 points mais plutôt autour des 11.000. Cela correspond à une baisse des actions de 30 %. Des plans de réduction des effectifs sont annoncés un peu partout. En 2015, il y aura 650.000 suppressions de postes, un record depuis 2009.

Les banques centrales paniquent parce que la liquidité s’assèche alors que les réserves en devises fondent comme neige au soleil. L’année dernière, elles avaient déjà baissé de 600 milliards. Cet événement a été provoqué par la sortie des capitaux, ce qui est synonyme de contraction mondiale. La Chine a utilisé l’afflux massif de devises étrangères pour doper son économie durant les 15 dernières années. Ces flux entrants sont désormais de l’histoire ancienne.

Cela va clairement exacerber et accélérer le déclin mondial. Et tandis que celui-ci poursuit sa descente, les banques centrales sont coincées. Nous avons déjà assisté à un regain dramatique de la volatilité des bourses mondiales mais ce n’est que le début. Chaque jour, le Dow Jones monte ou descend de quelques centaines de points.

Il est désormais clair que les bourses mondiales sont engagées dans un marché baissier qui va durer des années. Nous allons assister à des chutes massives, surtout dans les mois à venir. Lorsque ce marché baissier sera terminé, de nombreux marchés auront perdu jusqu’à 90 % en termes réels. En août, de nombreuses bourses ont perdu 20 % en un seul mois.

La situation est chaotique en Arabie Saoudite à cause de la chute des cours du brut. Son déficit extérieur courant chute de façon dramatique et son déficit budgétaire est désormais de 20 % du PIB. Un prix du pétrole bien plus élevé est la seule chose qui peut sauver l’Arabie Saoudite de l’effondrement et de des troubles sociaux.

À chaque fois que je me rends à Dubaï je suis frappé par les excès de ce pays. Ce pays n’a pas pétrole, il a simplement des services financiers ainsi que l’une des bulles immobilières les plus importantes du monde. Je m’attends à un effondrement total de Dubaï dans les années à venir.

À Hong Kong, quasi tous les bâtiments principaux disposent de leur centre commercial dont la plupart des magasins sont vides. J’avais déjà signalé cette tendance il y a 2 ans sur KWN et aujourd’hui la situation dégénère alors que les grandes marques ne peuvent plus se permettre de payer les loyers exorbitants de Hong Kong.

Des bulles partout

Il y a donc des bulles partout mais comment pourrait-il en être autrement dans un monde qui a dépensé 200 trillions à crédit durant les 100 dernières années ? Avant la fin de cet épisode nous assisterons à l’implosion de la majorité de ces 200 trillions de dollars et de tous les actifs qui y sont liés comme les actions, l’immobilier et les obligations. Et alors que les actifs mondiaux s’effondrent, les gouvernements créeront de la nouvelle monnaie par multiples de ces 200 trillions tandis que l’hyperinflation dérape et que le marché des produits dérivés pesant 1,5 quadrillion de dollars implose. (…)

Lorsque cela arrivera, nous aurions bien d’autres soucis que celui de préserver notre patrimoine. Mais pour ceux qui ont quelque chose à protéger aujourd’hui, l’or physique l’une des rares solutions pour éviter la destruction totale de son patrimoine et préserver son pouvoir d’achat.

Vu les troubles sociaux qui se manifesteront à travers le monde, il est absolument critique de conserver son or dans les coffres les plus sûrs du monde. (…) »

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