« Les furoncles qui devaient éclater ont éclaté », a déclaré Mario Deaglio, économiste de l’université de Turin, alors qu’il évoquait les banques italiennes. Le dernier abcès a avoir éclaté est Banca Carige, qui a été placée sous administration temporaire par la BCE le 2 janvier dernier. C’est la première fois que le régulateur européen recourt à cette possibilité.

La décision a été prise suite à une réunion des actionnaires de décembre qui ne sont pas parvenus à voter une première augmentation de capital de 400 millions d’euros. La BCE a nommé 3 administrateurs, dont l’ancien PDG de Carige, et leur a donné 3 mois pour réduire ses 3 milliards de créances douteuses et arranger une fusion. Le gouvernement italien a signé un décret garantissant les obligations de la banque à hauteur de 3 milliards d’euros, ainsi qu’une opération de recapitalisation de précaution si nécessaire. Le 18 janvier, Banca Carige a annoncé une émission obligataire de 2 milliards garantie par le gouvernement, qui pourrait être suivie par 1 milliard additionnel. Mais la banque continue d’affirmer qu’elle trouvera une solution privée. (…)

Les mesures qui ont été prises par le gouvernement ressemblent furieusement à celles adoptées par la législature précédente pour sauver Monte dei Paschi di Siena, quatrième banque italienne à l’époque. Mais leur situation est différente : Monte avait besoin d’injection de 8 milliards, Carige de 400 millions maximum, ce qui est déjà fait. (…)

Mais les banques italiennes restent fragiles. Les créances douteuses restent à des niveaux très élevés, la rentabilité est basse et les établissements italiens sont fortement exposés à la dette souveraine alors que la situation politique locale est plus que jamais tumultueuse. D’autres difficultés pointent à l’horizon, selon Giovanni Razzoli d’Equita. L’Italie est au seuil d’une récession, ce qui signifie que les velléités de fusion seront faibles. Le soutien aux banques de la BCE sous la forme de crédit bon marché devrait prendre fin alors qu’elle souhaite que les créances douteuses soient éliminées d’ici 2025. Les cicatrices de la crise bancaire seront lentes à effacer.

L’Italie émet des obligations libellées en dollars, une première depuis 8 ans

Un responsable du Trésor italien a informé Reuters que son institution est en train de préparer sa première émission obligataire libellée en dollars depuis plus de 8 ans.

Alors que pour plus de 200 milliards d’euros d’obligations arrivent à maturité cette année, Rome souhaite trouver des investisseurs en dehors de la zone euro, où elle ne pouvait compter que sur la BCE alors que celle-ci vient de mettre un terme à son QE. (…)

L’Italie possède le ratio dette/PIB le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Interrogé par Reuters, le Trésor italien a confirmé l’information en précisant que les contrats avec les dealers primaires étaient en cours de signature. Rome souhaite lancer cette obligation en dollars « dans les mois à venir, au plus tard en 2019 ». Son institution a également établi des contacts aux États-Unis et en Asie afin de trouver des investisseurs. En décembre, le Trésor italien avait officiellement indiqué qu’il cherchait à diversifier sa base d’investisseurs via des émissions en devises étrangères, principalement en dollars américains. (…)

La demande pour la dette italienne a fondu depuis la prise de pouvoir des populistes l’année dernière, qui ont promis d’augmenter les dépenses publiques. Entre mai et novembre, les investisseurs étrangers ont vendu pour 70 milliards nets d’obligations italiennes. (…)

Sources : The Economist et Yahoo Finance