Le marché de l’or a du mal à trouver une dynamique haussière suffisante pour s’affranchir des 1.800 $ l’once. Cependant, un analyste affirme que le moment est venu de se concentrer sur le potentiel à long terme du métal précieux alors que les pressions inflationnistes commencent à augmenter.
Dans une récente interview accordée à Kitco News, Tim Hayes, stratégiste en chef des investissements mondiaux de Ned Davis Research, a déclaré qu’après la piètre performance de l’or au premier trimestre, il devenait désormais optimiste après avoir adopté une posture neutre.
L’or va profiter de la matérialisation du risque inflationniste
Il estime que l’or dispose désormais du potentiel pour reprendre sa tendance haussière à long terme tandis que l’inflation augmente. Alors que l’économie américaine continue de se remettre de la pandémie du COVID-19, Hayes a affirmé que l’augmentation de l’activité s’accompagnerait de prix plus élevés pour les consommateurs.
« La Réserve fédérale a déclaré qu’elle voulait que l’inflation dépasse son objectif, et le risque est qu’en laissant l’inflation évoluer librement, ils se retrouvent dépassés. Ce sera très perturbant pour les marchés lorsqu’ils commenceront à réagir à contretemps, a-t-il expliqué. L’inflation est tel un génie dans sa lampe. Une fois libéré, il est très difficile de faire machine arrière. »
Si les investisseurs se demandent à quel point l’inflation pourrait être élevée, Hayes a déclaré qu’ils n’ont qu’à observer ce qui se passe sur les marchés des matières premières. Les prix du bois, du cuivre et des produits alimentaires ont grimpé en flèche durant ces dernières semaines pour atteindre des valeurs jamais vues depuis de nombreuses années.
Hayes a noté que sur les 17 produits de base de l’indice du Commodity Research Bureau (CRB), tous, à l’exception de l’or, se négocient au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours.
L’or va participer au marché haussier du complexe des matières premières
« L’or fut la seule matière première qui a bougé en 2019. Il a en quelque sorte pris une longueur d’avance l’année dernière. À présent, nous avons eu une correction. Maintenant, avec tout ce qui se passe sur les marchés des matières premières, je pense que nous commençons à voir l’or participer à cette hausse plus large du marché, a-t-il déclaré. Quand vous regardez globalement ce qui se passe sur ce marché, il s’agit d’un signe que quelque chose se trame avec l’inflation. »
Hayes a également signalé qu’il est difficile d’envisager que l’inflation ne se redresse pas vu la quantité d’argent injectée dans l’économie et les marchés financiers. Les mesures récentes ont complètement éclipsé celles prises pendant la crise financière de 2008.
Certains analystes ont averti que la hausse des prix des matières premières pourrait entraîner un choc inflationniste similaire à celui qui a été observé dans les années 1970. Cependant, Hayes a indiqué qu’il n’anticipe pas une telle augmentation dramatique. Il a ajouté que si les pressions inflationnistes devaient augmenter, la tendance haussière durera 2 ou 3 ans. Il a noté que cette inflation persistante sera très favorable à l’or à long terme.
Bien que Hayes ait déclaré qu’il n’a pas d’objectif spécifique de prix pour l’or, il s’attend à ce que les cours augmentent considérablement au cours des deux à trois prochaines années.
« L’or peut aller beaucoup plus haut à partir d’ici, bien plus que l’établissement d’un nouveau record, a-t-il dit. Une fois que nous aurons une échappée à partir du record, cela attirera un tout nouveau groupe d’investisseurs qui commenceront à être convaincus qu’ils ont besoin d’or pour se protéger contre l’inflation. »
Parallèlement à la hausse de l’inflation qui maintient les taux d’intérêt réels en territoire négatif, Hayes a rappelé qu’un autre facteur majeur en faveur de l’or serait un dollar américain plus faible. Il a ajouté qu’il voyait des signes indiquant que le dollar américain s’engage à nouveau dans sa tendance baissière à long terme alors que le gouvernement américain continue de creuser ses déficits. Il relève que cette année, le déficit avait grimpé à plus de 4 billions de dollars.