En ce moment, les leaders nationalistes de l’Est de l’Europe ne parlent que d’une chose : l’or. Cette semaine, le gouvernement polonais a vanté sa puissance économique après avoir finalisé le rapatriement de plus de 100 tonnes de métal jaune. Non loin de là, le Premier ministre hongrois anti-immigration Viktor Orban a augmenté les stocks d’or de son pays afin de garantir la sécurité de ses réserves.

Cette ruée vers l’or est similaire à celle qui a lieu en Russie et en Chine dans le but de diversifier des réserves de plus 3 trillions de dollars en raison de hausse des tensions géopolitiques avec les États-Unis. Les motivations des pays de l’ex-bloc soviétique varient cependant d’une nation à l’autre.

Prenons le dernier exemple en date, à savoir la Slovaquie. L’ancien Premier ministre Robert Fico, qui dispose d’une chance de récupérer les rênes du pouvoir, exhorte le parlement à pousser la Banque centrale slovaque afin qu’elle rapatrie l’or du pays qui se trouve au Royaume-Uni.

Pourquoi un tel souhait de sa part ? « Vos partenaires internationaux peuvent parfois vous trahir », a déclaré Fico. Il a cité en tant que précédent le pacte de 1938 signé par la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne afin de permettre à Adolf Hitler d’annexer une partie de la Tchécoslovaquie. Ou encore, plus récemment, le refus de la Banque d’Angleterre de restituer l’or du Venezuela en raison de différends politiques.

« Il est difficile de faire confiance à quiconque, même à vos alliés les plus proches, après l’accord de Munich », a déclaré Fico aux journalistes. « Je peux vous garantir que si quelque chose devait se passer, nous ne reverrons pas la couleur d’un gramme de cet or. Faisons-le le plus vite possible. »

Ces commentaires ont été lancés malgré le fait que la Grande-Bretagne est l’un des alliés les plus proches de la Slovaquie depuis l’effondrement de l’URSS. Elle a notamment facilité son intégration à l’Union européenne et à l’OTAN. Selon Fico, le Brexit et les risques de crise économique mondiale posent un risque pour les réserves slovaques d’or en Grande-Bretagne.

L’or rapatrié par la Pologne provient lui aussi du Royaume-Uni, même si le gouverneur de la Banque centrale de Pologne n’a pas remis en cause la fiabilité de la Banque d’Angleterre. Il a justifié cette décision par le souhait d’étaler la puissance de son pays, dont le PIB annuel pèse 586 milliards de dollars. Ce qui en fait la plus grosse économie d’Europe de l’Est. Durant les 2 dernières années, la Pologne a doublé ses réserves d’or pour posséder aujourd’hui le stock le plus important de la région.

La Hongrie fut également un acheteur actif. L’année dernière, ses réserves ont été multipliées par 10, ce qui a déclenché des achats dans les pays voisins par la suite.

L’homme fort de la Serbie, Aleksandar Vucic, a également pris note de cette tendance. Il a ordonné à sa banque centrale de doper ses réserves de métal jaune. Celle-ci a ensuite acheté 9 tonnes d’or en octobre. La semaine dernière, Vucic a déclaré qu’il fallait en acheter davantage car « nous voyons la direction que prend la crise mondiale ».

La nation la plus importante née de la dislocation de la Yougoslavie conserve encore une partie de son or à l’étranger, a déclaré la banque centrale alors qu’elle répondait par e-mail à la question. Selon elle, les pays de la région achètent de l’or en raison des incertitudes mondiales concernant le commerce et les relations politiques, le Brexit et les taux bas.

La Roumanie a également cherché à relocaliser ses réserves d’or qui se trouvent au Royaume-Uni, mais le plan a été mis au frigo depuis que le gouvernement précédent a été chassé en octobre.

Pour les leaders francs et directs qui dominent dans les pays d’Europe de l’Est, l’avantage principal de ces achats peut se trouver dans le message qu’ils envoient aux électeurs.

« L’or est un symbole », a déclaré Vuk Vukovic, économiste politique à Zagreb. « Lorsqu’un État achète de l’or, les gens perçoivent cela en tant que signe de souveraineté économique. »

Source : Bloomberg via Yahoo