Alors que les fêtes approchent, voilà que les banques centrales se mettent à plomber l’atmosphère en reconnaissant enfin l’évidence : l’endettement massif de nos sociétés est dangereux. Hasard du calendrier ou pas, après l’aveu d’il y a quelques jours de la présidente de la FED, c’est au tour d’un responsable de la banque d’Angleterre d’émettre un tel avertissement : l’endettement du Royaume-Uni fait courir au Royaume-Uni le risque d’un effondrement similaire à celui du Venezuela. Tim Wallace du Telegraph a consacré un article en date du 30 novembre à ce sujet :

« La Grande-Bretagne ne peut se permettre d’emprunter davantage sans mettre en danger la stabilité financière du pays, a déclaré un haut responsable de la banque d’Angleterre.

Richard Sharp a déclaré que le gouvernement a déjà emprunté un trillion de livres sterling supplémentaire depuis la crise financière de 2008.

Emprunter davantage pourrait faire courir le risque à la Grande-Bretagne de connaître un effondrement similaire à celui du Venezuela, selon lui. Monsieur Sharp, membre du Comité de Stabilité Financière de la banque, s’est exprimé quelques jours après l’annonce de Philip Hammond d’un plan massif de dépenses de 25 milliards de livres et tandis que le parti travailliste suggère d’emprunter 250 milliards de livres supplémentaires.

Sa remarque, qui a pour objet de dissuader le Chancelier de ne pas trop ouvrir les cordons de la bourse, marque un tournant pour la Banque centrale britannique, qui se passe habituellement de commenter les finances publiques.

M. Sharp a déclaré que le risque de complaisance existe alors que les taux sont très bas et que l’économie ne présente pas de signes alarmants. Il a ajouté que si la Grande-Bretagne continuait d’emprunter, elle pourrait perdre des latitudes fiscales et donc mettre en danger sa stabilité financière.

Son discours prononcé au University College London sera utilisé en tant que nouvelle preuve de la folie du parti travailliste concernant les dépenses publiques. Durant la campagne des élections générales, Jeremy Corbyn a annoncé un plan de nationalisation du rail et de sociétés d’électricité, de gaz et d’eau qui augmenterait la dette de 250 milliards de livres.

Il y a une semaine seulement, M. Hammond a annoncé un plan de dépenses surprise pour le logement, les soins de santé et le Brexit, le tout largement financé par de la dette fraîche.

L’objectif était d’attirer les jeunes électeurs qui en ont assez de l’austérité, mais l’organisme indépendant Institute for Fiscal Studies a déclaré que les plans de Monsieur Hammond signifient que la dette britannique ne serait pas en mesure de retomber en dessous des niveaux d’avant la crise avant les années 2060.

Monsieur Sharp a ajouté : «Un gouvernement largement endetté dispose de moins de marge de manœuvre pour réagir face aux crises : nous ne pouvons pas partir du principe que d’autres chocs ne vont pas se matérialiser. L’histoire montre qu’une marge de manœuvre fiscale est une ressource nationale vitale pour contrecarrer les effets de tels chocs. Réduire les latitudes fiscales signifie donc qu’il est plus difficile d’assurer la stabilité financière.»

dette ukLe coût du service de la dette a été maintenu en respect grâce aux taux planchers, même si rien qu’en octobre il s’est élevé à 6 milliards de livres sterling. Même si les marchés s’attendent à ce que les taux restent à de bas niveaux, rien n’est certain. Si les taux moyens de la dette grimpaient jusqu’à 7 %, comme dans les années 2000, alors la facture annuelle des intérêts pourrait s’élever jusqu’à 100 milliards de livres, selon lui. (…)

Le discours de Monsieur Sharp, qui représente sa vision personnelle concernant les risques qui pèsent sur la stabilité financière, indique que Monsieur Hammond devrait rester attentif au déficit. Des nations qui affichaient une bonne note peuvent se retrouver dans une situation compliquée, citant l’exemple du Venezuela. Il est vital d’avoir une marge de manœuvre pour emprunter davantage en cas de récession.

M. Sharp a également mis en exergue que la Grande-Bretagne est protégée à court terme en cas de hausse des taux car la maturité moyenne de ses obligations est la plus longue des autres grandes nations.

L’échéance moyenne de sa dette est d’environ 15 ans, alors qu’elle est de moins de 8 ans pour la France et de moins de 7 ans pour les États-Unis. Cela signifie qu’en cas de hausse importante des taux, l’augmentation du coût du service de la dette de la Grande-Bretagne se fera progressivement. » (…)