Interview de James Turk publié le 3 janvier 2016 sur KWN :
« L’année terminée, le moment de dresser le bilan des métaux précieux est venu. Comme vous pouvez le constater sur les tableaux ci-dessous, les résultats sont mitigés pour l’or et l’argent. Ils dépendent du lieu où vous vivez et de la devise que vous utilisez pour mesurer leur prix.
En commençant par l’or, j’ai inclus douze monnaies nationales dans le tableau ci-dessous. Il y a les deux devises mondiales majeures, le dollar et l’euro, cinq autres grandes devises ainsi que les devises des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Le cours de l’or a quasiment clôturé l’année 2015 inchangé tandis qu’il a baissé de 10 % en dollars et en yens ainsi qu’en francs suisses mais regardez du côté des BRICS. L’or a augmenté de 33 % en reals brésiliens et de 20 % en rands sud-africains.
Ces résultats fortement disparates ne sont pas dus à des raisons inhérentes à l’or. Après tout, une once d’or aujourd’hui n’est pas différente d’une once d’il y a un an. Ce qui a évolué, ce sont les devises nationales que nous utilisons pour mesurer le prix de l’or. Ces changements ont été provoqués par les banques centrales, par leurs politiques et leurs interventions sur les marchés.
Pour expliquer ce point, il faut noter que les États-Unis ont suivi une politique monétaire relativement sage par rapport aux autres pays. Par exemple : les actifs qui se trouvent sur le bilan de la Fed sont stables à 4,5 trillions de dollars depuis 18 mois ce qui est plutôt inhabituel par rapport à la propension historique de la Fed d’augmenter continuellement la taille de son bilan afin de gonfler la masse monétaire.
Au contraire, la BCE est engagée dans une politique inverse avec l’assouplissement quantitatif agressif qu’elle poursuit. Dans les faits, la banque européenne a dévalué l’euro par rapport au dollar. Cette différence est illustrée par le fait que l’or s’est stabilisé en euros et a baissé en dollars l’année dernière.
Une conclusion similaire peut être tirée pour plusieurs pays des BRICS notamment le Brésil et l’Afrique du Sud. Ces pays suivent également des politiques de dévaluation. Veuillez également noter que le tableau ci-dessous montre que les résultats de l’argent sont plus ou moins similaires.
L’argent, toujours plus volatil que l’or
La seule différence de taille entre l’or et l’argent est qu’il y a beaucoup plus de rouge dans le tableau du métal gris. Ce fait met en évidence la volatilité supérieure de l’argent par rapport à l’or. Cependant si on regarde l’évolution moyenne indiquée sur la dernière ligne, les résultats sont fort similaires. (…)
Ce que ces tableaux mettent en exergue, c’est que jouer sur les devises est un pari hasardeux. (…) Il suffit de regarder l’évolution moyenne des métaux précieux par rapport aux devises. Celles-ci ne parviennent pas à maintenir leur pouvoir d’achat au fil des ans, elles sont insidieusement dévaluées tandis que l’or et l’argent sont les meilleures monnaies pour vous protéger de cette dévaluation.
Malgré sa sous-performance récente, l’or s’est apprécié en moyenne de 10,7 % par an en dollars depuis le début du siècle et de bien plus dans d’autres devises. Je n’ai même pas inclus dans le tableau des devises comme le peso argentin, le bolivar vénézuélien ou le hryvnia ukrainien (note : des devises fortement dévaluées l’année dernière).
Aucune banque n’est en mesure de vous offrir un tel rendement annuel. Sans parler du risque de perdre son épargne avec les nouvelles règles de renflouement interne comme cela s’est passé à Chypre, en Grèce et plus récemment dans certaines banques régionales italiennes.
Les devises nationales fluctuent peut-être les unes par rapport aux autres en fonction des actions des banques centrales mais toutes ces devises coulent par rapport à l’or et à l’argent. Ce fait ne changera pas en 2016.
Avant de décider comment investir votre argent observez attentivement les tableaux ci-dessus avant de prendre une décision. Tandis que les banques centrales poursuivent comme des fous furieux des théories folles qui détruisent le pouvoir d’achat des devises nationales et que les gouvernements rendent les épargnants financièrement responsables des erreurs de leur banque mal gérée, l’or et l’argent sont clairement les meilleures monnaies disponibles. »