Article de Casey Research, publié le 25 septembre 2015 :

Les marchés émergents éprouvent des difficultés… l’ETF iShares MSCI Emerging Markets ETF (EEM), qui suit un panier d’environ 800 actions des émergents, a baissé de 23 % depuis septembre dernier. Et la situation s’est récemment empirée. EEM a décliné chaque jour durant les 7 dernières séances.

John Burbank pense que le dollar fort est le grand responsable… Burbank est le fondateur de Passport Capital, un hedge fund  qui gère 4,1 milliards de dollars. Il a gagné une fortune en pariant contre le marché immobilier américain en 2007. Le fonds principal de sa société a généré un rendement de 219 % l’année dernière. Cette année, ce fond est en positif de 15 % alors que le S&P 500 a perdu 3 %. C’est en raison de ses gros paris contre les marchés émergents que Burbank enregistre de tels résultats cette année.

Parmi ces marchés émergents on retrouve la Chine, le Brésil et la Russie, les pays principaux de cette catégorie. Burbank n’est pas optimiste pour ces pays car leurs sociétés ont emprunté des montants records en dollars, comme il l’a expliqué récemment. D’après le Wall Street Journal, le nombre de crédits libellés en dollars accordés à des emprunteurs des marchés émergents a quasi doublé depuis 2009.

Le dollar fort complique le remboursement de ces crédits

Les lecteurs assidus de Casey savent que le dollar américain s’est raffermi de 13 % par rapport aux autres devises majeures au cours de l’année dernière. Et face aux devises des pays émergents, le dollar s’est apprécié bien davantage. Le rouble russe a baissé de 41 % face au dollar au cours de l’année dernière. Le real brésilien a baissé de 36 % par rapport au dollar, tandis que la baisse du peso mexicain s’élève à 19 %.

Le dollar fort est un gros problème pour les sociétés étrangères qui ont emprunté en dollars

Un dollar plus fort complique le remboursement des crédits des sociétés étrangères libellés en dollars. Par exemple, une société russe qui a emprunté en dollars voit le poids de sa dette augmenter de 41 % par rapport à l’année dernière. Pire encore, les intérêts augmentent eux aussi.

Les sociétés des pays émergents à travers le monde connaissent cette difficulté. Bloomberg Business a rapporté que depuis de l’année, on a déjà connu plus de faillites à travers le monde que durant l’intégralité de l’année 2014.

Burbank craint la contagion aux États-Unis de la crise des émergents

Il a déclaré au Financial Times : « Tous ces troubles mondiaux finiront par revenir chez nous pour ralentir les investissements, les embauches et la consommation. Ce qui fera réaliser à la Fed qu’elle devrait assouplir davantage au lieu de raffermir sa politique monétaire. »

D’habitude, lorsque la Fed veut assouplir sa politique monétaire, elle baisse ses taux. Mais la Fed ne peut le faire car ils sont déjà proches de zéro (note : à vrai dire elle pourrait le faire, elle a déjà évoqué la possibilité de taux négatifs tandis que d’autres banques centrales les ont déjà mis en place, comme en Suède).

Burbank pense que la Fed va assouplir sa politique en lançant un nouveau round d’assouplissement quantitatif (QE).

QE est un terme de substitution à la création monétaire

Un QE n’est rien d’autre que des injections de liquidités dans le système financier par une banque centrale. Le QE1 fut lancé par la Fed en novembre 2008. Il a duré 17 mois pour des injections dans le système de 1,4 trillion de dollars.

Le QE1 n’a pas engendré de reprise économique. La Fed a donc enchaîné avec 2 QE supplémentaires, connus sous le nom de QE2 et QE3. Le dernier QE est censé avoir été arrêté en octobre 2014. À cette date, 3,5 trillions de dollars avaient été injectés. Ces QE n’ont eu que très peu d’impact sur l’économie réelle. Ils ont par contre gonflé les prix des actifs. Durant cette période, le S&P 500 a augmenté de 121 %. Depuis la fin du QE en octobre 2014, il a perdu 3 %.

Dans l’émission Closing Bell de CNBC, Burbank a expliqué comment les QE ont alimenté la frénésie des emprunts dans les marchés émergents : « Le QE a permis à de nombreuses sociétés et de pays émergents d’avoir un accès facile au crédit bon marché, chose qui était impossible sans QE. »

Les QE ont rendu l’argent bon marché. Mais maintenant qu’ils sont terminés, le dollar est devenu plus cher. Burbank poursuit :

« Alors que le dollar se raffermit, que la Chine ralentit, que le cours du brut s’effondre, tous ces événements resserrent les conditions du crédit. Les mouvements auxquels nous assistons ne sont que la recherche du prix véritable et de la réalité. Je ne vois pas pourquoi cette tendance devrait s’arrêter. Pour savoir jusqu’où ces marchés vont descendre, vous devez utiliser votre imagination… »

Si la Fed a déjà injecté 3,5 trillions de dollars, Burbank estime qu’elle devra faire bien plus pour éviter une nouvelle crise. C’est pourquoi il pense qu’elle lancera un QE4.

Nous sommes de son avis. L’économie mondiale est accro à l’argent bon marché comme un drogué l’est à l’héroïne. La crise des pays émergents est le signe que le retour même limité vers des politiques plus restrictives est susceptible de provoquer une catastrophe économique mondiale.

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