Le graphique ci-dessus est éloquent, plusieurs constats peuvent être faits. Cela dit, tous mènent à la même conclusion, à savoir le fait que 2016 est une année où les Etats-Unis sont bel et bien en récession économique, et ce malgré les déclarations du gouvernement américain, qui affirme le contraire. Voyons cela en détail (article de David Haggith, publié le 4 août 2016 sur SafeHaven.com).

Les évolutions du PIB américain indiquent, sur base des tendances historiques, que nous sommes déjà en récession

La ligne rouge sur le graphique représente le PIB actuel des Etats-Unis (1,2 %), tel qu’il est estimé par le Bureau of Economic Analysis (BEA). A ce propos, il est intéressant de noter qu’à peu près à chaque fois que le PIB des Etats-Unis a atteint ce niveau durant les soixante-dix dernières années, l’Etat est entré en récession (voir les zones bleues). En effet, lorsque l’Etat nord-américain n’était pas sur le point d’entrer en récession à ce moment précis – c’est-à-dire lorsque le PIB atteignait 1,2 % –, il l’était déjà, et ce à chaque fois à part dans trois cas exceptionnels. Deux de ces cas s’avèrent être des « exceptions qui confirment la règle générale » :

A seulement deux reprises depuis la Grande récession, les Etats-Unis ne sont pas entrés en récession lorsque leur PIB a été aussi bas. La raison à cela est que, dans les deux cas, la Réserve fédérale a immédiatement – et massivement – injecté des « doses » d’assouplissement quantitatif. Cela étant dit, la Réserve fédérale ne fera pas autant cette fois-ci, si l’on en croit à son discours qui tourne autour d’une augmentation des taux d’intérêt. Un assouplissement quantitatif prouverait en effet que le gouvernement fédéral est inapte à augmenter ces mêmes taux d’intérêt.

Qui plus est, le graphique nous rappelle quelque chose dont nous sommes tous conscients : si l’on se fie à la fréquence moyenne entre les récessions, les Etats-Unis sont voués à entrer en récession en 2016.

Une observation encore plus intéressante à noter concerne le déclin général sur le long terme de la croissance économique des Etats-Unis. Soixante-dix années plus tôt, ils sont sortis de la récession avec un taux de 12 % de croissance en termes de PIB. Durant les trente années suivantes, ils sont sortis des récessions avec une croissance qui tourne autour de 8 %. Lors des vingt années après cela, le mieux que les Etats-Unis pouvaient espérer était une croissance autour de 4 %. Enfin, concernant la dernière décennie, les plus hauts pics que l’Etat nord-américain a pu atteindre en termes de croissance économique, furent autour de 3 %.

Le déclin de la croissance du PIB pourrait être expliqué, du moins partie, par le fait qu’il est difficile d’arriver à un pourcentage dont la croissance augmente aussi vite que le PIB en soi. En guise d’exemple, il est plus facile de doubler votre vitesse sur un laps de dix kilomètres par heure que sur un laps de cinquante kilomètres par heure.

Toutefois, en voyant comment la dette nationale américaine s’est accumulée, tout cela reflète aussi comment la capacité des Etats-Unis à générer de la croissance a diminué significativement, en raison notamment de toute la charge économique que l’Etat doit transporter.

L’on pourrait également blâmer les régulations ascendantes, mais il y a une chose particulière que vous ne pourriez pas blâmer… et il s’agit des impôts. Le fait est que nous avons atteint des taux de croissance bien plus élevés par le passé, et ce lorsque les impôts entrants (en particulier les impôts sur les gains en capital) étaient, eux aussi, bien plus élevés (qu’il s’agisse des impôts corporatifs ou individuels). En ce sens, le déclin de la croissance ne peut certainement pas être imputé aux impôts élevés, juste parce qu’ils sont élevés.

Constater que la diminution des taxes et impôts n’a pas fait grand-chose pour booster la croissance des Etats-Unis, c’est certainement quelque chose qui va irriter bon nombre d’entre nous. Cela dit, l’on peut clairement affirmer que diminuer ou tout simplement supprimer les impôts, ne va pas sauver l’économie américaine. Il y a d’autres problèmes sérieux qui ne peuvent pas être résolus avec une simple diminution – ou suppression – des impôts.

L’on ne pourrait pas non plus blâmer le libre-échange pour les problèmes de croissance, car les pires déclins en termes de croissance sont arrivés bien avant l’avènement du libre-échange. Toutefois, en retournant la question, certains pourraient très bien dire que le libre-échange n’a pas réellement boosté le taux de croissance américain, tout comme les impôts bas ne l’ont pas fait non plus.

Tout cela étant dit, la chose la plus cohérente que l’on peut blâmer pour le déclin de la croissance, c’est bel et bien le gouffre de la dette nationale qui a miné l’économie américaine. En effet, l’Etat et les entreprises ont tenté de faire croître la croissance économique sans avoir à payer pour cela. En d’autres termes, ils ont élargi la dette aux mauvais moments pour créer un stimulus de croissance, mais ils n’ont jamais remboursé cette dette aux bons moments.

Indépendamment de la cause de ce déclin, nous sommes arrivés à un moment où la croissance des Etats-Unis est tellement basse, que nous avons besoin d’un stimulus extraordinaire pour garder la tête au-dessus de l’eau. Et même si les Etats-Unis ne sont pas entrés en récession à chaque fois qu’ils ont atteint un niveau du PIB aussi bas (nous avons mentionné les trois exceptions, dans deux d’entre elles la récession ayant été évitée avec des mesures draconiennes), chaque récession des Etats-Unis lors des soixante-dix dernières années a eu lieu au moment – ou juste avant – que son PIB arrive au niveau actuel. Et il est bien question de toutes les récessions !

La récession de 2016 se déploie

Les récessions ne deviennent officielles que lorsqu’elles sont annoncées comme telles, et non pas quand elles commencent. Par définition, une récession ne devient officielle qu’à l’issue de deux trimestres consécutifs de déclin du PIB. Qui plus est, les récessions ne sont habituellement pas déclarées avant que les chiffres ne soient révisés, et, en règle générale, tous les gouvernements semblent optimistes avant cette révision.

Par conséquent, les récessions sont reconnues à peu sept mois après leurs débuts. Souvent même, elles ne sont reconnues qu’un an après ceux-ci. Dans l’imaginaire commun, nous ne sommes pas en récession tant que celle-ci n’a pas été officiellement annoncée.

Néanmoins, l’on peut dire que nous sommes actuellement en récession, et il s’agit d’une grande récession. Et même si le graphique montre clairement que la première période d’assouplissement quantitatif a sorti les Etats-Unis du ventre de la Grande récession, et donc de la ligne rouge de la récession, il montre également que l’Etat nord-américain est retourné en dessous de la ligne rouge dès que le tour d’assouplissement quantitatif (AQ) a pris fin. L’économie américaine a par conséquent besoin d’une autre injection d’assouplissement. En d’autres termes, cette dernière a atteint le niveau critique à chaque fois que le stimulus économique a pris fin. L’on peut dire que sans stimulus, l’économie américaine végète dans un état de perpétuelle récession : elle est, en réalité, un mort-vivant.

Notez comment la ligne de croissance titube vers le haut au cours de la dernière période d’AQ. C’est parce que cette période a été une injection d’argent frais (une nouvelle injection tous les mois pour une période de deux ans).

Remarquez aussi comment les Etats-Unis ont maintenu un mouvement descendant et stable vers la ligne rouge après que le dernier cycle d’assouplissement quantitatif continu (AQ3) ait pris fin à l’automne 2014.

L’économie américaine a été maintenue marginalement en vie seulement grâce à une série de stimulus, dont elle est devenue tout simplement dépendante. Ce graphique le démontre d’ailleurs très bien.

Cette même économie a fait l’objet de doses de stimulus répétées au travers de la plus grande impression d’argent dans l’histoire du monde, et ce aux taux d’intérêt les plus bas jamais connus, applicables et appliqués par les banques centrales à travers le monde entier, juste pour maintenir artificiellement le patient en vie depuis la Grande récession.

Une fois ce traitement fini, nous découvrirons en réalité à quel point le patient est mort, tout en s’enfonçant en direction du ventre de la Grande récession. Ce graphique montre clairement qu’à chaque fois que l’AQ prend fin, nous sombrons aussi vite vers les niveaux de croissance que l’on associe aux récessions. Mais cette fois-ci, il n’y aura pas d’assouplissement quantitatif pour nous sauver.

Cela ne veut pas dire pour autant que, une fois de retour en dessous de la ligne rouge, comme c’est le cas actuellement, la Réserve fédérale ne lancera pas un programme massif de relance, juste pour garder le patient un tant soit peu en vie ; mais il faut dire que la prochaine période d’AQ viendra trop tard et qu’aucun montant ne sera suffisant pour faire le travail.

Les économistes contemporains : les dinosaures les plus bêtes à avoir parcouru la Terre

Les économistes contemporains ne sont pas capables de voir une récession qui arrive, et ce même quand elle leur saute aux yeux.

En effet, ils [on inclut ici les économistes de la Réserve fédérale et du gouvernement, bien évidemment] ont arrêté de croire dans les lois économiques, et ce depuis de longues années. Ils vivent dans des mondes imaginaires et, en ce faisant, ils créent des économies de merveilles qui fonctionnent à l’envers.

Dans l’histoire du monde, il n’y a jamais eu un nombre aussi conséquent de personnes intelligentes, qui restent pourtant constamment muettes dans le domaine de leur propre expertise, et qui sont en plus constamment récompensées pour ce faire.

Ce graphique est une illustration claire de la faillite totale ayant résulté de la croyance économique moderne en une économie basée sur la dette. L’on peut même dire que c’est un témoignage de l’échec ayant résulté de la foi religieuse des économistes de relance en la banque centrale, ainsi que de leur refus de croire en l’ancienne loi éprouvée des rendements décroissants.

La vitesse à laquelle les bénéfices des relances ont diminué au cours des dernières décennies, alors même que l’ampleur du stimulus a augmenté de façon exponentielle, montre clairement que la prochaine injection (d’argent à des taux d’intérêt négatifs) sera en réalité l’injection la plus massive que le monde ait connue. Pourtant, elle ne sera suffisante que pour envoyer le patient dans un état comateux au bord de la ligne rouge. La prochaine dose de stimulus pourrait peut-être remuer brièvement le rythme cardiaque du patient, mais, en réalité, elle le tuera définitivement.

2016, l’année de l’« Apocalypse économique »

Voilà pourquoi nous pouvons appeler 2016 l’année de l’« Apocalypse économique » : cette année où nous sombrerons de nouveau dans le ventre de la Grande dépression. Ce sera l’année où les plus grandes injections de relance ne nous permettront que de garder la tête au-dessus de l’eau, et ce juste le temps de voir les prochaines élections arriver.

Tout le monde au sein du gouvernement (démocrates et républicains … ainsi que le jeton socialiste) fera tout pour « réparer » brièvement l’économie, afin de s’assurer que Donald Trump ne sera pas élu.

Si Trump se fait élire, les sorciers des fausses finances abandonneront la bataille le lendemain de l’élection, et alors tout l’enfer atterrira sur l’économie américaine. Cela dit, ce sera peut-être une bonne chose pour certains de ces économistes, car ils vont essayer d’utiliser Trump comme boucé missaire, afin d’imputer leur échec à la panique que son élection aura causée. Dans le pire des cas, le gouvernement perdra tout contrôle sur l’économie avant même l’élection, car même les pires sorcelleries pourraient ne pas maintenir la marche de l’économie de zombies actuelle.

Au risque de nous répéter, ce graphique est une preuve très cohérente de la baisse des rendements, pourtant dans un contexte d’efforts exceptionnels. Qui plus est, il démontre malheureusement que l’économie américaine se dirige sans relâche vers le ventre du deuxième tour de la Grande récession.

« Le rétablissement » du gouvernement et de la Réserve fédérale est entièrement artificiel et insoutenable. Tout économiste qui manifeste un tel mépris flamboyant pour les vrais économiques (c’est-à-dire tout économiste qui croit en une économie basée sur la dette) a une courge en guise de tête. En effet, ce graphique témoigne clairement de la faillite d’une économie dont les fondations reposent sur la dette. Malheureusement, nombreux sont ceux et celles qui détournent les yeux face à cette réalité.

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