Les médias de la finance ne parviennent pas à comprendre les différentes motivations et croyances qui dirigent les actions des différents types d’investisseurs qui sont actifs sur le marché de l’or. En traitant le sujet de l’or comme si un seul type d’investisseurs était actif sur ce marché ne peut que mener à des conclusions erronées lorsqu’on cherche les raisons de la volatilité récente.

Pour schématiser, le marché de l’or est composé, d’une part, d’investisseurs à long terme, principalement d’individus qui pensent que l’or est un meilleur support pour préserver sa richesse que les monnaies papier ; de l’autre, en des traders à court terme, dont le travail consiste à réaliser des plus-values en surfant sur les tendances. Ces 2 groupes investissent avec des échéances et des buts très différents.

Le premier groupe considère l’or en tant de protection contre l’inflation, mais aussi en tant que filet de sécurité contre l’incertitude financière. Ils ont tendance à acheter de l’or papier (sous la forme d’ETF), mais aussi de l’or physique (sous la forme de pièces, de lingots et lingotins, voire même de bijoux). Le marché physique est principalement occupé par ces petits acheteurs et les banques centrales, qui achètent le métal jaune en tant que devise de réserve.

Long terme VS court-terme

Comprendre le marché de l'orÀ l’opposé, les acteurs à court terme, comme les hedge funds, les fonds de pension et les traders des banques qui prennent des positions de quelques heures, sont beaucoup plus attentifs aux tendances et aux analyses techniques. Pour ce faire, ils doivent prendre des décisions rapides. C’est pourquoi ils utilisent principalement les ETF. Depuis les années 2000, l’or est clairement à la hausse, une tendance à long terme que les traders ne peuvent pas ignorer. Pour profiter de ce marché, pas besoin de comprendre les fondamentaux. Voir la courbe qui monte sur le graphique est amplement suffisant pour ces traders.

Les traders à court terme ont également tendance à regarder de près ce que font les poids lourds de la finance. Lorsqu’ils sentent que les grands acteurs du marché changent d’avis, ils suivent la tendance. Le 10 avril 2013, Goldman Sachs a réduit substantiellement ses prévisions en ce qui concerne l’or. Le vendredi de cette semaine, lors chuté brutalement. Ensuite, le 15 avril, on a assisté à la plus grosse baisse du métal jaune de ces 30 dernières années. Les volumes d’échanges sur le GLD ont été multipliés par presque 7 en comparaison avec un jour normal. Cette chute du cours a entraîné de nombreuses liquidations dans de nombreux ETF basés sur l’or.

Tandis que les poids lourds de la finance suivent les tendances, ils s’appuyaient aussi sur les dangers de l’inflation et l’incertitude économique. Cependant, de nombreuses banques d’investissement ont abandonné ces craintes. Pour justifier ses nouvelles perspectives sur le métal jaune, Goldman Sachs a cité une inflation globale peut élevée, ainsi que les marchés actions américains et japonais en hausse. Cependant, ces conclusions sont hâtives.

En voyant une baisse de la menace de l’inflation, les analystes des médias dominants oublient de prendre en compte les milliers de milliards de dollars d’assouplissements quantitatifs qui continuent de déferler vers les banques. Pourtant, la vélocité de la monnaie, qui joue une grosse influence sur l’inflation, reste à des plus bas historiques. Pour que cet argent rentre dans le circuit économique, les banques doivent prêter (sur base fractionnelle) ; c’est alors que l’inflation commence à apparaître. Donc, alors que les assouplissements quantitatifs créent un risque d’inflation future, voire d’hyperinflation, il ne s’agit que d’un risque latent. De plus, comme nous l’avons dit à de nombreuses reprises, les statistiques officielles des gouvernements ont tendance à maquiller les véritables niveaux d’inflation. Alors que les marchés prennent en compte les chiffres truqués, tout en voyant les cours de bourse exploser grâce à l’argent frais apporté par les assouplissements monétaires, ils ont liquidé leurs positions sur l’or à fin de repositionner ce capital dans des actions, des obligations et même de l’immobilier. Cependant, la situation de la bourse de Tokyo, ainsi que des obligations japonaises, pourrait mettre un terme à leurs espérances.

Pourtant, le marché de l’or physique se porte bien

Malgré tout, la demande d’or physique continue de progresser en Chine et en Inde, tandis que les banques centrales du monde ont ajouté 109,2 tonnes à leurs réserves durant le premier trimestre 2013. Même aux États-Unis, la demande pour l’or de joaillerie a augmenté pour la première fois depuis le 3e trimestre 2005, tandis que la demande en pièces et lingot a augmenté de 10 % sur base annuelle. Malgré cette forte demande, les ETF ont lâché 176,9 tonnes au premier trimestre 2013. Il y a manifestement une déconnexion entre les investisseurs physiques à long terme et les traders à court terme.

La semaine dernière, le président de la Fed, Ben Bernanke, a laissé entendre que si la situation économique continuait de s’améliorer, il pourrait limiter l’étendue de son QE3, qui injecte 85 milliards de dollars par mois dans le système financier. Il a suffi de cette insinuation pour voir les marchés vaciller. Cet événement a dû renforcer la position des pro-QE à la Fed. La banque centrale américaine n’a aucune raison de croire que les niveaux de la bourse et de l’immobilier pourront se maintenir sans son support. Cela signifie des assouplissements monétaires à l’infini.

Comme la banque centrale du Japon, l’Angleterre et l’Union européenne semblent suivre cette politique de la planche à billets. Ce qui signifie que les arguments qui ont conduit à la vente massive de l’or reposent sur du sable. Je m’attends à ce qu’encore plus d’argent soit déversé sur les marchés, entraînant la hausse de ceux-ci, ainsi que la baisse des taux d’intérêt et de la valeur des devises. Vu la réaction sur le marché de l’or physique, il semblerait que les petits investisseurs soient de la même opinion. Cela signifie donc que le sentiment général à propos de l’or est loin d’être aussi négatif que suggéré.

Source : traduction de l’article de John Browne, d’Euro Pacific Capital, publié sur ZeroHedge : http://www.zerohedge.com/news/2013-05-29/understanding-gold-market-dynamics

 

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