Le discours ci-dessous est intitulé « La laideur : ne vous battez pas avec les gens « laids », tout simplement car ils n’ont rien à perdre ».

À mes yeux pourtant, il s’agit de l’essence même de la campagne présidentielle américaine. La triste vérité entourant ce scrutin réside dans le fait, qu’indépendamment de son issue, l’élu(e) restera dans l’histoire comme le « non-président » : le président qui a fait en sorte qu’on veuille quelque chose de différent, c’est-à-dire qu’on veuille un président différent.

Malgré les titres tapageurs, la cabale presque « McCartesque » des médias dominants contre Trump n’a pas été menée au sujet de la personnalité de Trump ou de ses opinions plus ou moins idiotes ; Trump n’est ni plus ni moins que le catalyseur du changement. Il est le candidat anti-establishment, mais ne représente pas la vision de notre futur.

En fin de compte, Trump peut encore gagner, en dépit ou grâce au fait d’être justement… Trump.

Cela n’excuse pourtant nullement les médias traditionnels, qui ne cherchent pas assez les failles de Clinton. Si elle venait à être élue, elle serait dès lors le président le moins aimé de l’histoire des États-Unis et, qui plus est, on peut douter de la capacité de ses politiques à faire quelque chose de bon pour le pays.

Le monde n’a pas besoin de plus de politique de type Barack Obama. Obama peut avoir créé plus d’emplois, mais en fait le revenu moyen des Américains a chuté au cours de sa présidence. Que veut-on dire par là ? Eh bien, cela signifie qu’il a présidé une économie qui a créé plus d’emplois, mais force est de constater qu’il s’agit d’emplois de valeurs moindres. Dans la même veine, notons que la croissance, au cours de ses mandats, a été plus faible que lors des mandats de tous les autres présidents. En outre, l’économie a fait montre de la plus grande accumulation de dette dans l’histoire.

Je suis assez sûr que même cet économiste pourrait créer des emplois avec le montant d’argent qu’Obama a dépensé !

Dette publique des États-Unis

dette-americaine

Rappelez-vous que je suis 100% agnostique, politiquement parlant. En fait, je ne pense même pas que cette élection compte réellement ! Non, ce n’est pas une nouvelle tendance ; non, Clinton n’est pas la réponse… il s’agit, tout compte fait, d’un repositionnement des générations et de la renégociation du contrat social.

La dernière fois que cela est arrivé, c’était dans les années 1960, lorsque les enfants de la Seconde Guerre mondiale ont voulu la paix, l’amour et beaucoup de drogues. Maintenant, nous avons la génération du mur de Berlin, qui a atteint l’âge adulte, et cette fois-ci, l’accent est davantage mis sur l’« antimondialisation » et sur la contestation de l’ordre établi… et oui, la drogue y est également très présente.

Le véritable enjeu de l’élection présidentielle aux États-Unis – mais cela est également valable pour l’Europe, c’est de savoir comment faire face au contrat social brisé. La société a été poussée tellement loin de son équilibre naturel, en termes de marchés, d’homogénéité sociale, d’égalité et de productivité, que le mouvement de retour à la « normale » connaîtra à la fois un prix politique à payer et une pénalité en termes de croissance et de perspectives économiques.

Autrement dit, quand on regarde au travers de l’histoire, nous savons qu’une partie du processus d’évaluation est de percevoir, de sentir et de goûter ce dont nous n’avons pas besoin, afin justement d’avancer en direction de ce qui nous est vraiment nécessaire : une meilleure version de la société, certes, mais surtout une meilleure version de nous-mêmes.

Le prochain cycle électoral s’inscrit dans la logique de la protestation ; celle-ci sera suivie par la crise, puis par certains nouveaux commencements.

Je crois fermement au fait – et j’y ai mis l’accent à plusieurs reprises – qu’en tant qu’êtres humains, nous devons d’abord échouer, afin de pouvoir ensuite créer un mandat pour le changement. En ce qui concerne cette dynamique, la campagne présidentielle américaine arrive à court dans de nombreuses catégories sauf une : l’échec est presque garanti.

Si Clinton venait à gagner, la probabilité d’une récession augmenterait immédiatement et les grandes entreprises reviendraient à leur état des années 70, sous un contrôle renforcé de la Maison-Blanche.

Si, en revanche, Trump venait à être élu, nous prendrions alors la voie rapide en direction d’un bouleversement politique massif : il s’agirait de changements en vue d’un agenda social établi contre la mondialisation, l’ouverture et le commerce… La seule bonne chose à tirer de tout cela, c’est le changement, en tant que tel, qui en serait généré.

À l’issue de cette élection présidentielle, il n’y aura pas de gagnants, seulement des perdants. Mais ne désespérez pas. Les États-Unis et l’économie mondiale vont revenir de plus belle et avec une force surprenante, puisque le calendrier politique est enfin aligné avec le malaise économique, créé par les banques centrales. J’entends par là que les points faibles dans la politique, dans l’économie, dans les taux d’intérêt et l’inflation, ainsi que les points forts, en termes de valorisation des actifs financiers et de l’inégalité, sont sur le point de toucher à leur fin.

La volatilité et l’incertitude seront élevées au cours des neuf prochains mois (jusqu’à l’élection allemande), mais à la fin, les discours devront laisser la place à la réalité.

Ceci est la meilleure de toutes les nouvelles. En acceptant que le contrat social doive être « corrigé », nous pourrions voir une forte reprise en forme de V dès les élections de 2018, à mi-mandat.

Les électeurs sont ceux qui n’ont rien à perdre. Cette fois-ci, le changement est ce qu’ils recherchent ; comprenez cela, et vous naviguerez avec confiance dans les eaux du prochain cycle électoral.

Article de Steen Jakobsen, publié sur le blog de Saxo le 26 octobre 2016

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici