Article d’Avery Goodman, publié le 4 août 2015 sur SeekingAlpha.com

« Le mois dernier, je publiais un article à propos d’une situation désormais fréquente du COMEX. À l’époque, il n’y avait que 376.000 onces d’or disponibles pour des demandes de livraison totalisant environ 550.000 onces. Le lendemain, la JP Morgan venait à la rescousse des shorters en ajoutant assez d’or dans les coffres du COMEX pour satisfaire les ordres de livraison.

Dans cet article, je tirais plusieurs conclusions :

Tout d’abord, vu que les sociétés commerciales ne se mettent habituellement pas en danger pour donner un coup de pouce à leurs concurrents, cela signifie qu’il est fort probable que la JP Morgan agisse en tant qu’agent du gouvernement américain. J’en concluais également que le COMEX est une très bonne source d’approvisionnement pour les gros acheteurs de métal.

Il semblerait que de nombreux acheteurs de ce type l’aient compris. Ce mois, la quantité de métal qui devra être livré par les shorters a quasi doublé. Au premier jour de notification des livraisons du mois d’août, les shorters devront fournir 921.500 onces d’or physique. Ce qui correspond à 28,7 tonnes, une quantité sans précédent.

De telles demandes de livraison sont inhabituelles au COMEX car il s’agit en théorie d’un marché purement papier. Cependant, ces événements sont logiques au regard de ce qu’il se passe à travers le monde. Les parieurs de Wall Street ont beau ne plus être intéressés par l’or papier, le marché physique est en ébullition. De plus, le marché de l’or physique de Londres est très tendu alors que des pays et des institutions souhaitent rapatrier l’or que les banques de lingots sont censées « stocker » pour elles.

Comme je le notais dans mon dernier article, si la demande d’or physique en 2015 continue sur sa lancée du premier trimestre, elle totalisera en fin d’année 5200 tonnes. Aujourd’hui, cette prévision est encore supérieure. Par exemple, les importations d’or en Inde pour les mois d’avril et de mai ont augmenté de 61 %. Alors que la Society of Mining Professors affirme que l’offre (en provenance des mines, du recyclage et des ETF) ne totalisera que 3845 tonnes. Cela signifie qu’il y aura une différence de 1345 tonnes entre l’offre et la demande si l’offre se limite à une augmentation de 19 %.

En 2013, les sorties d’or des ETF avaient fourni la différence mais qui le fera cette année ? Et qui l’a déjà fait l’année dernière, pour apporter les 600 tonnes manquantes ? Bien sûr, je risque d’avoir des retours courroucés si j’affirme qu’elles ont été fournies par le gouvernement américain, le fournisseur de dernier ressort. Il y a pourtant bien « quelqu’un » qui fournit ces énormes quantités d’or et il est difficile de trouver une autre explication. J’ai déjà discuté des éléments de preuve dans un autre article, je ne me répéterai pas. (…)

La demande record pour la livraison d’or physique au COMEX est importante. Le marché papier de l’or n’est pas totalement immunisé contre les réalités du monde physique. La demande de livraison du métal a le potentiel de tuer le COMEX si le fournisseur de dernier ressort ne parvient plus à fournir l’or manquant. (…)

Ce qui était autrefois un fantasme se rapproche de plus en plus de la réalité. La grosse question est de savoir ce qui nous attend dans un futur proche. Va-t-on assister à une explosion directe du cours de l’or, similaire à la chute vertigineuse de 1980 ? C’est peu probable. N’oubliez pas qu’à l’époque, il n’y avait pas « d’acheteurs de dernier recours » capable et désireux de soutenir une valorisation excessive. Par contre, ce vendeur de dernier ressort sera présent pour retarder significativement ce qui aurait été, en son absence, un ajustement violent du prix. (…)

Maintenant que les gros acheteurs ont compris qu’ils pouvaient se fournir en or au COMEX, cela signifie que de plus en plus de demandes de livraison y auront lieu. Si les cours se stabilisent ou tombent à des niveaux encore plus bas, la menace du marché physique se renforcera. L’hémorragie des réserves d’or physique s’accentuera jusqu’à ce que le fournisseur de dernier ressort ne soit plus en mesure de faire face.

Porter la casquette de vendeur dans un marché fantaisiste où les vendeurs ne possèdent pas ce qu’ils sont censés vendre est facile lorsque les acheteurs sont en position de faiblesse. Mais lorsque de puissants acheteurs se présentent, les règles du jeu changent. Il devient désagréable pour les vendeurs, le casino devient plus difficile à contrôler. Il est important de le noter, car les acheteurs de métal physique ont un profil très différent des gestionnaires de hedge funds sous-capitalisés. Les acheteurs qui ont demandé livraison de leur or ce mois, par exemple, ont déposé l’intégralité de la somme d’achat de 921.500 onces d’or ! (…)

Cette année, la différence entre l’offre et la demande devrait totaliser au moins 1350 tonnes. En 2016, si la tendance se poursuit, cette différence s’élèvera à plus de 2600 tonnes. Même si le fournisseur de dernier ressort possède 8100 tonnes d’or, ce petit jeu ne pourra pas durer éternellement. (…)

La situation actuelle est en tout cas parfaite pour les investisseurs à long terme. Alors que rien ne plaide pour un changement de tendance concernant la demande d’or physique en plein boum, le cours devra obligatoirement remonter. Lorsque la tendance débutera, cette hausse devrait être importante. Ceux qui peuvent accumuler du métal et attendre seront dans une situation très confortable. (…) »

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