Un gros client des marchés américains de la dette, les investisseurs étrangers, pourrait devenir un ennemi au cours de cette année au lieu d’être un ami. La faiblesse du dollar a fait baisser les rendements des gestionnaires qui ne s’étaient pas assurés contre la baisse du billet vert, ce qui pourrait déboucher sur des fuites de capitaux si la baisse de la devise américaine devait s’accélérer, préviennent les stratégistes de Wells Fargo.

« Nous percevons un risque distinct de voir les investisseurs non-américains devenir des vendeurs nets alors que la croissance économique mondiale converge et que les banques centrales effectuent leur transition vers des politiques normales après une décennie de politiques accommodantes, ce qui pourrait faire baisser la devise américaine », ont déclaré des stratégistes menés par George Bory dans un rapport distribué aux médias cette semaine.

Le Bloomberg Dollar Spot Index a glissé pour atteindre son plus bas niveau en 3 ans vendredi, enregistrant une sixième semaine de repli consécutive par rapport aux autres devises majeures mondiales.

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Des taux plus élevés et la reprise économique ont attiré les capitaux étrangers sur les marchés américains du crédit à partir de la mi-2014. La tendance s’est étiolée l’année dernière alors que la baisse du billet vert impactait négativement les portefeuilles qui ne s’y étaient pas préparés.

Les afflux de capitaux étrangers sur le marché global de la dette US qui pèse 8,6 trillions de dollars ont baissé de 35 % en 2017, d’après les estimations de Wells Fargo.

Alors que les écarts de rendement des obligations américaines sont à leur plus bas depuis 2007, Wall Street ne partage pas ces craintes concernant une baisse de l’appétit étranger. La demande des petits investisseurs pour des actifs à revenu fixe est élevée, la performance économique est bonne tandis que les taux nominaux américains sont plus élevés qu’en Europe. La faiblesse du dollar rend l’achat de dette américaine meilleur marché pour les investisseurs étrangers, ce qui pourrait réduire l’attrait de vouloir assurer ces placements en investissant sur les marchés actions étrangers qui sont chers.

Mais tandis que les investisseurs étrangers ont amassé 39 % du stock de dettes existant après 3 années d’achats massifs, une vague de ventes par ces porteurs étrangers pourrait dissiper la bonne humeur qui règne sur les marchés du crédit, conclut Bory.

« Une période soutenue de ventes par les investisseurs étrangers en raison des changements sur les marchés des changes pourrait être un facteur assez déstabilisant pour le dollar américain et les marchés du crédit mondiaux. »

Source : Bloomberg