L’Argentine a démarré des discussions avec le FMI concernant un énième sauvetage financier alors que l’inflation grimpe et que sa monnaie s’écroule.

Buenos Aires semble se préparer à vivre un nouveau cauchemar économique tandis que les prix augmentent et que le peso argentin chute. La banque centrale a annoncé la semaine dernière un nouveau relèvement des taux, portés désormais à 40 %. Le but est de combattre une inflation sur 12 mois de 25,4 %, soit un chiffre plus élevé de 15 % par rapport à l’objectif. Simultanément, depuis le début de l’année, le peso a baissé de plus de 20 % par rapport au dollar.

« L’Argentine reste un pays problématique. En l’absence de réformes, il va avoir des problèmes », a déclaré Michele Gesualdi, CIO de Kairos Investment Management durant l’émission Squawk Box Europe de mercredi sur CNBC.

D’après Gesualdi, l’absence de réformes en Argentine a accentué ses problèmes économiques.

« Il y a eu beaucoup d’enthousiasme autour du président Macri, et bien franchement durant les 2 premières années, nous l’avons partagé dans nos décisions d’investissement. Mais, ensuite, le rapport risque/récompense est devenu moins attractif, les marchés actions semblaient être un meilleur choix. Mais, durant les derniers trimestres, Macri a de plus en plus déçu les investisseurs vu qu’il n’a pas tenu ses promesses de réformes », a déclaré Gesualdi.

Macri, de centre-droit, a été élu en 2015 sur base d’un programme de réformes. Cependant, il semble avoir du mal à gérer les problèmes économiques légués par ses prédécesseurs. Il a donc appelé le FMI à l’aide.

Graham Stock, stratégiste de Blueberry Asset Management, a déclaré que la décision de se tourner vers le FMI est une « décision positive ».

« C’est indubitablement une bonne chose… La Banque centrale d’Argentine a du mal à relever les défis de la gestion du peso et de l’inflation… L’administration Macri a adopté une stratégie très graduelle d’ajustements fiscaux », a-t-il déclaré à CNBC.

Le FMI est cependant un sujet délicat en Argentine. En 2001, ce pays a fait défaut sur sa dette (132 milliards de dollars). Le FMI, qui avait aidé l’Argentine à l’époque, a admis peu de temps après son intervention que son soutien au maintien de l’arrimage du peso au dollar avait prolongé la crise.

Suite à l’annonce de Macri, des gens ont manifesté contre une nouvelle intervention du FMI. Beaucoup d’Argentins sont encore traumatisés par l’effondrement économique qu’ils ont connu en 2001, selon Reuters.

« Le FMI dispose d’une réputation catastrophique auprès des Argentins. Il s’agit donc d’un énorme pari politique de la part du gouvernement », a déclaré Fiona Mackie, directrice régionale de l’Economist Intelligence Unit pour l’Amérique latine.

« Cependant, la nécessité de regagner la confiance des marchés semble être plus importante pour le gouvernement. Il espère pouvoir remettre sur les rails son programme d’ajustements dans les temps pour l’élection présidentielle de la fin 2019 », a-t-elle ajouté.

Simultanément, la patronne du FMI Christine Lagarde a annoncé, dans un communiqué, ce mardi, que l’Argentine est un « membre estimé » de son institution. « Des discussions ont été initiées afin de voir comment nous pouvons renforcer l’économie argentine. Ces efforts seront démarrés dès que possible », a-t-elle ajouté. (…)

Aucune information quant aux sommes qui pourraient être prêtées par le FMI, ainsi que les modalités, n’a été divulguée vu que les détails doivent encore être finalisés.

Source : article de CNBC.com, publié le 9 mai 2018