En 2017, l’économie européenne a enregistré sa meilleure performance en 10 ans. Cela ne risque cependant pas de se reproduire de sitôt.
On s’attend à un ralentissement important de la croissance européenne en 2018 en raison des frictions commerciales, des incertitudes qui planent autour du Brexit ainsi que des remous politiques qui minent la confiance en l’euro et qui mettent les banques sous pression.
« Ce cocktail de risques externes toujours plus aigus est une source grandissante d’inquiétudes », a déclaré Florian Hense, économiste de la banque Berenberg.
La BCE prévoit un ralentissement de la croissance à 2 % pour 2018 alors qu’elle fut de 2,5 % l’année dernière. L’Europe reste derrière les États-Unis en termes de croissance. L’activité est déjà en train de ralentir.
Une enquête IHS Markit réalisée auprès des acheteurs suggère qu’en octobre, l’Union européenne a connu son plus bas taux de croissance de ces 2 dernières années. L’étude indique que les guerres commerciales ont un impact négatif sur les exportations européennes. Pire encore, les perspectives de croissance ont atteint leur plus bas niveau de ces 4 dernières années.
« Il ne faut pas une grande dose d’incertitude mondiale pour faire chuter le moral et repousser les décisions d’investissement », a déclaré Stéphane Brown, économiste senior chez Capital Economics.
La BCE a néanmoins déclaré jeudi dernier que les chiffres économiques ne sont pas suffisamment négatifs pour remettre en cause son intention de mettre un terme à son QE en décembre. Dans les faits, elle a injecté, depuis 2015, 2,7 trillions d’euros dans l’économie européenne en achetant des obligations.
« Oui, l’élan est en train de faiblir… mais est-ce suffisant pour nous faire dévier de notre scénario de base ? La réponse est non », a déclaré Draghi aux journalistes. « Nous assistons à un léger ralentissement de la croissance, il ne s’agit pas d’un renversement », a-t-il ajouté.
Victime collatérale des guerres commerciales
Les États-Unis ont infligé à l’Europe de nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Mais les sociétés européennes sont également les victimes collatérales du conflit majeur entre les États-Unis et la Chine. (…) C’est notamment visible en Allemagne, qui exporte vers ce pays. La chambre de commerce allemande a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance, de 2,7 à 1,8 %. (…) Les constructeurs automobiles allemands font notamment partie des grands perdants.
Le Brexit bientôt effectif
Le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne en mars 2019. Pourtant, les sociétés européennes et britanniques restent dans le flou. Comment le commerce sera-t-il désormais organisé entre les 2 nouvelles entités ?
On craint qu’un divorce sans termes précis ne donne pas la visibilité nécessaire aux entreprises et aux investisseurs. (…) Par exemple, BMW va fermer son usine britannique MINI pendant un mois, car l’approvisionnement en pièces détachées est incertain. (…)
Situation trouble en Italie
La politique européenne menace également la stabilité économique. La Commission européenne a notamment recalé l’Italie sur son budget, car il prévoit des augmentations importantes des dépenses en violation des règles européennes. L’Italie devra corriger le tir ou payer des amendes.
Les investisseurs craignent une escalade des tensions entre Rome et Bruxelles, ce qui mettrait le fragile secteur bancaire italien sous une pression encore plus importante. Ce qui pèserait ensuite lourd sur une économie italienne déjà vacillante.
« L’Italie est la 3e économie de la zone euro. Son sort financier est donc important pour tout le bloc », a déclaré Catherine Brooks, directrice de la recherche de Capital Index.
Source : CNN