Le cours de l’or a bénéficié d’un nouveau petit coup d’accélérateur vendredi suite à la publication de chiffres de l’emploi jugés décevants aux États-Unis. Mais comment les marchés peuvent-ils réagir alors que la façon dont ces chiffres sont compilés est plus que contestable, le taux de chômage étant officiellement de 4,3% ?

Cela dit, pourquoi ne peut-on pas se fier à ces chiffres ? Pavel Velkov, CFA de Morningside Hill, l’explique en long et en large dans une lettre du 24 mai 2017 qui a été résumée par Lance Roberts du très bon site https://realinvestmentadvice.com :

« Le marché de l’emploi américain a été qualifié d’épine dorsale de la reprise et de la hausse des marchés. Pendant 82 mois d’affilée, le nombre d’emplois a augmenté si bien que le taux de chômage a atteint les 4,5%, soit le plus faible niveau enregistré depuis 2007. Cependant, cette vigueur de façade est remise en question par d’autres indicateurs économiques. Le président Trump a fait campagne en martelant « l’emploi, l’emploi, l’emploi ». Sa focalisation sur la création d’emplois et le rapatriement des jobs aux États-Unis a touché les électeurs. Rien que l’élection de Trump en elle-même contredit le scénario populaire affirmant que le marché américain de l’emploi est robuste et tendu. Les salaires, le revenu disponible, la croissance réelle des salaires ainsi que la basse croissance de la productivité et de l’activité économique en général remettent tous en question les chiffres du BLS et la perception de Wall Street d’un marché de l’emploi tendu.

Les faiblesses de la méthodologie

Vu que le rapport mensuel est attendu impatiemment en tant que chiffres économiques les plus importants pour les marchés financiers, il faut y plonger au plus profond pour vraiment comprendre ce qui se trame. Avant d’aller dans les détails, voici les grands enseignements que nous avons découverts :

  • Le BLS surestime systématiquement le nombre d’emplois créés, surtout à l’occasion de ce cycle économique.
  • Le BLS ne parvient pas à prendre en compte l’augmentation des emplois à temps partiel et d’emploi temporaire (intérim) alors que tous les éléments tendent à démontrer l’augmentation rapide et significative de ce que l’on appelle le « personnel externe ».
  • Les emplois à temps plein sont remplacés par des positions à temps partiel, si bien qu’un correspondant temps plein est compté deux ou trois fois par l’Establishment Survey.
  • 93% de toutes les créations d’emplois rapportées depuis 2008 et 40% des emplois depuis 2016 proviennent du modèle de création et de fermeture d’entreprises, un modèle hautement controversé dont les résultats ne coïncident pas avec les chiffres réels. Alors qu’au contraire, toutes les statistiques concernant les véritables créations de sociétés et leur disparition indiquent une baisse continue de l’entrepreneuriat.
  • Les inscriptions au chômage ont atteint récemment un plus bas de 43 ans, ce qui est censé prouver la vigueur du marché de l’emploi. Mais vu que les habitudes d’embauche ont changé de façon significative et que de plus en plus de gens ont rejoint les rangs des travailleurs intérimaires, les inscriptions au chômage ne sont plus un indicateur économique de premier plan. Les travailleurs qui vivent de temps partiels et de missions au contrat n’ont souvent pas droit au chômage. À la prochaine récession, les sociétés pourront baisser leurs frais de main-d’œuvre en congédiant ces travailleurs intérimaires sans que cela se répercute sur les inscriptions au chômage.

Conclusion

En général, nous avons découvert que les chiffres du chômage, de créations d’emplois et d’inscriptions au chômage sont des indicateurs macro-économiques peu fiables vu qu’ils ne sont pas en mesure de refléter les changements de dynamique du marché du travail.