Quel genre de président sera Donald Trump ? Va-t-il restaurer la grandeur de l’Amérique ou finir sur la longue liste des bons à rien, alimentée par ses prédécesseurs ? Cela reste à voir.

Il est désormais clair que si Donald Trump veut éviter de démarrer son mandat avec une crise économique similaire à celle qu’a connu Obama, il faudra rapidement contenir les taux d’intérêt à long terme. Pour y parvenir, il devra convaincre la supposée politiquement agnostique présidente de la Fed, Janet Yellen, de non seulement s’abstenir de relever les taux, mais aussi de démarrer un nouveau round d’achats de Treasuries à long terme, c’est-à-dire de lancer un  nouveau QE.

Le mouvement à la hausse des taux des Treasuries, depuis l’élection de Trump, est tout sauf tranquille. Cependant, le coût du crédit était déjà en hausse avant le 8 novembre. Le taux des obligations à 10 ans avait déjà commencé son ascension, après avoir connu un plus bas en juillet à 1,36%. Cela s’explique par le fait que les banquiers centraux étaient arrivés à une nouvelle conclusion : creuser la courbe des taux est préférable pour le système bancaire et la croissance économique, plutôt que de continuer à pousser les taux longs à la baisse. Le taux des obligations à 10 ans a grimpé jusqu’à 1,83%, la veille du vote, pour ensuite grimper jusqu’à plus de 2,3%, quelques jours après que l’Amérique ait choisi son président.

Mais pourquoi l’élection de Trump est-elle si mauvaise pour les prix des obligations ? Il y a 2 raisons à cela. Premièrement, les politiques de croissance de Trump (baisse des taxes des particuliers et des entreprises, en plus de la dérégulation) poussent les investisseurs à vendre des actifs à rendement fixe, pour investir dans les actions. Les actions de croissance offrent simplement un potentiel de meilleurs retours que le rendement offert par des obligations, affichant des taux historiquement bas. Deuxièmement, et plus important encore, l’administration Trump est hautement inflationniste, car son plan d’investissement dans les infrastructures d’un trillion de dollars, associé à sa proposition de reconstruire l’armée, creusera significativement les déficits annuels, au moins à court terme. À vrai dire, les déficits explosent déjà : le trou budgétaire de 2016 a bondi jusqu’à 587 milliards, en hausse par rapport aux 438 milliards de l’année précédente, soit une augmentation énorme de 34% (note : et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg, voir notre article sur le déficit réel des États-Unis sur l’année fiscale en 2016).

Des déficits qui explosent, et qui ne feront que creuser davantage la dette nationale, ont tendance à forcer la banque centrale à recourir à des politiques monétaires ultra accommodantes. Mais il n’y a pas que la dette américaine, de 20 trillions de dollars, qui mettra la pression sur la Fed afin qu’elle continue à créer de la monnaie. Le total de la dette non financière a augmenté de 33,1 trillions, fin 2007, à un chiffre record de 45,6 trillions de dollars, au premier trimestre 2016. Ce qui signifie que la dette totale, par rapport au PIB, a augmenté, passant de 226%, juste avant la grande récession, à plus de 250%, au début 2016. (…)

De plus, les mesures protectionnistes de Trump devraient soit introduire des droits de douane de 35% sur certaines importations, soit imposer la fabrication des produits aux États-Unis à des prix bien plus élevés. Par exemple, l’augmentation du prix de la main-d’œuvre, par rapport à des produits fabriqués en Chine, serait de 190%, en se basant simplement sur le salaire minimum fédéral. Ce qui signifie que l’inflation est en route.

L’incroyable bond de 50 points de base de l’obligation de référence, dans la foulée de l’élection, est la preuve de la débauche fiscale de Trump et de son impact inflationniste sur la nation.

La fin du marché haussier obligataire, long de 35 ans, approche. Les politiques commerciales de Trump, en conjonction avec son amour avoué de la dette, mettent une pression haussière significative sur le coût de l’argent. Donald va maintenant tenter de convaincre Janet Yellen d’inverser sa politique naissante de resserrage de vis monétaire, pour ramener les taux à zéro, et éventuellement lancer le QE 4.

Si les taux continuent de grimper, ce n’est pas uniquement les prix des obligations qui vont s’effondrer. Ce sera le cas de toutes les classes d’actifs qui ont été considérées comme étant « à rendement sans risque », avec pour leçon douloureuse que des politiques de taux quasiment zéro, durant les 90 derniers mois, n’étaient pas sans risque. Toutes les classes d’actifs, que les taux planchers ont si massivement faussées, incluent les obligations Corporate, les obligations municipales, les REIT, les CLO, les matières premières, les voitures de luxe, les actions, l’art, tous les actifs à rendement fixe et les produits apparentés. Lorsque l’économie mondiale s’effondrera, les prix de ces actifs suivront.

Pour info, la normalisation des rendements obligataires serait à long terme très saine pour l’économie. Elle est nécessaire pour corriger les énormes déséquilibres d’aujourd’hui. Cependant, le président Trump ne voudra pas être associé à la dépression qui résulterait de l’effondrement de l’immobilier, des actions et des obligations.

Mais le problème est qu’il demandera à Mme Yellen de faire exactement ce qu’il l’a accusée de faire durant sa campagne : à savoir d’être une marionnette politique du président. Si la Fed est vraiment apolitique, elle refusera poliment. Mais quoi qu’il en soit, Yellen et Trump ne comprennent pas que l’Amérique est handicapée par sa dette et accro aux bulles, ce qui requiert d’avoir des taux proches de zéro, au risque de faire imploser son ersatz d’économie. L’effondrement dévastateur de la bulle obligataire ramènera très rapidement Trump à la réalité. Et si Mme Yellen ne souhaite pas faire tourner la planche à billets, elle pourrait quitter son poste à la tête de la Fed bien avant la fin de son mandat, en février 2018.

Article de Michael Pento, publié le 15 novembre 2016 sur SafeHaven.com

Crédit photo : Plastic Jesus

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