La Russie s’affaire, de façon proactive, à tenter de minimiser son exposition à son ennemi numéro 1, les États-Unis, via de nombreuses façons. Notamment en remplaçant le dollar en tant que moyen de paiement pour l’achat de son pétrole, ainsi qu’en se débarrassant de ses obligations américaines.

Durant ces 6 dernières années, la Russie a réduit d’environ 50 % son portefeuille d’obligations américaines. Malgré cela, Moscou reste encore l’un des plus gros porteurs mondiaux de Treasuries.

La décision russe (imitée par l’Iran et la Turquie) d’abandonner le dollar en faveur de l’euro en tant que moyen de paiement pour ses factures de pétrole a été dictée par ce que Moscou a qualifié d’accès limité au billet vert en raison des sanctions économiques américaines à répétition.

La ruée russe vers l’or

Mais un autre indicateur montre encore plus clairement les intentions russes quant au dollar. Depuis ces dernières années, la Russie accumule de l’or comme jamais.

La Russie est engagée dans une série ininterrompue de 39 mois d’achats consécutifs d’or. On peut compter sur les doigts de la main le nombre de gouvernements qui ont effectué une telle série d’achats.

La Russie et la Chine possèdent les réserves d’or parmi les plus importantes de la planète.

Mais ce pays acheteur, qui est également un gros producteur, n’est toujours pas repu malgré ce rythme effréné d’accumulation. Le 3e producteur de métal jaune du monde a de grandes ambitions pour son secteur minier : la Russie souhaite augmenter sa production d’or de 50 % dans les 7 années à venir, et de près de 100 % d’ici 2030 (NDLR : c’est d’autant plus ambitieux que tous les experts prédisent une stagnation de la production mondiale, et même une baisse dans les années à venir en l’absence de révolution technologique).

La Russie a produit 8,8 millions d’onces d’or en 2017. Cela représente 8,3 % de la production mondiale, ce qui place la Fédération de Russie sur la 3e marche du podium des nations productrices d’or. Moscou souhaite extraire 8 millions d’onces supplémentaires d’ici 2030 afin de se hisser au niveau de la production chinoise, qui a doublé durant les 14 dernières années. En cas de statu quo des autres pays, cela placerait la Russie au second rang des pays qui produisent le plus de métal jaune, derrière l’Australie.

Pour atteindre ses objectifs, la Russie souhaite se focaliser sur les régions riches en or d’Amur et de Madagan, ainsi que sur la région de la ville sibérienne d’Irkutsk.

Impact minimal sur le cours de l’or

Les grandes ambitions russes concernant sa production d’or ne devraient cependant pas avoir un impact important sur les cours.

L’objectif qui vise à doubler sa production d’ici 2030 signifierait une augmentation d’environ 0,5 % de la production mondiale de métal. Ce qui serait loin d’être suffisant pour compenser la baisse de production ailleurs dans le monde, et encore moins pour faire baisser les prix. Entre 2017 et 2018, la production a progressé, passant de 3263 à 3268,7 tonnes. Il s’agit de l’augmentation annuelle de la production d’or la plus modeste depuis 2008.

La production d’or chinoise représente 15 % de l’or extrait chaque année dans les mines de la planète. La Chine, qui est le premier producteur mondial, pourrait déjà être au maximum de ses capacités de production. En 2017, l’empire du Milieu a enregistré une baisse de sa production de 9 %, après 9 années de croissance consécutive. Ce déclin de la production a été engendré par des normes sécuritaires plus strictes, qui ont découlé sur la fermeture de petites mines bancales.

On sait déjà que la production chinoise n’est pas suffisante pour satisfaire la demande locale. La situation pourrait même empirer. En 2017, la Chine a produit 420,5 tonnes d’or pour une demande locale de 953,3 tonnes. De plus, Pékin interdit l’exportation d’or.

Article d’Alex Kimani, publié le 6 juin 2018 sur SafeHaven.com