Article de CNBC.com, publié le 6 juillet 2016 :

« Le secteur bancaire italien paraît de plus en plus vulnérable, si bien que les analystes commencent à craindre un plongeon de la 3e économie de la zone euro, tout en avertissant des risques de panique bancaire, d’abaissements de note ainsi que de contagion au système bancaire européen.

« L’Italie pourrait être une menace plus importante pour la stabilité de la zone euro que le Brexit, » a déclaré Andrew Edwards, directeur général d’ETX Capital à Londres. « Le secteur bancaire branlant du pays pourrait anéantir tous les efforts de la BCE afin de sauver l’euro si le problème n’est pas géré correctement, » a-t-il rédigé dans une note publiée mardi.

« Contrairement à d’autres pays, l’Italie n’a pas effectué un nettoyage de printemps dans ses banques après la crise Lehman (note or argent : ce qui signifie que les actifs pourris n’ont pas été déplacés dans des bad banks ou rachetés par les banques centrales. Ce « nettoyage de printemps » a donc consisté en un « balayage la poussière sous le paillasson »), banques qui possèdent pour 360 milliards d’euros de crédits non performants, soit 1/3 de toutes les créances douteuses de la zone euro ainsi qu’environ 1/5 de tous les crédits des ménages en Italie, » a noté Edwards, mettant en lumière l’étendue de la fragilité des banques italiennes.

Alors que la tension sur les marchés et les remous se sont principalement focalisés sur la décision de la Grande-Bretagne de sortir de l’UE, les actions bancaires italiennes en ont vu de toutes les couleurs depuis le référendum.

Ce lundi, les titres bancaires ont replongé de plus belle après que Banca Monte dei Paschi di Siena, la doyenne des banques italiennes, ait dévoilé que la BCE l’avait avertie qu’elle devait réduire ses créances douteuses de 40 % dans les 3 ans. Malgré le bref répit de mercredi, après que le régulateur italien ait interdit de shorter les actions de BMPS, l’attention s’est désormais tournée sur la façon dont le secteur bancaire italien et son économie en général pourraient être sauvés.

Renflouement interne puis panique bancaire (bank run) ?

En début de semaine, des rumeurs affirmant que l’Italie pourrait enfreindre les nouvelles règles bancaires européennes en utilisant des deniers publics pour renflouer ses banques les plus en difficulté ont circulé, même si un porte-parole du gouvernement a réfuté ces spéculations. Les règles de l’UE stipulent que les épargnants, plutôt que les contribuables, doivent assumer le coût de tout renflouement.

Mais un tel scénario n’est pas du goût de Renzi vu le nombre de ménages qui seraient impactés par un renflouement interne. Les Italiens possèdent pour environ 29 milliards d’euros d’obligations dont la valeur pourrait s’évaporer ou être converties en actions si les banques devaient être sauvées, d’après un rapport d’avril de la banque d’Italie.

En cas de « bail-in », Edwards avertit que l’on pourrait assister à une panique bancaire similaire aux bank runs de Grèce et de Chypre, lorsque les épargnants se précipitèrent dans leur agence pour retirer leur argent avant la mise en place de mesures de contrôle des capitaux. (…)

Trop lourde pour être sauvée

La zone euro connaît très bien le principe du sauvetage : l’Irlande, la Grèce, le Portugal et l’Espagne ont tous bénéficié d’un plan d’aide financière, d’ampleur variable, depuis la crise de 2008. Le problème est que l’Italie est trop lourde pour être sauvée, alors que ses besoins d’argent sont trop importants.

Son énorme dette s’élève déjà à 132,7 % de son PIB, seule la Grèce fait mieux. (…) Coincée entre la colère des électeurs italiens (ainsi qu’un éventuel chaos financier) en cas de confiscation bancaire pour renflouer les banques (conformément aux règles européennes) et l’ire de l’Europe en cas de sauvetage avec de l’argent public, l’Italie « est coincée », d’après les analystes de Rabobank. (…) »

Pour compléter cet article, on ajoutera que Renzi, en réponse aux remous qui ne cessent d’agiter les banques italiennes, ne s’est pas privé pour envoyer une pique à l’Allemagne et à l’Europe en affirmant que « Si ce problème de crédit non performant vaut 1, le souci des produits dérivés sur le bilan d’autres banques, de grosses banques, pèse 100. Il s’agit de l’échelle : 1 et 100 » (source Reuters). Et il n’a pas tort. Si la situation de l’Italie est catastrophique, le reste est loin d’être reluisant. Mais l’Italie est l’arbre choisi pour cacher la forêt. Et force est de constater qu’après la Grèce, c’est à nouveau un pays de la périphérie qui est sacrifié pour créer un écran de fumée.

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