Article de Peter Schiff, publié le 17 novembre 2015 sur CNBC.com :

« Les statistiques de l’emploi américain de septembre, qui furent publiées au début du mois d’octobre, furent tellement mauvaises qu’elles permirent de convaincre la majorité des investisseurs que la Fed n’augmenterait pas les taux en 2015.

Étant donné que la plupart des investisseurs estiment que l’or grimpe lorsque les taux d’intérêt sont en dessous de l’inflation, c’est sans surprise que dans les deux semaines qui ont suivi la publication des chiffres, l’or a augmenté, passant de 1113 $ le 30 septembre à 1184 $ le 14 octobre, une hausse de 6,4 % mais cela ne dura pas. De nombreuses déclarations de la part d’officiels de la Fed augurant une hausse des taux ainsi que le communiqué supposé ferme de la réunion de la Fed d’octobre et des chiffres de l’emploi meilleurs que prévu en octobre ont convaincu la majorité des investisseurs et des économistes qu’une hausse des taux en décembre était plus que probable. Cela a renvoyé l’or d’où il venait, et même plus à 1075 $ l’once, soit une baisse de plus de 9 % en seulement deux semaines.

Les attaques terroristes tragiques de Paris ont ensuite initié une vague d’achat le lundi matin rappelant que les investisseurs se tournent rapidement vers l’or durant les périodes d’incertitude. Cela ne fut néanmoins pas suffisant pour permettre alors de dépasser les 1100 $ ; les marchés restent pessimistes à propos des perspectives de l’or. De nombreuses personnes affirment maintenant qu’une hausse des taux de 25 points de base en décembre sera le dernier clou dans le cercueil du métal jaune et l’enverra Dieu seul sait où.

Cependant, il y a peu de raisons de croire que l’or tombera encore plus bas même si la Fed baisse ses taux en décembre. Il y a de bonnes raisons d’affirmer que durant ces derniers mois l’or a formé un double plus bas (double bottom) et qu’il s’agit d’un excellent point d’entrée pour les investisseurs à long terme.

Soit la Fed augmentera ses taux de 0,25 % en décembre ou elle ne le fera pas. Ces deux scénarios sont en fait positifs pour l’or.

Le statu quo serait positif pour l’or, pour des raisons évidentes. Si la Fed n’agit pas, après avoir laissé les marchés croient à la hausse, elle perdrait toute crédibilité. Les investisseurs concluraient à raison que la Fed n’a fait que bluffer et que les taux resteront bloqués à zéro pour un bon bout de temps. Cela initierait sans aucun doute une hausse durable de l’or.

Et si la Fed augmente les taux en décembre ?

Mais si elle décide d’appuyer sur la gâchette, la plupart des investisseurs estiment que cela aurait pour conséquence de prolonger la chute de l’or. C’est cependant ignorer le fait que les investisseurs s’attendent à une hausse des taux depuis longtemps désormais et que l’or a déjà baissé de 40 % dans l’anticipation de cette hausse. Le marché de l’or a déjà intégré cette nouvelle et probablement même une hausse de plus de 25 points de base. Je pense que le cours actuel intègre déjà plusieurs centaines de points de base de hausses. Pourtant, tout ce qu’on l’on risque de voir à moyen terme, c’est un relèvement de 0,25 %.

Vu le ton indéniablement prudent de nombreux communiqués de la Fed, la fragilité de l’économie et des marchés ainsi que les élections présidentielles à venir, une éventuelle hausse des taux en décembre serait accompagnée par des communiqués extrêmement accommodants afin de faire passer la pilule. La Fed promettra probablement une grande prudence à propos d’une éventuelle hausse supplémentaire. En fait, il est fort probable que nous soyons confrontés à un langage suggérant un « acte sans lendemain ». Vu que de nombreux investisseurs vendent depuis longtemps en anticipation de cette première hausse depuis 10 ans, cela pourrait provoquer une réaction de type « achat de la rumeur et vente sur le fait accompli » qui provoquerait une hausse plutôt qu’une baisse de l’or.

Toute hausse des taux accélérera la fin du cycle d’expansion économique actuel pour nous rapprocher d’un nouveau cycle plus accommodant qui serait extrêmement positif pour l’or. Vu que les marchés ont tendance à anticiper, la première hausse des taux pourrait en fait pousser les traders à déjà intégrer la première baisse future des taux.

Le dollar lui-même n’a quasi pas cessé de s’apprécier depuis que les marchés ont conclu que la Fed s’oriente vers un serrage de vis monétaire. Il est défendable d’affirmer que le plus gros de la hausse du dollar a déjà eu lieu. Vu que la vigueur du billet vert est l’une des raisons qui expliquent la faiblesse de l’or, peut-être qu’une hausse de 25 points de base des taux américains n’est donc pas un événement aussi important que cela.

Hausse des taux => or en baisse ? Faux !

Mais pour ceux qui croient vraiment que la Fed va prendre le chemin très improbable d’une hausse des taux en série dans le contexte d’une économie qui ralentit durant une année électorale, il est instructif d’examiner comment se comporta l’or durant le dernier événement de ce genre. À partir de juin 2004, Alan Greenspan a relevé les taux de 25 points de base durant dix-sept réunions consécutives. Durant ces deux années, l’or a augmenté de façon presque ininterrompue, de 62 % (passant de 390 à 630 $). La croyance que des taux d’intérêt plus élevés sont mauvais pour l’or est donc un mythe.

Pour obtenir un impact réel sur l’or, nous aurions besoin de taux d’intérêt réels positifs, soit des taux supérieurs à l’inflation. Cela ne risque pas d’arriver de sitôt vu que l’économie américaine est trop endettée pour se permettre une hausse rapide. Les conditions devraient donc être positives pour l’or pendant un bon bout de temps. (…)  La retraite de l’or en dessous des 1100 $ est donc un cadeau inespéré pour ceux qui ont raté le point d’entrée d’il y a 6 semaines. »

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