Egon von Greyerz : « il y a quelques années, lorsque le problème grec est apparu, on s’est rendu compte que Goldman Sachs avait aidé la Grèce à maquiller l’état réel de ses finances à l’aide de produits dérivés.
Aujourd’hui, nous venons de découvrir que l’Italie a fait exactement la même chose. Ils ont fait l’acquisition de produits dérivés à la fin des années 90 pour satisfaire aux critères de l’euro. Cette position s’élevait à 31 milliards de dollars. Aujourd’hui, le pays est en perte de 8 milliards sur ces produits dérivés, soit 30 % de leur position.
Ceci ne fait qu’illustrer ce que je n’arrête pas de répéter, qu’une grande partie des produits dérivés du monde, qui s’élèvent à plus d’un quadrillion de dollars, ne vaut presque plus rien. Si on applique le cas de l’Italie à l’ensemble du marché, cela signifie qu’il y a des pertes pour 300 trillions de dollars. Ce chiffre ne me surprendrait pas du tout. Si c’est vrai, cela signifie qu’aucun acteur ne peut couvrir ces pertes. Cela signifie que le système financier dans son ensemble est en faillite.
Egon von Greyerz : QE à volonté pour couvrir les pertes des produits dérivés
C’est la raison pour laquelle on voit tous ces assouplissements monétaires avoir lieu. Malgré la propagande sur leur fin, ou sur leur diminution. Les banques centrales mentent donc à la population et cachent la vérité.
Pour continuer avec l’Italie, en ce moment 160 grandes entreprises sont en concordat judiciaire. L’Italie a une dette de 238 % de son PIB, mais c’est probablement plus à cause des pertes cachées sur ses produits dérivés.
Cela signifie que nous ne pouvons pas croire les chiffres du gouvernement. Cela signifie aussi que les banques sont virtuellement en faillite. Personne ne pourra rembourser tous ces montants. Les banques centrales, qui ont acheté énormément d’obligations, sont donc également aussi virtuellement en faillite.
Le bilan de la BCE a augmenté de 200 % sur les 11 dernières années. Celui de la Fed de 400 %. Celui de la banque centrale chinoise de 660 %, tandis que la banque d’Angleterre décroche la timbale avec 800 %. Son bilan est passé de 2 à 9 trillions de dollars. Cette dette ne pourra jamais être remboursée.
Il n’y a pas que les banques commerciales qui abusent de l’effet de levier, les banques centrales le font aussi. En France, c’est aussi le foutoir. Le Crédit Agricole utilise un effet de levier de 46 ! Il suffit donc de 2 % de prêts non remboursés pour voir tout le capital de la banque s’évaporer. Crédit Suisse utilise un effet de levier de 40, Deutsche Bank de 30.
Il suffit que ces banques aient des impayés de 2 à 5 % et c’est terminé. Il ne faut pas oublier qu’elles peuvent également évaluer leurs actifs sur une valeur fictive. Si les règles comptables étaient prudentes, la plupart des banques seraient probablement déjà en faillite.
En Chine, il y a de gros problèmes de liquidités. Cela va causer d’énormes problèmes à l’économie chinoise, car les banques ont arrêté de prêter. Tous ces problèmes vont entraîner davantage d’assouplissements monétaires, et non l’inverse.