Dans cette interview, Jean-Marie Eveillard, qui supervise la gestion d’un fonds de 65 milliards de dollars, donne ses impressions sur l’état du marché obligataire ainsi que sur le marché de l’or.

Eric King : « Apparemment, les Allemands viennent d’admettre que la BCE devra faire tourner la planche à billets, ils sont prêts à l’accepter. »

jean marie eveillard marché obligataireEveillard : « Eh bien, vous savez que les Allemands, après avoir dit non, ont toujours fini par suivre l’opinion des français, italiens espagnols et autres. Ils se plaignent, mais finissent par presque toujours capituler. Je ne suis même pas sûr que la population allemande soit au courant que l’Allemagne, et donc le contribuable allemand, est déjà redevable d’un certain montant. Je ne serai également pas surpris de savoir que Mario Dragi ait mis les Allemands sous pression afin de faire tourner la planche à billets.

On continue de suivre le même modus operandi. L’Allemagne dit non, puis finit par plier. C’est ce qui se passe encore dans ce cas de figure. C’est vrai que la BCE n’avait pas fait tourner la planche à billets pendant un certain temps, mais maintenant, ils ont relancé la machine. Comme toutes les banques centrales à travers le monde.

Lorsque la crise financière a éclaté en 2008, Obama et Bernanke ont déclaré : « nous ferons le nécessaire » (pour surmonter la crise). Il est vrai qu’il ne faut pas croire les politiciens sous parole, car ce sont des menteurs professionnels, mais quand ils disent qu’ils « feront le nécessaire » en ce qui concerne les marchés financiers, ils pensent ce qu’ils disent.

Ils ont réussi à éviter de gros problèmes, mais c’est temporaire. Aujourd’hui, toutes les banques centrales ont recours à la planche à billets, ce qui entraîne une dévaluation de toutes les monnaies. La Fed le fait, la banque du Japon le fait, et maintenant la BCE.

C’est évidemment l’argument massue pour posséder de l’or : il s’agit d’une assurance contre les devises traditionnelles. Aucune d’entre elles n’est digne de confiance, que ce soit l’euro, le yen ou le dollar.

E. King : « Les Japonais sont engagés dans un assouplissement monétaire énorme et achète des obligations américaines. Le marché obligataire japonais est également en train de se détériorer. Qu’en pensez-vous ? »

Jean-Marie Eveillard : « Les Américans se demandent : mais que se passe-t-il ? Ils voient bien le marché obligataire japonais se détériore méchamment. Par contre, je pense qu’ils estiment que le marché obligataire américain est toujours OK. Mais si une banque centrale fait tourner la planche à billets, notamment pour acheter des obligations à long terme, cela permet de maintenir des taux bas. Mais, par la suite, si trop d’argent est créé, la monnaie sera dévaluée, ce qui signifie que les obligations perdent de la valeur. Les assouplissements monétaires sont donc en définitive très mauvais pour le marché obligataire. »

E. King : « Cela va-t-il entraîner une catastrophe financière au Japon ? »

« Il y a un risque. Les investisseurs commencent à dire : « ils veulent une inflation de 2 %, au lieu d’une déflation modeste. En cas de réussite, pourquoi les obligations japonaises à 10 ans devraient avoir un rendement inférieur à 1 %. ? Donc oui, il y a un gros risque de catastrophe au Japon, mais le marché américain des obligations n’est pas non plus à l’abri, même si le risque est moindre. »

Source : KWN

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