Traduction d’extraits de l’interview accordée par Charles Biderman (TrimTabs) à Finanz und Wirtschaft :

Quand la Fed va-t-elle augmenter ses taux, selon vous ?

Si on se base sur les chiffres économiques, elle ne risque pas de le faire de sitôt. Elle pourrait tout de même décider de le faire juste un peu pour jauger les conséquences mais si la Fed dépend des statistiques économiques, comme la présidente Yellen se plaît à le répéter, je ne la vois pas augmenter de sitôt les taux.

Pourtant, Janet Yellen a déclaré qu’elle a toujours l’intention d’augmenter le taux cette année

Nos indicateurs macro-économiques suggèrent que la croissance fut quasi nulle durant les 6 derniers mois, séquentiellement. Je ne vois vraiment pas d’où pourrait venir la croissance. Par exemple, les ventes automobiles sont l’un des secteurs de l’économie américaine qui se portent le mieux mais la croissance fut obtenue grâce à des crédits subprimes. Ils ont offert des capacités supplémentaires aux acheteurs de voitures et vous savez ce que cela va donner !!! Nous avons déjà entendu la chanson avec la crise des subprimes de l’immobilier. Il y a aussi ces 100 milliards de dollars de dettes supplémentaires en provenance des prêts étudiants qui s’accumulent chaque année et que les gens utilisent pour vivre. Cette dette ne sera jamais remboursée.

L’emploi semble tout de même se comporter mieux. Depuis le début de 2014, 240.000 emplois ont été créés en moyenne chaque mois.

C’est pourtant le seul indicateur positif. Donc, au lieu de vous interroger sur la validité des autres chiffres, pourquoi ne pas plutôt vous interroger sur celui-ci ? Il n’est pas fiable et pour cela vous devez comprendre d’où il vient : le gouvernement questionne environ 160.000 employeurs dont notamment les grandes agences gouvernementales et les grandes entreprises. Ils affirment qu’ils suivent aussi les PME mais en réalité c’est une tâche très difficile. Ils reçoivent peut-être 100.000 réponses, il s’agit donc d’une enquête qui ne concerne qu’une petite minorité des millions d’employeurs des États-Unis. Ce que je trouve incroyable, c’est que tout le monde relaie ce chiffre sans chercher à savoir d’où il vient. Tous les autres indicateurs sont mauvais mais personne ne semble s’en soucier.

Quelle est alors la gravité de la situation ?

Je pense qu’une récession mondiale est inévitable. Comment savoir que nous nous dirigeons vers un tel scénario ? L’effondrement des matières premières est un premier signe. La baisse initiale des taux d’intérêt et la décision de la Chine de construire des millions de logements qui seront vacants ont créé une reprise de l’activité économique. En raison de celle-ci, le baril a franchi la barre des 100 $, le minerai de fer et les autres matières premières ont augmenté. L’offre de toutes ces matières premières a alors augmenté vu que la construction de nouvelles capacités de production ne coûtait presque rien mais maintenant que la demande stagne, nous avons un excédent de capacité.

Quelles sont les conséquences de cela ?

En ce moment, nous vivons dans un monde imaginaire. La dette ne peut être la source principale de la croissance. Si la demande finale ne reprend pas, les créances douteuses sont trop importantes. Tant qu’il y aura un excédent de capacité dans le secteur des matières premières, cela signifie beaucoup de créances douteuses dans le système. Cela signifie des gouvernements incapables de rembourser leur dette sans contracter de nouveaux emprunts soit des créances douteuses financées par les banques centrales. Par exemple, si vous regardez les sommes investies par les banques chinoises dans l’immobilier, il n’y a aucune chance qu’elle soit remboursée. La Chine est en faillite.

Mais après tout, les choses en Europe vont un peu mieux depuis que la BCE a lancé son QE.

Oui, il y a un petit regain d’activité en Europe mais où serait le Vieux Continent sans la baisse du cours du pétrole et de l’euro ? Il n’est pas possible d’atteindre la prospérité par la dévaluation.

Existe-t-il une solution à ce dilemme ?

Quasi tous les gouvernements sont en faillite. Vu la contraction économique, on pourrait penser que le monde aurait réduit sa voilure économique. Il y a pourtant plus de dettes aujourd’hui dans le système qu’au pic de 2007. Aux États-Unis, par exemple, la valeur actuelle de toutes les obligations futures représente environ 70 trillions de dollars (Medicare, Medicaid, les retraites des fonctionnaires et la sécurité sociale). Une somme supérieure aux avoirs nets des États-Unis. Le remboursement de cette dette est donc impossible. Pour y parvenir, il faudrait une croissance annuelle supérieure à 10 %, ce qui n’arrivera pas. C’est pourquoi nous allons passer un mauvais quart d’heure lorsque nous allons réaliser que l’empereur est nu : tout l’argent créé par les banques centrales ne vaut rien.

Quand allons-nous le réaliser ?

Personne ne le sait jusqu’au jour où cela arrive. Et quand cela arrivera, tout le monde admettra que cela était inévitable grâce au recul. Tant que le nombre d’actions disponibles sur le marché décline, la bourse progressera dans l’indifférence générale. C’est pourquoi je reste bullish à court terme même si une grosse correction nous attend à long terme. (…)

Quelle est la composition de votre portefeuille ?

40 % de mes actifs sont investis dans l’ETF TrimTabs Float Shrink (qui investit dans des sociétés qui réduisent le nombre d’actions disponibles et augmentent leur trésorerie). L’or représente 5 à 10 %, 10 % dans des obligations à long terme à l’abri de l’inflation. Le reste consiste en des actions comme salesforce.com, Facebook, Amazon et Apple.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici