Le grand jour est enfin arrivé : nous allons finalement savoir si le Royaume-Uni reste dans l’Union ou la quitte. Contrairement à nos habitudes, nous allons nous lancer dans un pronostic : c’est le maintien qui va l’emporter, d’une courte marge. « À l’autrichienne », nous aurions presque envie de dire. Jim Rickards est moins catégorique et explique dans cet article publié sur DailyReckoning.com pourquoi les cotes des bookmakers, annonçant une victoire massive du statu quo, doivent être prises avec des pincettes  :

« Il y a quelque chose de bizarre qui se passe autour du processus de prévision des résultats du Brexit.

Les sondages montrent que les partisans du maintien et du départ sont au coude à coude, c’est du 50/50. L’écart est trop faible pour définir une issue. Par contre, les sociétés de paris annoncent le maintien à 75 % contre 25 % pour le départ. Comment expliquer un tel écart ?

Un vieux dicton dit : apprendre un peu est parfois dangereux. Ce qui signifie que l’ignorance de quelque chose n’est pas importante tant que vous êtes conscient de votre ignorance et que vous agissez en conséquence. Si vous disposez de l’expertise, vous pouvez alors l’exploiter.

Le danger réside lorsque vous pensez que vous êtes un expert, mais que vous ne l’êtes pas. C’est à ce moment-là que vous risquez de vous retrouver dans les ennuis. Cela résume bien la façon dont de nombreux soi-disant experts interprètent de façon erronée les paris sur le référendum britannique.

La première chose à comprendre est que les bookmakers tentent autant que possible de ne pas prendre position sur le référendum. Ils sont un intermédiaire censé équilibrer les 2 parties. Les cotes des bookmakers ne sont pas le fruit d’un calcul « parieurs contre la société », mais elles équilibrent les paris de ceux qui votent sur les 2 résultats possibles. Tout comme le marché fait évoluer les prix en fonction de l’intérêt des acheteurs et des vendeurs.

Le second élément à prendre en considération est que les cotes ne sont pas le reflet direct du nombre de paris en faveur du maintien et du départ. Si le maintien dispose d’une telle avance, c’est parce que les mises sur ce résultat sont plus importantes. Ce qui reflète probablement que ces parieurs se trouvent principalement du côté des banquiers et des élites alors que ceux qui misent sur une sortie de la Grande-Bretagne l’Union européenne sont des citoyens lambda. Si chaque pari était enregistré avec une valeur 1, la cote serait fortement en faveur du départ.

Il faut également bien comprendre que si les bookmakers donnent 75 % de chances de voir la Grande-Bretagne rester dans l’Union, cela ne signifie pas que 75 % des votants feront ce choix. Cela signifie qu’ils estiment que le maintien dans l’Union recevra au moins 50,01 % des voix. Autrement dit, ces parieurs prédisent peut-être des résultats serrés tout en pensant connaître l’issue. Il s’agit d’un pari très risqué qui est probablement le reflet de nombreux biais cognitifs (aversion au risque, déni, etc.).

Pour finir, et plus important encore, un sondage électoral n’est fiable que lorsqu’il est représentatif de l’électorat. Un sondage permet de cerner les intentions des votants. Les cotes des sociétés de paris indiquent ce que les parieurs anticipent. Dans ce dernier cas, la marge d’erreur est donc bien plus élevée.

Ainsi les parieurs ne sont pas représentatifs des votants, et si les paris ne sont pas de valeur égale, les cotes risquent bien de fortement dévier par rapport au résultat. À titre d’exemple, nous pouvons citer les élections parlementaires de 2015, lorsque les cotes des bookmakers donnaient  au parlement 85 % chances de conserver sa majorité alors qu’en fait, les Travaillistes obtinrent une victoire retentissante. (…)

Pourquoi tout ceci est-il important si vous êtes un investisseur ? Parce que les marchés prennent fortement considération les cotes des bookmakers. Durant ces derniers jours, nous avons connu des hausses de la livre sterling et des actions ainsi qu’une baisse de l’or. Les marchés anticipent la victoire du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. Il se pourrait que ces mouvements soient orchestrés par les riches banquiers et les institutions, en faveur du maintien, et qui ont placé ces paris. Si les marchés se sont positionnés pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne alors qu’il s’agit de 50/50, investir dans des actifs qui bénéficieraient de la sortie du Royaume de l’Union pourrait représenter un excellent compromis risque/récompense. »

Peut-être. Nous restons tout de même convaincus que le statu quo sera voté, de peu.

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