Avant de tomber en faillite, Lehman Brothers possédait pour 639 milliards d’actifs. On pensait que cette banque était « too big to fail ». Actuellement, Deutsche Bank dispose d’un bilan 3 fois plus élevé, d’environ 1,7 trillion de dollars, mais son futur est incertain. Le résultat net de la banque a plongé de 80 % par rapport à ses chiffres de 2017. La FED a évoqué les « difficultés » de la branche américaine de Deutsche Bank. Cela pourrait bien être un euphémisme.

La complication de la situation de Deutsche Bank, en combinaison avec des niveaux de dette sans précédent, pourrait engendrer un chaos économique et financier. Deutsche Bank est un exemple parmi d’autres grandes banques qui sont en difficulté. D’autres la talonnent.

Les erreurs de gestion ont fortement handicapé les opérations américaines de Deutsche Bank. Cela fait des années que cela dure. La FED a critiqué la succursale américaine de DB en 2014 en raison de ses résultats financiers inexacts, ainsi que de violations. En 2015, 2016 et 2017, la FED a exigé des mesures correctives, mais qui n’ont pas été prises par DB.

Lorsque le titre de la banque allemande s’est effondré, S&P a abaissé la note de la banque de A- à BBB+, une note non loin de la zone d’alerte. Standard & Poor’s s’était notamment justifiée en citant le leadership instable et souvent remodelé de la banque, ainsi qu’une performance généralement mauvaise.

Deutsche Bank est loin de reconnaître tous ses problèmes. Son nouveau CEO, Sewing, s’est adressé à son personnel après la baisse de la note de sa banque. Il s’est voulu rassurant quant à la solidité sous-jacente de son institution et aux stratégies futures. Après son discours, Deutsche Bank fut forcée d’annoncer une baisse de son chiffre d’affaires de 5 % ainsi qu’une baisse de son résultat net de 79 %. Sewing aurait-il été un brin trop optimiste ?

Les pertes de la banque en 2017 se sont élevées à 497 millions d’euros, alors que les analystes de Reuters planchaient sur 290 millions. Si Deutsche Bank souhaite survivre, elle devra changer radicalement. Mais comment y parvenir si elle ne reconnaît pas les problèmes qui la minent ?

Tandis que Deutsche Bank semble marcher dans les pas de Lehman Brothers, la comparaison avec Fannie Mae ou Freddie Mac est peut-être plus judicieuse. Jusqu’à présent, le gouvernement allemand a nié l’existence de tout plan visant à sauver Deutsche Bank, mais cela devrait changer. La plus grande banque d’Allemagne est plus critique à son économie que Fannie Mae ou Freddie Mac l’étaient à l’économie américaine. De plus, le gouvernement allemand ferait l’acquisition des actifs de Deutsche Bank à prix cassé. Il est très peu probable que la chancelière Merkel puisse résister à la tentation. De plus, permettre la faillite de Deutsche Bank aurait des conséquences catastrophiques pour l’Allemagne et néfastes pour l’économie mondiale.

Avec l’ombre d’une crise financière qui plane à nouveau, l’Allemagne s’intéresse à l’or. Historiquement, il s’agit de l’assurance la plus fiable contre l’inflation. Il se trouve que la Banque centrale allemande, la Bundesbank, a rapatrié 583 tonnes d’or récemment (pour une valeur de 31 millions de dollars) et ce, avec quelques années d’avance sur le planning.

Deutsche Bank n’est pas l’unique banque européenne dont les actifs sont surévalués. Si la banque allemande poursuit sa chute, d’autres institutions seront affectées. C’est la raison pour laquelle le métal jaune semble être un excellent investissement contre tout effet domino. Deutsche Bank souffre d’un manque de confiance, et non sans raison. L’or pourrait rassurer les investisseurs.

Source : GoldTelegraph.com