Article de Ronald-Peter Stoeferle, publié le 12 juillet 2016 sur KWN :

« Il est bien connu que la planification centrale de l’économie est un système qui ne fonctionne pas. Pourquoi la planification centrale des politiques monétaires pourrait-elle alors marcher ? Les banques centrales font face au dilemme suivant : elles ont dopé artificiellement les marchés avec leurs politiques de taux planchers ; aujourd’hui, elles souhaitent les normaliser alors que toute tentative de normalisation fait chuter les marchés, comme le montre l’illustration ci-dessous.

taux cercle vicieux

Les taux planchers ont créé l’illusion d’une économie saine, illusion qui s’évaporera dès que les taux atteindront des niveaux normaux. Les marchés se sont habitués aux taux planchers ; s’ils sont supprimés, les prix des actifs plongeront alors que c’est justement ce genre de séisme boursier qui a déclenché les 2 dernières récessions mondiales. La bulle actuelle, encore plus prononcée, risque de subir le même sort en cas de relèvement des taux.

La leçon qui aurait dû être tirée de la crise est que le système doit être stabilisé. Au lieu de cela, depuis 2008, c’est exactement le contraire qui a eu lieu. En empêchant le changement, les banques centrales ont fragilisé le système, dont la vie ne tient plus qu’à un fil. La dette mondiale a augmenté de 40 % depuis 2007, une tendance qui s’est désormais propagée aux marchés émergents, surtout en Chine. Les bilans des 5 plus grosses banques américaines sont significativement plus chargés qu’en 2008, alors que leur exposition aux produits dérivés a nettement augmenté. D’après le Conseil de Stabilité Financière, il existe aujourd’hui 29 banques « too big to fail », que l’on ne pourra de plus pas sauver en cas de souci. Aucune baisse de taux ou injection ne pourra nous protéger de la prochaine crise bancaire.

L’or est tout le contraire de tout cet imbroglio, composé de montagnes de crédit. Par nature, l’or est l’opposé de la complexité. Pas uniquement parce que l’or doit être extrait physiquement du sol et que son offre mondiale est excessivement stable. (…)

Les QE vs l’or

Pour mettre en perspective l’ampleur des programmes d’assouplissement quantitatif des banques centrales, nous allons les comparer avec la production d’or mondiale. Au prix de 1200 $ l’once, la BCE pourrait avoir acheté 4698 tonnes d’or rien que durant le premier trimestre 2016 sur base de l’ampleur de son QE. Ce qui signifie qu’au T1 2016, la BCE aurait pu acheter 6 fois la production mondiale d’or de ce trimestre.

Si le QE européen se poursuit comme prévu, il équivaudrait, sur base d’un cours de l’or stable, à 21.609 tonnes d’or, soit environ 12 % de tous les stocks d’or disponible à la surface, qui ont été extrait durant quelques milliers d’années. Si on ajoute à ces volumes les actifs acquis par la banque du Japon via ses QE, on obtiendrait des achats d’or de 39.625 tonnes rien qu’en 2016. Incroyable mais vrai, la BCE et la BoJ créent en 30 jours une quantité de monnaie suffisante pour acheter la production mondiale annuelle d’or.

Oui, l’or est entré dans un nouveau marché haussier, qui le propulsera vers un nouveau record historique. La formidable hausse enregistrée durant le premier trimestre nous indique ce qui nous attend pour l’or, mais aussi pour les marchés en général. »

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