Le World Gold Council nous a habitués à ses rapports prévisionnels pour les années à venir ou faisant le bilan de l’année précédente. Mais cette fois, l’organisation qui rassemble tous les grands acteurs du marché de l’or s’est lancée dans un exercice difficile, à savoir tenter de prédire où en sera le marché de l’or dans 30 ans. Nous n’allons pas traduire le rapport de 51 pages. Voici son résumé tel que publié sur le site du WGC, ainsi que quelques morceaux choisis :

« Le rapport Gold 2048 a rassemblé une équipe d’experts du secteur de l’or en provenance des 4 coins du monde pour analyser les développements qui pourraient animer le secteur dans les 30 années à venir.

Les anticipations clés d’auteurs tels que George Magnus, économiste senior, Rick Lacaille, Global Chief Investment Officer de State Street Global Advisors, et Michelle Ash, Chief Innovation Officer de Barrick Gold, incluent notamment :

  • Les rangs des classes moyennes qui s’étoffent en Chine et en Inde, en combinaison avec la croissance économique mondiale, auront un impact significatif sur la demande d’or ;
  • L’utilisation du métal jaune dans les secteurs tels que l’énergie, la santé et la technologie évolue rapidement. La position de l’or en tant que matériau de choix devrait continuer de se renforcer tout en évoluant dans les décennies à venir ;
  • Les applications mobiles qui permettent aux particuliers d’acheter, de vendre, d’investir et de faire des cadeaux en or se développent rapidement en Chine et en Inde ;
  • Les problèmes sociaux et environnementaux vont jouer un rôle de plus en plus important dans les méthodes de production minière.

Le secteur minier de l’or devra relever le défi d’être en mesure de produire des quantités similaires aux volumes produits durant ces dernières décennies. »

Voici pour le résumé de ce rapport très fourni.

L’impact des pays émergents sur la demande d’or

Vous le savez désormais, l’Inde et la Chine sont les 2 pays où la demande d’or est la plus forte, et de loin. Même si ces pays font face à des défis économiques, George Magnus estime que c’est du côté de ces nations que l’on va trouver le plus de croissance économique dans les années à venir. Cela s’explique notamment par la marge de progression potentielle de ces pays émergents, ne fut-ce que pour combler leur retard par rapport aux pays développés. L’Inde et la Chine ont également des facteurs concrets qui jouent en leur faveur, comme la démographie pour le premier cité. Même s’il faudra voir comment des paramètres tels que la robotisation auront un impact sur la croissance de ces pays, le constat reste le suivant : « La plupart des analystes s’attendent à ce que l’émergence des classes moyennes dans les pays développés soit la grande tendance du quart de siècle à venir. »

La production d’or : un challenge à relever

La production d’or s’est diversifiée, géographiquement parlant. Notre article de demain fera le point sur l’or disponible sur la planète (et même dans l’espace), mais comme l’indique déjà le WGC, les réserves aisément exploitables s’épuisent rapidement. Durant les 30 dernières années, la production mondiale d’or a quasiment doublé. Il sera difficile de poursuivre sur cette voie, ou même se stabiliser, car en vertu des densités actuelles d’or par tonne de minerai traité, il reste pour environ 15 années de production aux volumes actuels au secteur minier. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus d’or à exploiter après cela. Mais il s’agira de gisements non rentables aux cours actuels. Les mines ont tendance à exploiter les sites les plus rentables, les gisements les plus accessibles.

À moins d’une révolution technologique, on peut s’attendre donc à la stagnation de la production annuelle d’or, voire même à la baisse de celle-ci. La conclusion de Mark Fellows de Metals Focus est claire : on se dirige plus que probablement vers une baisse de la production d’or.