Si Powell est critiqué aux États-Unis pour sa volonté de relever les taux américains, que dire de la BCE, qui n’a même pas encore commencé et à qui on demande déjà d’attendre en raison des risques de récession qui plane malgré un taux à -0,4 % … Cela n’augure rien de bon, comme l’indique cet article de Reuters :

« D’après les économistes interrogés par Reuters, la BCE devrait attendre jusqu’au 4e trimestre de cette année avant d’augmenter son taux directeur. Ces mêmes économistes estiment que les chances d’une récession en zone euro ont augmenté.

Les sondages de Reuters depuis juin 2018 prédisent qu’après la fin du QE de décembre 2018, la BCE devrait remonter son taux directeur à partir du 3e trimestre 2019, conformément au plan communiqué par la BCE.

Mais toute une série de chiffres économiques faibles  ̶  notamment le fait que la locomotive de l’économie européenne, l’Allemagne, a flirté avec la récession durant le second semestre 2018  ̶  suggère que la croissance a ralenti, ce qui persuade les économistes qu’il faut repousser la date.

Ils ont également revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour l’Allemagne, la France et l’Italie par rapport à octobre.

« Si une récession en bonne et due forme sera probablement évitée cette année, un ralentissement plus brusque que prévu aux États-Unis ou une escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourrait être suffisant pour provoquer une petite récession », a déclaré Andrew Kenningham, économiste en chef pour la zone euro de Capital Economics.

On s’attend désormais à ce que la BCE relève son taux directeur, actuellement à – 0,4 %, jusqu’à -0,2 % durant le T4 2019. Un taux directeur zéro ne serait alors atteint qu’en 2020.

Le dernier sondage de Reuters a eu lieu dans un contexte de conditions financières qui se resserrent et de l’imminence du Brexit malgré l’absence d’accord sur les modalités.

« Pour la zone euro, le Brexit est également un risque important, cela pourrait entraver les exportations vers la Grande-Bretagne. Il s’agit donc d’un facteur additionnel qui pourrait peser sur la croissance », a déclaré Peter Vanden Houte, économiste en chef pour la zone euro d’ING.

Seulement 2 participants au sondage ont prédit une récession en 2020. Mais les probabilités d’une récession dans les 2 prochaines années ont grimpé de 30 à 35 % durant le sondage de décembre. Il s’agit d’un record depuis l’introduction de cette question en juillet, ainsi que la seconde fois d’affilée que ce chiffre augmente.

Plus d’un tiers des économistes interrogés estime que les chances de récession sont d’au moins 40 %. (…) Cependant, la majorité est loin d’être convaincue.

« Vous avez besoin de certaines préconditions pour qu’une économie tombe en récession, et en ce moment je ne les aperçois pas », a déclaré Elwin de Groote, responsable de la stratégie macro chez Rabobank.

« Il y a clairement des risques qui existent, mais nous estimons sur base des chiffres des derniers trimestres qu’une partie au moins de cette faiblesse est probablement temporaire. »

Mardi, Mario Draghi a déclaré que la zone euro ne se dirigeait pas vers une récession, mais qu’elle avait besoin du soutien de la BCE vu que le ralentissement économique pourrait durer davantage que prévu.

La BCE a mis un terme à son QE de plus de 2,6 trillions le mois dernier, tout en laissant la porte ouverte en cas de besoin. Les 70 économistes interrogés par Reuters s’accordent tous à dire que la BCE ne redémarrera pas son QE en 2019.