La FED a peut-être pris la bonne décision pour l’économie américaine en mettant en marche la normalisation des taux, mais pour les sociétés étrangères et les gouvernements qui ont emprunté des trillions de dollars américains, l’ajustement pourrait être douloureux.

En raison notamment d’une période prolongée de taux d’intérêts américains extrêmement bas, les emprunteurs du monde entier se sont lancés dans une frénésie du crédit durant la plus grande partie de la dernière décennie, les rendant plus vulnérables que jamais aux décisions de la FED. Au mois de septembre, les sociétés non-financières et les gouvernements étrangers détenaient une dette globale de 10,5 trillions de dollars, d’après la BRI. Cette somme représente plus du triple par rapport à septembre 2004, la dernière fois que la FED s’engageait dans un cycle de relèvement des taux. Voir le graphique ci-dessus.

Si la FED se tient à son plan de relever son taux directeur de plus d’un pour cent d’ici la fin de l’année prochaine, l’augmentation de la charge de la dette pourrait entraver la croissance et peser sur les finances des emprunteurs dans de nombreux pays, de la Grande-Bretagne à la Chine. Cela pourrait également découler sur des pertes pour les investisseurs qui possèdent cette dette, surtout en raison du fait que les échéances des obligations libellées en dollars – dont la valeur dépend des taux – n’ont plus été aussi longues depuis au moins deux décennies. L’augmentation des taux de 1 %, par exemple, réduirait de 500 milliards de dollars la valeur des obligations inclues dans l’indice Bank of America Merrill Lynch U.S. Dollar Global Corporate and High Yield Index. Voici un graphique indiquant comment ces chiffres ont changé au fil des ans (grâce à la combinaison de l’augmentation de la dette libellée en dollars et de l’allongement des échéances) :

Les effets globaux de ces pertes dépendront largement d’où le risque est concentré. S’il est disséminé parmi de nombreux investisseurs aux reins solides, les conséquences pourraient être anodines. Si le risque est concentré dans des banques faiblement capitalisées, les conséquences pourraient être sérieuses. Dans tous les cas de figure, les répercussions devraient finir par atteindre les marchés et la croissance américaine. Ce qui signifie que la FED ne devra pas perdre de vue cette dette libellée en dollars avant de prendre ses décisions.

Source : article de Mark Whitehouse, publié le 19 mars 2017 sur Bloomberg