Les soucis récents de financement à très court terme des institutions américaines ne se dissipent pas, au contraire. Bond du prix du pétrole, remous sur les marchés obligataires, resserrement quantitatif… Personne n’a vraiment l’explication. Ce qui est sûr, c’est que certaines entités sont en difficulté, et que leurs pairs qui ont des liquidités sont réticents à l’idée de les prêter, alors que les réserves des banques américaines restent à des niveaux très importants.

Mme Yellen nous avait promis que le resserrement quantitatif serait aussi ennuyeux « que de regarder de la peinture sécher ». Manifestement, elle s’est trompée. Selon les stratégistes de Morgan Stanley, ces problèmes ne sont pas prêts d’être réglés, ce qui obligera la FED à abandonner son resserrement quantitatif pour poursuivre la voie inverse (source CNBC) :

Les achats d’actifs de la FED vont probablement totaliser 315 milliards de dollars dans les 6 mois à venir alors que la Banque centrale américaine tente de stabiliser les marchés de financement à un jour afin de contenir les taux dans les écarts prévus par son taux directeur, selon les projections de Morgan Stanley.

Ces opérations permanentes seront nécessaires car les achats temporaires actuels ne seront probablement pas suffisants pour stabiliser le marché des repos, selon la banque. Il y a un mois, la FED a mis en pause un processus qui a mené à une réduction de plus de 600 milliards de dollars de la taille de son bilan, principalement des Treasurys et des titres adossés à des créances hypothécaires (MBS), des actifs achetés dans le cadre de son effort pour sortir l’économie américaine de la crise financière.

« Nous maintenons que ces opérations temporaires de repo ne seront pas une solution suffisante à long terme pour répondre aux pressions récentes sur le marché du financement à court terme, a écrit le stratégiste de Morgan Stanley Kelcie Gerson dans une note. En bout de course, la FED devra augmenter la taille de son bilan de façon permanente. »

Les prévisions de Morgan Stanley sont quelque peu inférieures à celle de Bank of America Merrill Lynch, qui anticipe une augmentation de la taille du bilan de la FED de 400 milliards cette année.

Son bilan pèse aujourd’hui pour environ 3,9 trillions de dollars suite à 3 rounds de QE initiés depuis 2008. Depuis octobre 2017, la FED a laissé des titres arriver à échéance sans réinvestir les capitaux dans de nouvelles obligations. Un resserrement quantitatif qui a fait baisser les réserves jusqu’à 1,5 trillion, un plus bas de 8 ans.

Les turbulences sur les marchés de financement à un jour de la semaine dernière ont poussé la FED à revoir sa politique concernant son bilan. Wall Street pense de plus en plus que les achats d’actifs de la FED, qui ont pris fin il y a 2 ans, vont bientôt recommencer. Durant la semaine dernière, la FED a mis en place un programme temporaire de rachat d’actifs qui devrait devenir permanent selon bon nombre de participants au marché.

Reste à savoir comment sera conduite cette nouvelle expansion du bilan de la FED. La semaine dernière, Jerome Powell a indiqué que ce dossier devrait être discuté à l’occasion de la réunion des 30 et 31 octobre.

Selon Gerson, la FED dispose de plusieurs options. Notamment la mise en place d’un programme permanent de repo. Cependant, cette approche pourrait être problématique à plusieurs titres.

Actuellement, la FED fournit du cash provisoirement en échange d’actifs sûrs tels que des Treasurys afin de maintenir son taux directeur dans la bande officielle fixée à 1,75-2 %. Durant les soucis enregistrés la semaine dernière, la bande précédente de 2-2,25 % fut dépassée.

Dans son effort permanent de reconstituer les réserves des banques, la FED devrait plutôt acheter chaque mois pour 35 à 40 milliards de Treasurys à court terme, et pour environ 15 milliards de titres à maturité plus longue, « durant les 6 mois à venir et au-delà », a écrit Gerson.

« Cela permettrait de garantir la reconstitution à long terme des réserves et ainsi l’exécution efficace des politiques », a-t-elle ajouté.