Donald Trump est un habile communicateur qui a passé sa carrière à propager l’idée qu’il est un homme très riche à qui tout sourit. Son tableau de chasse compte pourtant de nombreux échecs, le plus retentissant étant sans conteste le casino Taj Mahal, qui a laissé un gouffre financier. Va-t-il en être de même avec les États-Unis ? L’avenir le dira. Un ancien de la banque d’Angleterre ne va pas jusque-là, mais explique pourquoi il pense que les décisions de Trump vont faire mal à terme :

« La «folie économique» de Donald Trump va propulser les États-Unis dans une récession sévère qui risque d’entraîner dans sa chute le reste du monde, a déclaré un économiste britannique de haut rang.

Paul Fisher, ancien cadre supérieur de la banque d’Angleterre, craint de voir l’économie américaine surchauffer après les baisses d’impôts et l’augmentation des dépenses décidées récemment.

Ces stimulations excessives vont doper l’inflation jusqu’à des niveaux douloureux, voire même des niveaux incontrôlables, ce qui forcera la FED à relever les taux trop rapidement et ce qui devrait en bout de course provoquer une récession, selon Monsieur Fisher.

« C’est de la pure folie économique de croire qu’il s’agit un moment opportun pour adopter des politiques fiscales expansionnistes aux États-Unis », a-t-il déclaré. « L’économie sera un fameux foutoir » dans environ 5 ans, a-t-il prédit.

Investir dans les infrastructures ou prendre d’autres mesures pour améliorer la capacité de l’économie pourrait aider, mais il ne s’agit pas du résultat le plus probable, a-t-il déclaré.

« Tous les pays occidentaux pourraient adopter des politiques similaires, mais il faut le faire lentement, les étaler dans le temps. Il n’est pas possible de dépenser 1,5 trillion de dollars aussi vite, même avec la meilleure des volontés », a déclaré Monsieur Fisher.

« Je comprends pourquoi Trump veut le faire, aux prochaines élections les résultats seront visibles, mais pas les conséquences. Il s’agit du bon vieux cycle «stop-go» que les économies occidentales connaissent depuis des années. »

Ces dépenses excessives représenteront un nouveau défi pour la FED alors qu’elle essaie de relever ses taux directeurs, actuellement à des niveaux historiquement bas.

« Les politiques monétaires ne pourront pas être adaptées assez rapidement afin de compenser cette expansion fiscale, donc il y aura de l’inflation », a-t-il averti.

« La FED sera donc contrainte de serrer la vis encore et encore afin de contrôler l’inflation. La raison visant à vouloir une inflation basse et stable est de pouvoir la contrôler. Lorsque vous commencez à avoir 4, 5 ou 6 % d’inflation, c’est vraiment compliqué de reprendre le contrôle de la situation. »

En conséquence, les ménages américains les plus pauvres seront les plus impactés alors que leur pouvoir d’achat sera érodé par l’augmentation des prix. Cet avertissement rime avec les analyses récentes d’autres grands économistes.

« Il n’y a aucun signe indiquant que cette expansion économique va ralentir dans un futur proche », a déclaré Torsten Slok de Deutsche Bank, s’appuyant sur la hausse de la confiance des entreprises et des ménages pour étayer ses dires. « La surchauffe est en chemin », a-t-il déclaré.

L’enquête de Bank of America Merrill Lynch conduite auprès de gestionnaires indique que 74 % d’entre eux pensent que l’économie se trouve en fin de cycle, ce qui signifie habituellement qu’il ne s’agit pas du bon moment pour stimuler davantage la croissance.

Monsieur Fisher a passé 26 ans de sa carrière à la banque d’Angleterre. Il a notamment siégé pendant 5 ans au comité des politiques monétaires (jusqu’à 2014) pour ensuite devenir directeur de la supervision du risque et des opérations régulatoires jusqu’en 2016. L’expérience de Monsieur Fisher lui a permis de bien connaître le mode de fonctionnement d’une banque centrale, ainsi que d’identifier les risques qui pèsent sur l’économie mondiale et les marchés financiers.

Il craint qu’une récession de la plus grosse économie du monde entraîne le reste avec lui.

« Ils vont d’abord profiter du boom américain, pour ensuite souffrir lorsque cela s’écroulera », a déclaré.

Il a également ajouté que les menaces de guerre commerciale du président américain ne pourront être que négatives pour la croissance. « S’il y a un enseignement que j’ai pu tirer de l’histoire économique, c’est que le commerce peut vous enrichir et que tout ce qui peut l’entraver n’est probablement pas une bonne idée », a-t-il averti.

Article de Tim Wallace, publié le 25 mars 2018 sur le Telegraph