Il y a quelque chose d’inquiétant du côté des banques américaines : elles sont fortement exposées à l’endettement des entreprises alors que la qualité du crédit se détériore.

Ce mardi, l’US KBW Bank index, un indice qui regroupe les 24 plus grandes banques américaines et qui fait office de baromètre du secteur bancaire américain, a baissé de 1,2 %. Il s’agissait de sa 5e baisse consécutive, qui a porté l’indice à son plus bas depuis le 7 septembre 2017. Désormais, il se trouve au même niveau que décembre 2016. Cela signifie que 2 années de gains sont parties en fumée. Voici les résultats des sessions du 5 au 11 décembre :

  • 11 décembre : -1.2 % ;
  • 10 décembre: -2.1 % ;
  • 7 décembre : -2.0 % ;
  • 6 décembre : -1.6 % ;
  • 5 décembre : -4.9 %.

Cependant, ces chiffres n’incluent pas le titre Goldman Sachs. Une institution financière massive, mais qui n’est pas une banque. L’action Goldman a baissé de 35 % depuis son plus haut historique de février dernier. Pour en revenir à l’indice KBW, il a reculé de 22,5 % depuis son pic d’après la crise financière du 26 janvier 2018 :

Au cours de ce 4e trimestre, l’indice a baissé de 14 %. À moins d’un miracle de Noël qui permettrait aux banques de sortir la tête de l’eau, une période de 3 mois en recul de 14 % signifierait le pire résultat trimestriel depuis le T3 2011. Si les ventes de titres pour raisons fiscales devaient se matérialiser d’ici la fin de l’année, cela pourrait empirer dans les 2 semaines à venir.

Pire, on n’a pas connu telle situation lorsque le pétrole s’est effondré durant le 3e trimestre de 2015, alors que les investisseurs craignaient de voir les banques encaisser de lourdes pertes sur les prêts accordés au secteur pétrolier. (…)

Les grandes banques américaines sont lourdement exposées à la dette d’entreprise. Celle-ci, qui inclut la dette de l’immobilier commercial, a atteint des niveaux records tandis que la qualité du crédit s’est détériorée. La FED a d’ailleurs cité ce problème en tant que risque majeur à la stabilité financière dans son dernier rapport.

Mais cela ne concerne que les 24 plus grandes banques américaines. Qu’en est-il des petites banques régionales ? Depuis janvier, elles se comportent plutôt bien, en atteste l’indice KBW US Regional Bank Index. À l’époque, Wall Street nous disait que les banques régionales ne seraient pas concernées par la glissade des grandes banques, que les investisseurs devaient pivoter des titres de ces dernières vers ceux des premières. Mais après avoir atteint un pic le 8 juin, l’indice a commencé à chuter en septembre. Désormais, il a également plongé de 22,3 %, mais sur une période bien plus courte que l’indice des grandes banques :

Il s’agit d’une nouvelle ère pour les banques. La FED les a forcées à augmenter leurs provisions afin d’être prêtes à couvrir leurs pertes sur les obligations corporate qui se matérialiseront dans les années à venir. Pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure. Les impayés restent faibles, l’argent reste relativement bon marché et abondant. Les véritables dégâts ne sont pas pour tout de suite.