Qu’elles soient considérées comme une imposture ou un allié objectif, les monnaies cryptographiques comme le Bitcoin laissent rarement indifférents les partisans des métaux précieux. Dans cet article, David Smith fait une proposition intéressante, à savoir que l’on pourrait assister à la fusion de ces 2 actifs anti-banque centrale afin de retirer le meilleur des deux mondes :

« Une nouvelle ère s’ouvre pour les métaux précieux. L’or et l’argent, les formes de monnaie les plus anciennes, sont en train de se «connecter» avec la dernière forme de monnaie en date, à savoir les monnaies cryptographiques électroniques. L’issue de cette liaison est incertaine, mais il serait imprudent d’ignorer ce qui est en train de se passer.

Les gouvernements centralisés de la planète ont initié, contre leur propre population, une guerre contre l’argent liquide. Les efforts de la Suède pour devenir une société sans cash, la réduction progressive de la valeur des coupures de l’euro, le retrait de la circulation de billets qui a affecté plus de 1,3 milliard de personnes en Inde, des appels solennels à l’élimination des billets de 100 $, et même de ceux de 50, tout cela au nom de cette soi-disant «guerre contre la drogue et l’évasion fiscale». Alors que ce n’est qu’une question de contrôle de la population.

La guerre contre l’argent liquide va de pair avec l’imposition d’une fiscalité onéreuse, les taux négatifs et la destruction du peu de vie privée qu’il nous reste.

Historiquement, les nations ont adossé leur devise papier à l’or et/ou à l’argent. Aujourd’hui, on nous dit qu’au mieux l’or est une relique barbare, au pire qu’il s’agit d’une «roche de compagnie». Et pourtant…

La guerre contre l’argent liquide a relâché une hydre. De l’invention de Bitcoin il y a moins de 10 ans de cela à aujourd’hui, un changement d’une signification monumentale est en cours.

La chaîne de blocs, les fondations

Ce serait un certain Satoshi Nakamoto qui aurait créé Bitcoin et de ce fait conçu la première chaîne de blocs. Par définition, une chaîne de blocs permet à des ordinateurs connectés de communiquer entre eux plutôt que de devoir passer par un serveur centralisé. En utilisant un mécanisme consensuel, les ordinateurs connectés du réseau sont synchronisés. Toute nouvelle entrée fait référence à des éléments antérieurs, ce qui permet de valider toute la chaîne (résumé d’un essai de Peter van Valkenburgh).

Il y a trois ans, David Morgan nous avait fourni son point de vue dans un essai intitulé « Mon avis sur Bitcoin ». La technologie était complexe, relativement lente et semblait lourde. Mais c’était 15 mois avant le début d’un processus ayant le potentiel de révolutionner n’importe quelle transaction en ligne… et qui pourrait déclencher une véritable révolution pour l’utilisation de «l’or et de l’argent électronique».

La clef est Ethereum. Il s’agit à la fois d’une plate-forme informatique et d’une cryptodevise qui fonctionne exactement comme programmée, sans la possibilité de panne, de censure, de fraude ou d’interférence d’un tiers.

Le potentiel et la promesse

L’acceptation de l’or et de l’argent en tant que réserve de valeur et de moyen d’échange est probablement antérieure à l’histoire connue. Ensuite, quelqu’un (les Chinois ?) a eu l’idée brillante de créer un substitut papier échangeable, mais toujours adossé à du métal.

Cela a très bien marché jusqu’à ce qu’on décide d’imprimer des quantités illimitées de billets, ce que David Morgan a baptisé les « promesses papier ». Ces promesses ne sont jamais intégralement honorées, ce qui finit toujours par précipiter le déclin des devises en circulation jusqu’à la valeur zéro.

La promesse de départ concernant la valeur est acceptée de bonne foi et lorsque cette promesse est rompue via la dévaluation, la foi s’évapore simultanément avec la valeur de la devise. Pour consulter une preuve actuelle, il suffit de regarder vers le Venezuela.

Toute une série de sociétés travaillent afin de fusionner les cryptodevises avec l’or et l’argent physique. La faiblesse d’une monnaie strictement électronique est que sa valeur ne repose sur rien de tangible. Cela ne marche que si on a de l’électricité et que l’on est connecté à Internet. L’or et l’argent physique, quant à eux, n’ont pas besoin du réseau électrique et ne peuvent être piratés.

Les cryptodevises comme Bitcoin n’engendrent quasi aucuns frais de transfert, elles promettent une facilité d’utilisation similaire à celle d’une carte de crédit. Si ces « jetons électroniques » peuvent être arrimés à des lingots d’or et d’argent, ils pourraient devenir plus attractifs en termes de réserve de valeur. (…)

La promesse sera-t-elle tenue ?

La clef pour que cela fonctionne, c’est que lorsque quelqu’un achète électroniquement du métal, celui-ci doit être stocké dans un lieu sûr, sous sa forme physique respectant un certain degré de pureté, et doit être immédiatement disponible en cas de demande du propriétaire légitime. Il ne doit pas être prêté à un tiers.

Les « autorités » ont toujours cherché, et continueront à le faire, à contrôler l’activité des gens. Mais au fur et à mesure que l’or et l’argent physique échappent au contrôle des bourses et des coffres des gouvernements, qu’il est placé sous la «supervision» des individus, leur capacité à manipuler le prix et l’offre baissera.

C’est selon moi le potentiel que représentent les métaux précieux électroniques. Ils pourront être gérés de façon sûre, décentralisée et transparente. La chaîne de blocs et le portail susceptible de matérialiser cette ambition pourraient être Ethereum, ou un protocole similaire.

Et si la promesse n’est pas tenue ? Dans ce cas, le concept de métal électronique finira dans les poubelles de l’histoire pour rejoindre d’autres expériences avortées. Mais que le succès soit ou pas au rendez-vous, la demande pour l’or et l’argent ne faiblira pas. En cas d’échec, l’expérience aura simplement servi à faire découvrir les vertus des métaux précieux physiques à des millions de nouveaux possesseurs.

Des conséquences fortuites

Les gouvernements mondiaux, après avoir supprimé l’adossement de leur devise aux métaux précieux, tentent désormais de convertir leur population à l’argent électronique. Ne serait-il pas très ironique si, à cause de leurs actions, ils devaient au final être les instigateurs d’une nouvelle vague de demande pour les métaux précieux via leur version électronique ? La semaine dernière, Stewart Thomson a fait la prédiction suivante : «À l’avenir, l’or électronique d’opérateurs d’Inde et de Chine, reposant sur la technologie de la chaîne de blocs, deviendra la devise incontestable de la communauté mondiale de l’or, une force titanesque de 3 milliards d’individus… C’est le début de la fin pour la manipulation du cours de l’or, je vous le garantis sur facture.» »