« Cette fois, c’est différent. » Combien de fois a-t-on pu entendre cette phrase dans le cadre des investissements ? La spéculation galopante sur les IPO ne va-t-elle pas mal finir ? Bien sûr que oui. Les consommateurs peuvent-ils continuer de dépenser sans devoir en payer le prix tôt ou tard ? Bien sûr que non.

Aujourd’hui, les grandes discussions économiques tournent autour de la fameuse inversion de la courbe des taux et de la récession. Historiquement, cette première engendre cette seconde. Bien entendu, nous avons toute une série d’investisseurs contrariens qui affirme que cette fois… ce sera différent.

Cela dit, je pense avoir identifié une tendance qui pourrait véritablement être différente cette fois. Je veux parler du cours de l’or. Voici le graphique de son cours depuis les années 90, accompagné du rendement des obligations américaines sur 10 ans. C’est ici que je vois la possibilité d’un nouveau scénario.

or VS rendement treasuries 10 ans

Quel actif a un rendement négatif ?

Les personnes qui suivent leurs investissements réalisent que quelque chose d’unique est en train de se produire sur le marché obligataire mondial. À savoir que de plus en plus d’obligations européennes, asiatiques et bientôt peut-être américaines affichent des rendements négatifs. Autrement dit, cela signifie qu’à l’échéance vous recevrez une somme inférieure au montant que vous avez déboursé pour l’acheter. C’est garanti sur facture.

Pourquoi trouvent-elles preneur ? Tout le monde n’achète pas des obligations pour les conserver jusqu’à leur maturité. Les investisseurs du marché obligataire sont variés. Il y a notamment les caisses de retraite dont leur mandat les oblige à acheter une certaine quantité d’obligations gouvernementales. Et ce, peu importe les taux.

Il peut s’agir d’achats spéculatifs. Si les taux continuent de baisser, la valeur de l’obligation augmentera. C’est le calcul que font certains traders.

La tendance du mois d’août

Durant le mois d’août, on peut voir que l’or et les obligations ont grimpé de concert, de plus de 8 %. C’est d’ailleurs cette hausse qui a fait baisser le taux des obligations américaines sur 10 ans jusqu’à 1,5 %.

Durant ces 30 dernières années, l’or a connu 2 mouvements haussiers monstres. Ils ont eu lieu sur fond d’incertitudes concernant l’économie et la Bourse. Cependant, à l’époque, le taux de ces obligations était plus proche des 4 à 5 %.

Selon moi, il s’agit de quelque chose qui est vraiment différent aujourd’hui. Voyez-vous, l’argument majeur des adversaires de l’or est qu’il n’offre pas de rendement vu qu’il s’agit de matières premières.

Donc, par le passé, il était facile pour les investisseurs de choisir les obligations au lieu de l’or en cas de panique. Après tout, autant empocher un rendement de quelques % en attendant que la tempête s’éloigne. Mais vu qu’aujourd’hui ces rendements sont proches de zéro, ou sont négatifs, je pense que le comportement des investisseurs pourrait changer. Ils voudront allouer leurs fonds à un actif qui présente des perspectives de profit.

Après tout, la Bourse n’a pas rapporté grand-chose depuis le début de l’année 2018. Certes, les actions ont été volatiles, mais le profit net est maigre… s’il existe.

J’ai actuellement dans mon portefeuille des positions sur des ETF or et Treasuries. En ce moment, ces 2 actifs permettent à mon portefeuille de s’apprécier. À l’avenir, je pense que les 2 pourraient continuer de grimper pendant un moment, à moins que les conditions économiques et le sentiment ne changent. Cela dit, je pense qu’il ne faut pas ignorer le fait que la chute des taux obligataires doit nous forcer à revoir notre analyse historique de ces 2 actifs.

Article de Rob Isbitts, publié le 4 septembre 2019 sur Forbes