La législation mettant en place la règle du renflouement interne en cas de faillite bancaire, connue aussi sous son terme anglo-saxon de « bail-in » et qui exige que les investisseurs et les épargnants mettent la main à la poche pour sauver la banque ou indemniser ses créanciers, est en place dans quasi tous les pays de l’Union pour être effective dès l’année prochaine.

Les clients de petites banques en ont déjà fait les frais en qualité de porteur d’obligations notamment au Portugal et plus récemment en Italie avec la Banca Etruria mais d’ici quelques semaines, des particuliers pourraient se retrouver dans la même position pour avoir simplement déposé de l’argent sur un compte en banque. Le Financial Times a consacré un article à ce sujet :

« En 2013 Sergio Picinotti, chômeur de 63 ans vivant avec sa mère, a investi la majorité de leurs économies (40.000 €) dans une obligation émise par Banca Etruria, leur banque locale située dans la ville médiévale toscane d’Arezzo.

« Ils m’ont dit : pourquoi garder tout cet argent sur votre compte à vue ? Mettez-le ici, il vous rapportera 4 % » se souvient M. Picinotti. « Un ami qui travaille à la banque m’a dit : fais-moi confiance, il faudrait une 3e guerre mondiale pour provoquer la fermeture de Banca Etruria. »

Aujourd’hui, M. Picinotti a perdu tout son argent mais la Banca Etruria n’a pas cessé ses activités : en fait, elle a été sauvée de la faillite le mois dernier en compagnie de trois autres petites banques dans le cadre d’une opération de sauvetage dramatique orchestrée par le gouvernement italien de centre-gauche de Matteo Renzi.

Le problème est que ce plan coûte cher : sous les termes de l’accord, quelques milliers de porteurs d’obligations subordonnées comme M. Picinotti se sont faits plumer à l’instar des actionnaires de la banque tandis que les épargnants et les porteurs de dette senior ont été épargnés.

« Ils m’ont tout volé, je vis désormais sur la corde raide » a déclaré M. Picinotti.

Les répercussions du sauvetage de la banque ont dépassé les frontières de la Toscane : alors que l’Europe se prépare à instaurer de nouvelles règles à partir de l’année prochaine qui imposeront aux créditeurs des banques et à leurs déposants importants d’encaisser des pertes en cas d’insolvabilité, la saga de la Banca Etruria doit servir d’avertissement aux politiciens en prévision de la fronde populaire qui pourrait résulter de tout « renflouement interne » futur.

En Italie, la colère ne cesse de grimper envers M. Renzi en raison de sa gestion du dossier. Il a créé un foyer de mécontentement envers lui alors que la Toscane est plutôt favorable à son parti (il fut d’ailleurs le maire de Florence) et que sa popularité est déjà en baisse.

Le cas de la Banca Etruria ne fait également que raviver les inquiétudes à propos de la santé du secteur bancaire italien qui est toujours plombé par plus de 200 milliards d’euros de créances douteuses et qui vient à peine de se remettre à prêter après la fin d’une récession douloureuse à trois dips.  Elle remet aussi en question l’efficacité des régulateurs de la banque d’Italie et de Consob, le régulateur boursier. Les officiels italiens ont défendu la solidité des banques et le travail des régulateurs en insistant sur les nouvelles réformes sur la gouvernance des petites banques mais Francesco Galietti, analyste de Policy Sonar à Rome, se demande : « si le sauvetage de quatre banques régionales a créé autant de remous, que se passera-t-il en cas d’événement majeur ? »

Pour finir, voici la conclusion de Mike Shedlock :

« L’objectif est de toujours sauver les banques, quel que soit le prix, et tant pis pour les contribuables. Les renflouements internes de décembre sont un avertissement sans frais sur ce qui pourrait bien nous attendre en 2016.

Si vous avez encore de l’argent dans une banque fragile après ce cirque, vous êtes fou. Chypre, la Grèce et l’Italie : les avertissements ne manquent pas. Cela fait des années que je tire la sonnette d’alarme. D’ici 2016, les banques pourront en toute légalité se servir sur le compte des épargnants si nécessaire. (…) »

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