L’environnement des marchés de 2018 semble plus normal que celui de l’année dernière, avec des rendements moindres et des niveaux de volatilité plus élevés. Voici les arguments que développe Richard Turnill de BlackRock dans cet article :

L’année dernière fut extraordinaire pour les marchés, la plupart des classes d’actifs enregistrant des rendements élevés et une volatilité au plus bas. L’environnement de 2018 marque un retour à la normale, à savoir des rendements moindres et une volatilité plus élevée. Tout ceci est le reflet de craintes grandissantes concernant les incertitudes économiques ainsi que de perspectives de croissance revues à la baisse.

Le graphique ci-dessous illustre cette baisse de l’attractivité de la prise de risque, qui fut l’un des 3 thèmes d’investissement de nos perspectives des marchés pour le second trimestre 2018. Dans cette étude, nous avons montré qu’un portefeuille mondial composé à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations aurait vu son ratio de Sharpe (qui mesure l’écart de rentabilité d’un portefeuille d’actifs financiers par rapport à un placement sans risque en prenant en compte le risque) plonger cette année par rapport au pic de 2017. La raison principale se trouve du côté de la hausse considérable de la volatilité à des niveaux plus normaux. La volatilité fut inhabituellement basse en 2017, même dans ce contexte de volumes peu élevés depuis les années 1980. Cette chute récente du ratio de Sharpe a lieu sur fond de rendements en baisse et de hausse des taux américains, conséquence de la politique progressive de resserrement monétaire de la FED.

Ratio de Sharpe

L’exemple de la zone euro

Comment expliquer ce renversement de tendance ? En raison de 2 facteurs, selon nous. Tout d’abord, les incertitudes économiques ont augmenté en raison des stimulations américaines et des décisions prises dans le domaine du commerce international, des paramètres qui ont élargi les scénarios possibles par rapport à 2017. Deuxièmement, il y a moins de marge de manœuvre en dehors des États-Unis pour excéder les prévisions de croissance. Ceci est mis en exergue par notre BlackRock Growth GPS, qui montre que la croissance fut supérieure aux attentes en 2018 mais aussi que le consensus s’est ajusté à la hausse, ou est même devenu plus optimiste que nos prévisions.

L’Europe est un excellent exemple. Les attentes concernant la croissance sont désormais probablement trop optimistes après la bonne performance inattendue de l’année dernière. Notre indicateur GPS suggère que la zone euro devrait connaître une croissance décemment au-dessus de la moyenne cette année. Des facteurs temporaires, comme l’écoulement des stocks, sont susceptibles d’expliquer en partie certains chiffres économiques décevants. Néanmoins, le consensus semble trop optimiste et pourrait devoir revoir ses attentes à des niveaux plus réalistes, selon nous.

Un chemin chaotique en perspective

Cela semble indiquer que les marchés vont emprunter un chemin chaotique, surtout en vertu du contexte de risques géopolitiques élevés et d’inflation qui commence doucement à grimper. Néanmoins, nous ne pensons pas que ces rendements inférieurs et ce retour de la volatilité mettront un terme au marché haussier des actions, désormais dans sa 9e année. Nous ne pensons pas non plus que les effets de levier ou d’autres paramètres signalent la fin de ce cycle expansionniste. Nous anticipons une nouvelle année de croissance mondiale synchronisée susceptible de fournir de bonnes fondations aux marchés actions. Les taux devraient grimper, mais la disponibilité d’une épargne abondante de par le monde devrait limiter la hausse des taux, malgré l’augmentation des émissions obligataires américaines.

Nous préférons nous exposer aux actions qu’au crédit. Nous pensons que leur rendement sera déterminé par la croissance des bénéfices, des dividendes et des coupons plutôt que par l’augmentation de leur valorisation. Il s’agit à ce point de vue d’un nouveau retour à la normale. Nous préférons les marchés actions qui proposent les plus gros potentiels au niveau des bénéfices, comme les États-Unis et les marchés émergents. En ce qui concerne les revenus fixes, nous préférons la dette des émergents et les obligations américaines à court terme. L’augmentation récente du rendement de ces dernières reflète l’anticipation des relèvements de taux de la FED, ce qui en fait une bonne opportunité en termes de ratio risque/bénéfice.