C’est l’inflation ou la mort, et les autorités mondiales le savent bien. Elles font donc assaut de créativité pour gonfler les prix.

Qui irait croire qu’il est possible de stimuler une économie avec de l’argent factice ? Ou qu’une petite équipe de cinglés diplômés d’économie peuvent gérer et contrôler une économie de 20 000 Mds$ comptant 330 millions de personnes ?

Et pourquoi, 30 ans seulement après la grandiose expérience de l’Union soviétique prouvant que la planification centrale et le contrôle des prix ne fonctionnent pas, irait-on – notamment le président des Etats-Unis – se dire qu’il est possible de trafiquer l’économie avec des prix factices et encore plus de planification centrale ? Pourquoi penser que plus d’inflation peut les rendre plus riches ?

Quelle va être la prochaine idiotie ?

Pour nous, en tout cas, c’est distrayant à regarder… un peu comme ces vidéos de gens plongeant dans des piscines vides ou se faisant exploser des pétards dans la figure.

Quelle nouvelle idiotie va suivre, nous demandons-nous ? Qui dira la chose la plus stupide aujourd’hui ? L’un des récents tweets de Trump figurait au palmarès :

La Chine et l’Europe jouent au jeu de la manipulation monétaire et injectent de l’argent dans leur système pour faire concurrence aux USA. Nous devrions faire PAREIL ou continuer à être les idiots qui restent là à regarder poliment pendant que les autres pays continuent à jouer à leur petit jeu – ce qu’ils font depuis des années !”

Il s’agissait apparemment de la suite à une récente suggestion de la Maison Blanche, selon qui les Etats-Unis devraient nommer Mario Draghi à la tête de la Réserve fédérale.

Draghi, qui sera bientôt l’ex-président de la Banque centrale européenne, tente vaillamment de dégrader, déprécier et dévaluer l’euro – en suivant le même raisonnement fêlé que ses pairs aux Etats-Unis, au Japon et ailleurs.

Le Donald semble penser que les Européens – et les Chinois – sont meilleurs que la Fed américaine en matière d’injections monétaires.

Difficile de dire sur quoi il se base. Ni les prix à la consommation ni les prix des actifs européens grimpent autant que leurs équivalents américains. Quand il s’agit de gonfler le prix des actifs, les Etats-Unis sont number one.

En route pour l’enfer

La seule véritable preuve d’une politique monétaire européenne plus robuste et absurde se trouve sur le marché obligataire, où les bons du Trésor à 10 ans allemands et français ont désormais des rendements négatifs.

Seul un spéculateur ou un crétin trouverait raisonnable de prêter de l’argent à la France pendant 10 ans… et de payer pour cela.

Il est plus probable que les spéculateurs comptent sur la remplaçant de Draghi, Christine Lagarde, pour continuer sur la voie de son prédécesseur… c’est-à-dire vers l’enfer.

Entre ici et l’enfer, raisonnent-ils, il y a de l’argent à se faire. L’inflation supplémentaire provenant des banques centrales ira sur le marché obligataire, ce qui fera grimper plus encore les prix des obligations… et pèsera sur les rendements comme un oreiller sur le visage d’un vieux retraité.

Personne ne veut détenir de telles obligations jusqu’à maturité. Tout le monde prévoit de sortir de cette position avant qu’elle n’arrive à son infernale conclusion.

Nous sommes d’avis qu’en la matière, il y aura beaucoup de déçus. Ils ne peuvent sortir qu’en vendant leurs obligations à quelqu’un d’encore plus crétin qu’eux.

Au stade actuel de la bulle, les crétins sont encore très nombreux. Mais généralement, ils disparaissent d’un seul coup…

De nouvelles formes d’inflation

En attendant, c’est l’inflation ou la mort. Tout le monde veut plus d’inflation. Actuellement, on cherche de nouvelles manières, plus efficaces, d’en avoir.

L’inflation, rappelez-vous, est essentiellement un délit – la contrefaçon. Elle vous donne un moyen de dépenser de l’argent que vous n’avez jamais gagné en choses dont vous n’avez pas besoin afin de pousser les gens à croire que vous êtes plus riche que vous ne l’êtes en réalité.

Dans sa forme la plus simple, elle consiste à simplement imprimer des morceaux de papier et appeler ça “de l’argent”.

C’est d’ailleurs exactement ce que l’Italie se propose de faire. Elle prévoit de créer une nouvelle devise séparée, les “mini-bots”. Il s’agirait de billets de très court terme (comme des billets… de banque) émis par le gouvernement italien et utilisés comme une monnaie légale.

Pour appartenir à la Zone euro, un pays doit abandonner sa devise locale et limiter son déficit budgétaire à 3% du PIB – afin de protéger la valeur de la monnaie commune, l’euro.

L’Italie a déjà dépassé la limite des 3%. Elle ne peut pas gonfler plus – sauf à trouver un moyen de contourner la restriction des 3%.

Sa solution est d’émettre ces mini-bots – qui ressembleront à de la fausse monnaie, seront utilisés comme de la fausse monnaie et gonfleront l’économie comme de la fausse monnaie. Mais les Italiens jureront sur leur sacra Bibbia que les mini-bots ne sont ni de la devise ni de la dette et que, par conséquent, ils n’enfreignent pas les règles de l’Union européenne.

L’euro lui-même est de la fausse monnaie ; il ne s’appuie sur rien sinon sur l’expertise et la bonne volonté des dirigeants de l’UE – quels qu’ils soient. Les mini-bots seraient eux aussi de la fausse monnaie, mais au moins auraient-ils le gouvernement italien en garantie – si on peut appeler ça comme ça.

Encore plus complexe

Aux Etats-Unis, les entreprises ont pigé le truc elles aussi. Notre collègue Jeff Brown nous parle de la nouvelle cryptomonnaie de Facebook :

La monnaie de Facebook, ou ‘Libra’, établira un pont entre monnaies fiduciaires et cryptomonnaies. De grands échanges d’actifs numériques comme Coinbase et Xapo fourniront selon toutes probabilités la liquidité et le soutien nécessaires au stablecoin de Facebook, qui devrait être lié à un panier de devises fiduciaires.”

Oui, Libra rend la fausse monnaie encore plus complexe : on a désormais une fausse crypto adossée à de faux dollars, de faux euros et de faux yens.

Il y aura probablement plus – plus de fausses monnaies… plus d’expériences… et plus de manières d’injecter de l’inflation pour éviter la mort.

Comment est-ce que tout cela finira ?

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Bill Bonner

Article de Bill Bonner, via les publications Agora. Bill Bonner est le fondateur de la Chronique Agora et coauteur de livres qui ont tous figuré dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal : L’inéluctable faillite de l’économie américaine (2004), L’Empire des dettes. À l’aube d’une crise économique épique (2006) et Le Nouvel Empire des dettes. Grandeur et décadence d’une bulle financière épique (2010).