Le marché haussier vigoureux et persistant que nous connaissons ridiculise les Cassandre depuis un bon moment. Ceux qui prédisaient que cette manipulation massive des marchés par les banques centrales n’allait pas engendrer une croissance économique viable avaient raison. Cependant, ces mêmes analystes n’ont pas réussi à prévoir la volonté des algorithmes de trading, très enclins à surfer sur les tendances, de pousser les actifs bien au-dessus de leur valeur si on se base sur l’environnement économique sous-jacent.

Néanmoins, il y a 5 raisons de croire qu’un revers va bientôt précipiter la valeur des actions vers des valorisations plus proches de la réalité pour donner raison à ceux qui en appelaient à la prudence au beau milieu de cette effervescence.

Première raison : les bras de fer à Washington concernant le budget et le plafond de la dette

Le Congrès a dû abréger ses vacances de 2 semaines en août pour se pencher sur le relèvement du plafond de la dette, qui atteindra sa limite absolue à la mi-octobre, ainsi que pour financer le gouvernement après le 30 septembre de cette année. Les Républicains du Tea Party, ainsi que Mick Mulvaney (Office of Management and Budget Director), veulent que la loi sur le plafond de la dette comprenne des éléments de réforme concernant les dépenses. Au contraire, le secrétaire du Trésor Steven Mnuchin souhaite passer une loi « propre ». Si Mnuchin impose sa volonté, le bras de fer se reportera sur les lois qui devront être passées pour le financement de l’année fiscale à venir. Durant ces dernières années, le Congrès a voté des résolutions de dernière minute pour se financer au lieu de s’accorder sur un véritable budget. Un échec sur ce dossier mènerait à une fermeture du gouvernement qui pourrait faire déraper les marchés et la réforme fiscale de Trump.

Deuxième raison : Trump pourrait se décider à en finir avec la Corée du Nord

Le Donald pourrait trouver bien commode de s’occuper du « chien fou coréen » avant la fin de l’année. Ce serait une fantastique distraction par rapport à ses échecs concernant le remplacement d’Obamacare et la réforme fiscale. Cet assaut sur l’arsenal nucléaire de Kim Jong-un pourrait également réduire l’obsession des médias américains concernant la Russie. Le président et son administration ont tenu une réunion d’urgence le 4 juillet après le tir d’ICBM de la Corée du Nord dans la mer du Japon. Trump a promis qu’une frappe nucléaire contre les États-Unis n’aurait pas lieu et a garanti une réponse mesurée au régime rebelle. Trump a également exhorté la Chine à « mettre une grosse pression sur la Corée du Nord pour mettre un terme à cette mascarade une bonne fois pour toutes ». Une telle frappe préventive pourrait encourager les algorithmes à vendre à tour de bras.

Troisième raison : l’inversion de la courbe des rendements

Le 7 juin, l’écart de rendement entre les obligations chinoises sur 1 an et sur 10 ans est devenu négatif. Ce n’est que la seconde fois depuis 2005 qu’une telle inversion a eu lieu alors que cette fois cette inversion fut la plus abrupte de l’histoire. Une inversion de la courbe des rendements, peu importe le pays où elle a lieu, est un signe de tension extrême du système bancaire et annonce presque toujours une récession. Une récession, ou même une baisse importante de la croissance chinoise, enverrait des ondes de choc vers les émergents et l’ensemble de l’économie mondiale. Et de fait, le 17 juillet les indices majeurs chinois ont tous plongé de leur plus grosse marge depuis décembre 2016 en raison des craintes des investisseurs concernant les politiques monétaires plus strictes et les mesures de contrôle de l’économie de Pékin. Si cette inversion perdure jusqu’à l’automne, on peut s’attendre à d’importants mouvements baissiers sur les marchés mondiaux.

Quatrième raison : le ralentissement du QE de la BCE

Le patron de la BCE, Mario Draghi, a déclaré fin juin que les forces déflationnistes ont été remplacées par des forces de relance. Cette simple déclaration a fait grimper les taux obligataires aux quatre coins de la planète dans l’anticipation de l’annonce inévitable du ralentissement du QE de la BCE, qui pourrait avoir lieu dès le 7 septembre. Le rendement des Bunds sur 10 ans est toujours inférieur de 150 points de base à l’objectif d’inflation de la BCE. Cela signifie que lorsque Monsieur Draghi commencera à se retirer des marchés obligataires européens, les taux devraient grimper de façon spectaculaire, peu importe la santé de l’économie, qui est de toute façon moribonde. Des coûts d’emprunt qui grimpent subitement pour des pays surendettés ne feront qu’inquiéter les investisseurs concernant les perspectives de croissance et pousser les algorithmes prompts à anticiper à se précipiter comme un seul homme vers une porte de sortie étroite.

Cinquième raison : le resserrement quantitatif de Janet Yellen

La plupart des investisseurs ne comprennent pas que la FED a resserré sa politique monétaire depuis décembre 2013, lorsqu’elle commença à réduire son programme d’achats mensuels de 85 milliards de dollars. Après la suppression du QE et quatre relèvements des taux, la FED va probablement annoncer durant sa réunion de septembre la date à laquelle elle va commencer à vendre certains de ses actifs. Elle devrait donc commencer à essayer de vendre environ la moitié des obligations et des titres adossés à des créances hypothécaires de son bilan de 4,5 trillions de dollars vers la fin de l’année. Le problème est que les banques centrales serrent la vis monétaire dans un contexte d’affaiblissement économique. Par exemple, la croissance américaine est en moyenne de 2 % depuis 2010. Cependant, en 2016 elle ne fut que de 1,6 %, et depuis janvier 2017 de 1,4 %. L’offre additionnelle en Treasuries, couplée au déficit grandissant de cette année (+ 31 % sur les 12 derniers mois) pourrait faire chuter la valeur des obligations américaines. Cela ne ferait qu’exacerber la tendance engendrée par le ralentissement du QE de la BCE. Ce qui pourrait être suffisant pour que les moutons passifs qui investissent sur les ETF se jettent de la falaise.

En conclusion

La fin des politiques monétaires accommodantes des banques centrales, qui culminera à l’automne, est la raison principale de penser que les chances d’assister dans les mois qui viennent à une correction boursière significative sont réelles. L’augmentation du service de la dette sur les 60 trillions supplémentaires qui ont été accumulés depuis 2008 pourrait être le catalyseur de la mutation du sentiment des marchés, passant de l’avarice à la panique. (…)

Article de Michael Pento, publié le 25 juillet 2017 sur SafeHaven.com