Lorsque tout va bien, prendre une assurance coûte de l’argent. C’est le principe d’une assurance : vous n’espérez pas en retirer un bénéfice, sauf lorsque quelque chose tourne mal. C’est la raison pour laquelle il est intéressant de noter que l’or, que l’on peut considérer comme une assurance pour son portefeuille d’investissement, se comporte bien malgré une année jusqu’à présent excellente pour les marchés actions.

J’ai parlé de l’or à la fin du mois d’octobre. À cette époque, 2018 n’était pas pour le métal jaune une année joyeuse. J’avais suggéré qu’un dollar plus calme et des taux plus bas, couplés à une volatilité en hausse, fourniraient un environnement plus favorable à l’or.

Depuis, l’or a grimpé d’environ 9 %. Que le métal ait progressé durant le dernier trimestre 2018, qui fut très mauvais pour les actions, on peut aisément le comprendre. En revanche, la performance du métal est depuis plus étonnante. Habituellement, les investisseurs ne sont plus intéressés par la protection qu’offre l’or lorsque la Bourse va bien.

Qu’est-ce qui soutient l’or ?

Le métal précieux a bénéficié de plusieurs facteurs, notamment un dollar stable et des taux réels plus bas (autrement dit, inflation prise en compte). Alors que l’économie ralentit et que la FED adopte une posture d’attente, les taux d’intérêt réels ont chuté. Le rendement sur les TIPS (obligations sur 10 ans protégées contre l’inflation) a baissé de 0,25 % depuis la fin de l’année dernière, propulsant les taux réels américains à leurs niveaux de la fin du mois d’août.

Cette chute des taux réels explique en grande partie la résilience de l’or. Historiquement, les évolutions des taux réels expliquent environ 20 % des variations du cours de l’or. Pour toute baisse d’un point de base des taux réels, le métal jaune grimpe en moyenne de 0,1 %. Cette hausse de l’or de 3 % depuis le début de l’année est donc en parfaite adéquation avec la baisse réelle des taux réels.

En cas d’urgence

Si l’or offre depuis le début de l’année une performance respectable, il est bien sûr à la traîne par rapport aux actions. Il fallait s’y attendre. Il serait inhabituel pour l’or de surperformer les actions lorsque celles-ci sont dans un marché haussier. L’or brille vraiment lorsque les choses vont mal.

Depuis 1990, durant les mois de volatilité en hausse, l’or surperforme en moyenne le S&P 500 de 30 points de base. Lorsque la volatilité décolle vraiment, soit lorsque le VIX augmente d’au moins 20 % sur base mensuelle, en moyenne la performance du métal jaune est supérieure de 5 % à celle du S&P 500. Il s’agit d’un facteur à prendre en considération pour ce mois de mars, vu l’amplitude et la vigueur de la hausse récente. Non seulement il a grimpé de 20 % depuis le plus bas de décembre, mais il l’a fait avec des corrections très mineures. Le VIX est en baisse depuis 9 semaines consécutives, une série sans précédent.

volatilité (VIX)

Les investisseurs n’ont cessé de jouer les marchés actions et de pousser la volatilité à la baisse en partant du principe que la FED est en mode pause. Pour que la volatilité reste aussi basse, il faudra un alignement des planètes de croissance modeste, mais solide + une FED satisfaite avec les taux en vigueur. Tout autre scénario devrait engendrer une hausse de la volatilité, traditionnellement favorable à l’or.

Source : blog de BlackRock