Le milliardaire égyptien Naguib Sawiris pense que les marchés actions, fortement surévalués, pourraient propulser l’or jusqu’à 1800 $ l’once. C’est pourquoi il a investi la moitié de son patrimoine de 5,7 milliards de dollars dans le métal jaune.

Il s’agit d’un énorme pari sur l’or, même si tout devait bien tourner pour les métaux précieux. Sawiris craint cependant une correction sur les marchés actions. La recrudescence des risques géopolitiques et la solidité de la demande font partie des autres justifications qu’il cite.

« Les marchés actions sont surévalués, je crains un nouveau krach. C’est pourquoi 50 % de mon patrimoine est investi dans l’or », a déclaré Sawiris à Bloomberg durant une interview accordée cette semaine. « Les cours de l’or devraient à nouveau à atteindre les niveaux d’il y a 5 ans, lorsqu’ils étaient à 1700-1800 $. »

En ce qui concerne la demande, Sawiris observe l’appétit pour le métal jaune à la fois en Inde et en Chine, malgré la baisse de la demande d’or en Inde enregistrée ces dernières années :

Mais, simultanément, des indicateurs clés concernant la production suggèrent que du côté offre de l’équation, la baisse du métal disponible est au moins équivalente à la baisse de la demande. Observez les évolutions de la production de Barrick Gold :

Goldman Sachs est également optimiste en ce qui concerne l’or. Cependant, son objectif est fixé à 1450 $ l’once d’ici la fin de l’année, même en cas de hausse des taux. La banque note que le métal précieux obtiendra du support de la part de la demande des marchés émergents.

Sur le front géopolitique, Sawiris note « que les crises abondent », particulièrement au Moyen-Orient, et que « Monsieur Trump n’aide pas ».

L’accord sur le nucléaire iranien se situe en haut de cette liste des risques géopolitiques, la décision fortement anticipée d’un renouvellement des sanctions à l’encontre de l’Iran par Trump et, plus récemment, les efforts du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou visant à influencer le président américain. Trump prendra sa décision le 12 mai. Les efforts belliqueux de Netanyahou n’amènent rien de neuf sous le soleil, contrairement à ses dires, il s’agit d’anciens documents qui sont à nouveau brandis. Mais les marchés s’en moquent, vu qu’ils réagissent en fonction des titres.

Bien sûr, il y a autant de pessimistes sur l’or que d’optimistes. Les évolutions du cours du métal sont tout sauf passionnantes. Il a eu du mal à se maintenir au-dessus de la barre des 1300 $, la récente appréciation du dollar n’ayant pas aidé.

Dans le camp des pessimistes, Capital Economics a dit ce lundi que nous serions chanceux si l’or devait atteindre 1400 $ avant 2020, soit la fin du cycle de resserrement monétaire de la FED. Le même sentiment a été relayé par Coutts Investments, qui a indiqué que « les taux d’intérêt sont susceptibles de rester à des niveaux qui feront de l’or une option non économique ».

Cette semaine, plusieurs facteurs sont à surveiller pour anticiper les mouvements immédiats de l’or. (…) Une délégation américaine doit notamment se rendre en Chine afin d’essayer d’empêcher une guerre commerciale en bonne et due forme.

Vendredi, les chiffres de l’emploi seront publiés aux États-Unis, soit les statistiques les plus attendues du mois.

Article de Charles Benavides, publié le 2 mai 2018 sur SafeHaven.com