L’euro a été la devise majeure la plus performante de 2017. Elle s’est appréciée de 12 % par rapport à son grand concurrent, le dollar, pour atteindre un plus haut de 6 ans. Ce fut le résultat d’un contexte constitué d’un dollar faible, de la réduction du QE de la BCE et d’une baisse du risque géopolitique dans la zone euro, entre autres.

Le conte de fées de la monnaie unique européenne s’est poursuit au début de l’année, mais les choses ont fini par s’inverser en février.

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L’euro a reculé de près de 4 % par rapport au dollar durant les 3 derniers mois. Les optimistes pour l’euro espèrent encore une surprise susceptible d’amorcer un come-back. Mais cela pourrait ne pas avoir lieu dans un avenir proche. Voici pourquoi.

1. La courbe des rendements favorise le dollar

La courbe des rendements américaine ne cesse de s’aplatir, le différentiel de 0,46 entre les obligations sur 10 et 2 ans étant à un plus bas de 10 ans.

courbe des rendements

Simultanément, la courbe des rendements de la zone euro suit la trajectoire inverse. La conjonction de ces 2 événements est positive pour le dollar. Cela s’explique par le fait que les positions sur les Treasury ont tendance à ne pas être assurées contre le risque de change alors que c’est le cas en zone euro.

2. De nouveaux accords commerciaux

Les États-Unis, le Canada et le Mexique devraient s’accorder sur un nouvel accord de libre-échange en mai, en tout cas en principe. De plus, Trump a demandé à ses conseillers d’évaluer la possibilité de réintégrer le partenariat transpacifique un an après s’en être retiré.

Même si un accord sur l’ALÉNA 2.0 ne devrait pas être trouvé avant la fin de l’année, voire même jusqu’en 2019, ce serait néanmoins le signal de la volonté de l’administration Trump de parapher des accords favorables. Ce qui est positif pour le dollar.

3. Rapatriement des bénéfices

Auparavant, les sociétés américaines avaient tendance à parquer leurs profits engrangés à l’étranger dans des banques étrangères afin de ne pas payer les taxes de rapatriement de 35 %. Cet océan de liquidités a gonflé jusqu’à 2,6 trillions de dollars. Mais depuis la réforme fiscale, ces sociétés sont encouragées à rapatrier cet argent. Il est néanmoins difficile de mesurer cet impact en termes de valorisation du dollar vu que les chances que cet argent soit déjà en cette devise sont élevées.

De plus, les sociétés disposent d’un délai de 8 ans pour s’exécuter, ce qui signifie que nous n’allons pas assister à des flux soudains.

4. Fuite des capitaux en Chine

Le second semestre de 2014 et le début de l’année 2015 furent une période de performance solide du dollar, l’une des meilleures de ces 10 dernières années. La devise américaine avait enregistré une hausse de 16 % par rapport à ses grandes concurrentes.

De nombreux facteurs ont joué, comme l’embellissement sur le front de l’emploi ainsi que le boom de la production de pétrole. Mais la raison la moins prise en compte est probablement le fait que cette période a coïncidé avec des fuites importantes de capitaux en Chine. La Chine relève ses taux courts afin de contrer la Fed, mais elle devra être aussi agressive pour éviter un remake de 2015. Néanmoins, la volonté de désengorger le système de sa dette signifie que ce sera compliqué, et que le dollar devrait être le gagnant.

5. L’euro perd de son élan

Last but not least, le moment de vérité est proche tandis que la divergence entre les positions long sur l’euro et les positions short sur le dollar s’ajustent pour refléter davantage la réalité. Cela poussera inévitablement l’euro à la baisse.

eur usd positions long

Les positions long sur l’euro restent élevées malgré la poursuite du retrait de la devise unique. Une correction de l’euro semble inévitable si l’histoire se répète.

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