Se rappelant au bon souvenir que la Chine est (pour le moment) l’heureux détenteur d’un portefeuille de 1,2 trillion de dollars de Treasuries, l’agence de notation chinoise Dagong a abaissé la note la note des États-Unis de A- à BBB+, justifiant sa décision par « des déficiences dans la politique écologique américaine », ainsi que des baisses d’impôts qui « réduisent directement les sources de remboursement de la dette du gouvernement fédéral », ce qui affaiblit la capacité de rembourser des États-Unis.

Et pour être sûr que le message soit bien entendu, la note des États-Unis, qui est désormais au même niveau que celle du Pérou, de la Colombie et du Turkménistan sur l’échelle utilisée par l’agence de notation basée à Pékin, la perspective est également négative.

Les États-Unis trop dépendants de la dette

Dans un communiqué publié ce mardi, Dagong a averti que la dépendance grandissante des États-Unis à la dette pour alimenter son développement va éroder sa solvabilité. Citée par Reuters, Dagong a fait des références spécifiques à la réforme fiscale du président Donald Trump, qui devrait creuser la dette de 1,4 trillion de dollars durant la décennie à venir alors que les USA sont déjà endettés à hauteur de 20 trillions de dollars. (…)

En faisant des projections concernant les besoins de fonds dans les années à venir, Dagong affirme qu’on devrait assister à une détérioration du ratio rentrées fiscales/dette, qui devrait tomber à 12,1 % en 2022, en baisse par rapport aux 14,9 et 14,2 % projetés pour 2018 et 2019. Cela devrait conduire à des augmentations fréquentes du plafond de la dette.

« La solvabilité virtuelle du gouvernement fédéral américain pourrait être le détonateur de la prochaine crise financière », a écrit l’agence de notation chinoise. (…)

La semaine dernière, Bloomberg avait déjà rapporté que Pékin aurait recommandé de ralentir, ou de mettre un terme aux achats d’obligations américaines. Cet avertissement a effrayé les investisseurs, craignant que cette posture déclenche une vague de ventes sur le marché obligataire. Cette nouvelle a fait baisser le dollar ainsi que les taux des Treasuries sur 10 ans, même si le régulateur chinois des réserves a depuis démenti le rapport, le qualifiant de « fake news ».

Il n’empêche que Dagong a, peu de temps après, mis en évidence qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour démolir la confiance dans la valeur des obligations américaines :

« Le changement d’attitude du marché par rapport à la valeur des obligations américaines et du dollar américain sera une force destructrice puissante de la chaîne de la dette fragile du gouvernement fédéral américain », a déclaré Dagong.

Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une opération bien plus politique qu’économique. C’est un nouvel avertissement lancé à l’adresse du président Trump alors que son administration se prépare à initier une guerre commerciale contre Pékin dans les semaines à venir. Mais si Fitch et Moody’s accordent toujours la note AAA aux États-Unis, les agences de notation américaines ont également exprimé des craintes similaires à celles de Dagong :

« L’agence de notation Standard & Poor’s a déclaré le mois dernier que la proposition de réforme fiscale allait augmenter les déficits. Une politique fiscale plus laxiste pourrait avoir des conséquences négatives sur la note américaine si Washington ne parvient pas à proposer des solutions à long terme aux problèmes des déficits.

En novembre, Fitch a déclaré que les baisses d’impôts allaient doper pendant une brève période l’économie, mais qu’elles allaient significativement augmenter le fardeau de la dette. Elle a averti que les États-Unis sont le pays noté AAA le plus endetté du monde, et dont les politiques fiscales sont les plus accommodantes.

En septembre, Moody’s a déclaré que tout retard dans le remboursement de la dette en raison de désaccords sur le relèvement du plafond, une pomme de discorde historique entre les 2 grands partis américains, déboucherait sur l’abaissement de la note des États-Unis. »

Source : ZeroHedge