La semaine dernière, le Congrès a voté une résolution permanente afin que le gouvernement puisse être financé durant les élections de 2018. Même si la sobriété fiscale a été sacrifiée au nom des dieux de la réélection, il y a cependant un plus gros problème : cela va impacter l’économie et, en bout de course, les marchés financiers.
Le passage de cette résolution permanente de 400 milliards de dollars a des conséquences mal comprises. Lorsqu’une telle résolution est adoptée, cela signifie que le gouvernement peut dépenser 8 % de plus par rapport au budget de départ. La résolution permanente qui vient d’être votée a ajouté 200 milliards de dollars à cette somme initiale. Cela signifie que dans la décennie à venir, elle va ajouter 2 trillions de dollars de dépenses au budget fédéral. Il faut encore ajouter à cela toutes les dépenses votées comme les 200 milliards d’investissements dans les infrastructures, l’argent nécessaire pour la réforme de l’immigration, les montants additionnels qui seront nécessaires pour financer les programmes sociaux, etc.
Mais ce n’est que la moitié du problème. La réforme fiscale fraîchement votée va réduire également d’environ 2 trillions de dollars les rentrées fiscales du pays dans la décennie à venir.
Il s’agit d’arithmétique de base : supprimez 2 trillions de revenus et ajoutez 2 trillions de dépenses et vous obtenez un trou de 4 trillions de dollars dans le budget. De plus, ces 4 trillions se greffent bien entendu au rythme actuel de creusement des déficits, qui ne font qu’accélérer le problème de la dette.
Mais il y a pire, comme Oxford Economics l’a rapporté via Zero Hedge :
« Les baisses d’impôts adoptées en fin d’année dernière, en combinaison avec le budget de dépenses ratifié la semaine dernière par le Congrès, vont faire augmenter fortement les déficits. De plus, le propre budget de Trump anticipe une dette américaine à 30 trillions de dollars en 2028, soit une hausse de 10 trillions. »
Oxford a raison. Afin de financer les dépenses proposées durant une période de rentrées fiscales en baisse, la différence sera financée par la dette.
Simon Black propose aussi un avis intéressant sur la question :
« Il y a moins de 2 semaines, le Trésor américain a publié sans faire de bruit ses propres projections concernant les déficits du gouvernement fédéral dans les années à venir. Les chiffres avancés sont plutôt horribles.
Afin de combler le trou creusé par ces déficits grandissants, le département du Trésor s’attend à devoir emprunter presque un trillion de dollars cette année. Presque 1,1 trillion l’année prochaine. Et jusqu’à 1,3 trillion l’année suivante.
Cela signifie que la dette nationale devrait excéder 25 trillions de dollars d’ici le 30 septembre 2020. »
On peut ensuite faire des projections quant à la suite des opérations. Ce n’est pas joli joli :
Bien entendu, la responsabilité fiscale a déserté Washington depuis longtemps. Alors 10 trillions de plus, qu’est-ce que cela change ?
Même si de nombreux Américains restent attentifs à ce dossier, le problème a été rapidement balayé du revers de la main par la majorité des médias dominants, ainsi que les membres du Congrès désireux de se faire réélire, en suggérant que la réforme fiscale permettra de doper significativement la croissance dans la décennie à venir. L’opinion qui prévaut est la suivante :
« En ratifiant cette réforme fiscale tellement nécessaire, nous allons enfin débrider le moteur de la croissance économique, qui permettra de financer les baisses d’impôts, et plus. »
Le Congrès vient de tuer la croissance
Si l’argument semble vraiment convaincant, la réalité est que cela est tout simplement faux. Comme nous l’avons démontré précédemment, il n’y a absolument aucune preuve historique indiquant que les baisses d’impôts qui ne sont pas couplées à des baisses des dépenses débouchent sur une croissance économique plus forte.
Les déficits ont de gros impacts destructeurs sur la croissance. (…)
La réalité est que la majorité de la croissance globale depuis 1980 a été financée par les déficits, la création de crédit et la baisse de l’épargne. Cela a réduit les investissements productifs dans l’économie ainsi que la productivité. Alors que l’économie ralentissait et que les salaires baissaient, les consommateurs ont été forcés de s’endetter davantage pour maintenir leur niveau de vie, ce qui a fait baisser en conséquence l’épargne. Une part grandissante des revenus des ménages sert à rembourser leur dette. Son cancer se propage dans le système. (…) »
Source : realinvestmentadvice.com